Introduction : Le politologue français Raymond Aron définit la Guerre Froide ainsi " guerre impossible, paix improbable". Cette formule montre la complexité des rapports entre l'URSS et les USA. Avant même la fin du conflit, les deux grands vainqueurs du conflit s'éloignent l'un de l'autre. Le nazisme est vaincu, l'ONU a désormais pour mission de veiller à la paix mondiale. On redécouvre alors que les USA et l'URSS ont surtout été des alliés de circonstances, car leurs fondements idéologiques sont profondément antagonistes. Dès lors, la rupture semble inévitable, tant leurs différents sont importants et éclatent au grand jour. Les traités de paix de Yalta en février 1945, puis de Potsdam en juillet de cette même année ont montré des désaccords importants. De plus, l'URSS de Staline, en position de force en Europe multiplie les provocations.
Annoncée par Churchill cette même année lors du célèbre discours de Fulton, la rupture entre les grands débouche sur un monde bipolaire, ou chaque nation du monde doit choisir son camp...
Comment s'est déroulée la guerre froide? Quelles sont ces principales étapes ? Pourquoi peut-on dire qu'elle est aussi un conflit de puissance ?
Pour les élèves de première qui veulent aller "plus loin" dans la connaissance de cette période ce cours se veut "complet", il englobe la totalité de la guerre froide. Pour les élèves de Première, trois moments clés ont été dégagés pour jalonner la période. Le blocus de Berlin, la crise de Cuba et la guerre du Vietnam.
Pour information : Avant la guerre froide...., la montée en puissance de la méfiance entre les deux grands.
A l'Est, à partir de 1945, du nouveau...
Il y a trois rois grandes lignes dans la politique de Staline à partir de 1945 :
1. faire oublier son alliance avec Hitler de 1939 à 1941 (pacte germano-soviétique)
2. lancer un programme nucléaire pour tenter de parvenir au plus vite à combler le retard avec les USA en brisant leur monopole (bombe A en 1949 et bombe H en 54)
3. Créer entre l'URSS et ses voisins occidentaux un "glacis protecteur" en Europe d'abord, puis en Asie (occupation de la Corée du Nord depuis 1945) pour mieux assurer la sécurité de l'URSS
Pour Staline, l'objectif majeur, c'est la sécurité du territoire, qui l'emporte largement sur les raisons idéologiques. La propagation du communisme et la révolution mondiale ne sont pas des priorités pour lui. Ainsi, il incite à la modération des partis communistes dans une éventuelle lutte pour le pouvoir, là où la sécurité soviétique n'est pas concernée ( Fr, It ...) mais pousse les communistes des pays voisins de l'URSS à s'emparer des postes-clés du pouvoir malgré la faiblesse de leur implantation.
L'engrenage de la méfiance commence dès 1945 - 1946.
- Les prétentions soviétiques et la menace communiste
° En Europe de l'Est, maintien de l'armée rouge
° En Turquie, en Grèce, en Iran, pression soviétique (Staline réclame le contrôle des détroits Turcs, une partie de la Caspienne...)
° En Chine, reprise de la guerre civile qui dure depuis 1936, et le "longue marche" de Mao Zedong la lutte contre Tchang kai Tchek reprend.
- Les réactions occidentales
Churchill parle publiquement d’un « Rideau de fer » qui s’est abattu sur l’Europe de Stettin à Trieste (discours de Fulton)
La fermeté américaine incarné par Truman se caractérise car des décisions radicales
°Arrêt dès 1945 de la loi de prêt-bail (aide matérielle américaine aux alliés)
° Mobilisation de la flotte US en Méditerranée pour maintenir la pression sur l'URSS, au niveau diplomatique, intense activité.
la prise de pouvoir des communistes en Europe de l'Est
Il mérite d’être souligné et sera le même dans tous les pays d’Europe de l’Est, à quelques nuances près, prenant l’apparence de la légalité, se développant en fait sous la pression.
1) Le pays est occupé par l’armée Rouge.
2) Puis, dénazification et épuration menées avec le concours de l’armée rouge, et démantèlement des structures et cadres politiques de l’ancien régime.
3) Regroupement dans un « Front National » contrôlé par les communistes, des forces issues de la résistance, constitution d’un gouvernement de coalition ou d’Union Nationale dans lequel les communistes contrôlent les postes-clés ( Intérieur, Justice, Armée, Économie) .
4) Noyautage de l’état, de l’administration, de la société tout entière ( associations, quartiers, usines …)
Dès lors, plus rien ne peut s'opposer à la prise de pouvoir des communistes:
- Élimination de l’opposition
- Élections truquées en terrain préparé garantissant la victoire des communistes et des socialistes ralliés
- Signature d’un traité d’alliance avec l’URSS, l’alliance étant scellée au profit du plus fort
- Interdiction de l’opposition qui est pourchassée, ses chefs étant en fuite, en prison ou exécutés avec instauration du totalitarisme importé d’URSS : parti unique, police politique, milice, et règne de la terreur.
I
) La guerre froide entre 1947 et 1956 la formation de deux blocs opposés.
Pourquoi la guerre Froide? Comment se constituent, entre ces deux dates, deux blocs antagonistes ?
1) De l'affirmation des idéologies au blocus de Berlin, Mars 1947, mai 1949.
Les agissements de Staline en Europe Orientale irritent de plus en plus l'administration Truman. Ce dernier, pressé depuis 1946 par Churchill d'agir, fait une déclaration fracassante en Mars 1947, où il annonce que la mission des USA est de faire barrage au communisme, "containment" et de fournir une aide à tous les états qui en font la demande pour être protégés. Cette annonce est suivie au mois de Juin par un plan d'aide économique (plan Marshall) aux états européens.
« Chaque nation se trouvait désormais en face d’un choix à faire entre deux modes de vie opposés. L’un d’eux repose sur la majorité et il est caractérisé par un gouvernement représentatif, des élections libres, et les libertés de paroles, de religion, et l’absence de toute oppression politique.
L’autre repose sur la volonté d’une minorité imposée par la force à la majorité. Il s’appuie sur la terreur, l’oppression, une presse contrôlée, des élections truquées et la suppression des libertés personnelles.
Je crois que les Etats-Unis doivent soutenir les peuples libres contre l’asservissement et les minorités armées venues de l’extérieur en apportant un soutien économique et financier indispensable.
C’est la misère qui nourrit les régimes totalitaires. Il faut que nous aidions les peuples libres à sauvegarder leurs libertés. »
Discours du 12 mars 1947, extraits de ses Mémoires, 1956.
En octobre de cette même année, la riposte soviétique intervient par la formulation de la doctrine Jdanov.
"Les Etats-Unis sont la principale force dirigeante du camp impérialiste.
L’Angleterre et la France sont unies aux États-Unis [et] marchent comme des satellites en ce qui concerne les questions principales, dans l'ornière de la politique impérialiste des États-Unis. Le camp impérialiste est soutenu aussi par des États possesseurs de colonies, tels que la Belgique et la Hollande, et par des pays au régime réactionnaire antidémocratique, tels que la Turquie et la Grèce, ainsi que par des pays dépendant politiquement et économiquement des États-Unis, tels que ceux du Proche-Orient, de l'Amérique du Sud, la Chine.
Les forces anti-impérialistes et antifascistes forment l'autre camp. L'URSS et les pays de la démocratie nouvelle en sont le fondement. Les pays qui ont rompu avec l'impérialisme et qui se sont engagés résolument dans la voie du progrès démocratique, tels que la Hongrie, la Roumanie, la Finlande, en font partie. Au camp anti-impérialiste adhèrent l'Indonésie, le Vietnam, l'Inde. L’Égypte et la Syrie lui apportent leurs sympathies. Le camp anti-impérialiste s'appuie dans tous les pays sur le mouvement ouvrier et démocratique, les partis communistes frères, sur les combattants des mouvements de libération nationale dans les pays coloniaux et dépendants, sur toutes les forces progressistes qui existent dans chaque pays."
Discours de Jdanov, octobre 1947.
A partir de cet instant, les deux camps, désormais lancés dans une lutte d'influence à l'échelle planétaire, cherchent à nuire aux intérêts de l'autre. Dans le même temps, les deux grands ne peuvent s'opposer directement sans risques graves d'escalade... C'est donc la recherche d'alliés fiables qui occupent les USA et l'URSS à partir de cet instant... L'Europe occidentale se place sous la protection américaine, en Europe orientale, Staline poursuit ses manoeuvres, d'autres pays comme la Tchécoslovaquie tombent sous la domination communiste . Seules l'Albanie et la Yougoslavie, pays dans lesquels l'armée rouge n'est pas présente, échappent au contrôle de Moscou, à la grande fureur de Staline... C'est dans cette atmosphère tendue que Berlin devient entre les deux grands une zone de forte tension en 1948.
Le blocus de Berlin est la première crise majeure de la guerre froide. L'explication de ce bras de fer entre les USA et l'URSS tient principalement à la position stratégique de Berlin, ville au statut quadripartite, comme l'Allemagne, mais située en zone d'occupation soviétique, situation que Staline n'a jamais réellement accepté...
En 1948, les zones d'occupation des alliés occidentaux à Berlin décident de lutter enfin contre le fléau du marché noir, qui entretient dans la ville une atmosphère épouvantable, ou le troc est généralisé, les cigarettes et les produits rares des monnaies d'échanges. La création d'une monnaie officielle permettrait ainsi de mettre fin aux trafics divers. Averti des projets occidentaux ; Staline, qui dénonçait depuis quelques temps le manque d'application des décisions prises lors des conférences de paix, décide de bloquer tous les accès terrestres à Berlin Ouest.
Les conséquences du blocus de Berlin sont très importantes :
- Staline a pu mesurer la capacité de réaction des USA, et comprend qu'il a sous-estimé Truman. Cet abandon peut paraitre surprenant, mais en fait , Staline cherche à tester ses adversaires, il sait qu'en Asie ,le communisme est sur le point de s'imposer en Chine, enfin, la mise au point de la bombe atomique soviétique est imminente ( aout 1949). C'est donc une demie défaite.
- Les USA ont démontré leur volonté de maintenir Berlin ouest dans le camp occidental.
- A la fin mai, le 23, les zones occidentales annoncent leur fusion et la création d'une nouvelle monnaie, le Deutschemark. La République Fédérale d'Allemagne prend pour capitale Bonn, une ville rhénane. Elle retrouvera sa souveraineté définitive en 1952. Pays ancré à l'ouest, c'est une démocratie dont le premier Chancelier est K. Adenauer, l'économie libérale est le système économique de cet espace.
- La riposte soviétique interviendra quelques mois plus tard, en octobre, la RDA est fondée à la place de la zone d'occupation soviétique, la capitale est Berlin-Est. Le système politique et économique est calqué sur celui de l'URSS.
2) La bipolarisation du monde
On peut considérer avec la fin du blocus de Berlin que la bipolarisation de l'Europe connait son dernier épisode. Chaque camp à désormais ses alliés. Dès lors, le centre de gravité de la guerre froide se déplace en Asie , où en octobre 1949, est proclamée la République Populaire de Chine communiste, et en Corée, où l'année suivante éclate un conflit entre La Corée du Nord pro- communiste et la Corée du Sud pro-américaine. Cette période est aussi marquée par la mise en place d'alliances diverses dans chaque camp.
Côté occidental : alliances militaire (OTAN 1949) (OTASE 1954) /économique (OECE)
Côté communiste: alliances politique (Kominform 1947) / militaire (pacte de Varsovie 1955) /économique (Comecon 1949)
Se met en place dans chaque camp également une intense propagande où l'on cherche à diaboliser l'autre. Depuis 1948 et l'affaire des époux Rosenberg, un anti-communisme très virulent règne aux USA, ce sentiment culminera en 1950 avec le MacCarthysme, où on assiste à une "chasse aux sorcières" dans les milieux artistiques et intelectuels dont seront victimes Elia Kazan ou Charlie Chaplin en 1952.
Extrait d'un livre chrétien pour enfant américain en 1961 qui cherche à montrer la réalité du communisme...
La même logique est présente dans le camp de l'URSS. Après avoir refuser l'aide du plan Marshall, on dénonce à l'Est l'argent roi, la corruption, le racisme ....A l'intérieur même du bloc socialiste ,tous les "dissidents" sont chassés , emprisonnés dans les goulags.
Le contexte des années 1950 est donc marqué par une forte tension entre les deux grands , la crise de Corée qui se prolonge et semble sans solution . Or ,le 5 mars 1953, la mort de Staline débloque la situation, la guerre de Corée cesse, la vacance du pouvoir en URSS se prolonge, il faut trois ans au successeur de Staline pour s'imposer, Nikita Khrouchtchev. Il veut marquer une rupture avec la période précédente ,dénonce , lors du XX ième congrès du PCUS la politique de Staline et ses crimes. Enfin, il annonce, la coexistence pacifique , à savoir une politique d'apaisement avec les USA, qui s'explique par le projet du nouveau dirigeant de l'URSS de "rattraper et dépasser les Etats-Unis". Projet qui s'étend à tous les domaines, le conflit des puissances se voit désormais dans le sport , ainsi, les jeux olympiques deviennent une tribune où chaque camp présente ses meilleurs représentants. L'espace est aussi un enjeu entre USA et URSS, en 1957, le lancement de Spoutnik est un coup de tonnerre pour les USA, qui prennent conscience de leur retard dans le domaine spatial...Le président des USA , Eisenhower, poursuit dans la droite ligne de Truman la lutte contre le communisme, mais va plus loin en parlant de "refoulement " ( roll-back) du communisme dans le monde. La course aux armements entre les deux camps se poursuit...
II) le monde entre crises et Détente ( 1956-1975)
1) De la crise de Suez au mur de Berlin ( 1956-1961)
Cette crise montre bien que les relations entre les grands sont assez complexes, mais qu'ils peuvent à certains moments être capable de prendre des décisions radicales, en particulier à l'égard de leurs alliés.
L'affaire de Suez confirme le recul des puissances de l'Europe, humiliées par ce fiasco, montre la dangerosité de cette zone, où le conflit Israélo-arabe est toujour latent, et un certain retour de l'URSS sur le devant de la scène après une période très délicate , où l'intervention de l'armée rouge à Budapest et l'écrasement du soulèvement populaire passe au second plan des relations internationales.
Dans l'année 196O, la tension entre les grands réapparait, car un avion espion des USA est abattu au dessus du territoire de l'URSS, le premier mai. Cet épisode déclenche la colère de l'URSS, mais Khrouchtchev garde l'épisode pour lui dans un premier temps et annonce quelques jours plus tard l 'épisode, après interrogatoire du pilote.
En 1961, Le dirigeant de l'URSS va par deux fois provoquer les USA et le nouveau président Kennedy. A Vienne, en Autriche d'abord, puis à l'ONU ensuite.
Puis, au mois d'aout, Khrouchtchev ayant rencontré Kennedy en Juin à Vienne, et jugé rapidement le nouveau président comme timoré , décide la construction du mur de Berlin, dans la nuit du 12 au 13 aout, la construction est lancée.
Il n'y a pas réllement de réaction américaine forte, ce qui conforte le dirigeant de l'URSS dans son jugement sur son homologue américain, Les berlinois de l'Ouest ont l'impression d'avoir été abandonné...
en fait, l'absence de réaction de Kennedy s'explique par les événenemts qui depuis 1959 agitent l'île de Cuba. Le dictateur pro-américain Batista est chassé par une révolution dirigée par Ernesto Che Guevara et Fidel Castro. Ces derniers lancent un projet de société inspiré du Marxisme, avec nationalisations et partage de la terre. La bourgeoisie cubaine fuit et les intérêts américains spoliés lancent alors une intense campagne de lobbying auprès de l'administration US. Or, cette période est celle de la fin du mandat d'Eisenhower, et des décisions prises vont être appliquées sous le président Kennedy, dans l'anné 1961 une brutale accélération... aprés l'échec du débarquement de la baie des cochons.
2) la crise de Cuba
Le mois d'octobre 1962 est ainsi un moment clé de la guerre froide ,le risque de troisième guerre mondiale n'a jamais aussi grand depuis 1945.
Bilan de la crise
C'est un gros succès personnel pour Kennedy
Il est devenu en quelques jours le héros de l’ère nucléaire, sachant rester modéré et sobre dans la victoire
Ce succès contribuera largement à développement du « mythe Kennedy »
Un sérieux échec pour Khrouchtchev
Il perd beaucoup de son crédit dans le Tiers-Monde
Il est accusé par les Chinois d’aventurisme et de capitularisme
Il suscite un mécontentement important dans les milieux dirigeants soviétiques qui n’apprécient guère ce coup de poker qui a échoué et il est vraisemblable que cela joue un rôle dans son élimination du pouvoir en octobre 1964
Point culminant de la guerre froide et début d’un réel processus de détente
Dès juin 1963 installation du « téléphone rouge », ligne directe de télex entre le Kremlin et la Maison Blanche pour un recours au dialogue direct en cas de nouvelle crise
En août 1963, signature du traité de Moscou par lequel les signataires s’interdisent les essais nucléaires atmosphériques ( la France et la Chine ne le signeront d’ailleurs pas )
3). une détente fragile marquée par une complication des relations internationnales
- L’arrêt relatif de la course aux armements
Les raisons conduisant aux limitations des armements
La crise de Cuba a montré comment un conflit pourrait dégénérer en une guerre nucléaire. Conscients du danger, les EUA et l’URSS ont mis en place le "téléphone rouge". D’autre part, l’effort des deux supergrands pour maintenir l’équilibre de la terreur est de plus en plus coûteux, car à l’arsenal des bombes A et H, aux sous-marins lance-missiles et aux fusées, viennent s’ajouter toute la panoplie des missiles et anti-missiles. Les dépenses sont donc considérables dans les deux camps, d’où une convergence d’intérêts pour réduire les frais d’armement et pour maintenir la paix mondiale.
- Les accords conclus sur les armes nucléaires dans les années 60
1963 : Traité de Moscou interdisant les expériences nucléaires dans l’atmosphère (100 pays signent sauf la France et la Chine qui sont entrain de mettre au point leur propre bombe)
1967 : Traité sur la dénucléarisation des fonds marins et de l’espace cosmique (accord qui devient caduque par la suite avec le projet IDS de "Guerre des étoiles" de Reagan).
1968 : Traité sur la non-prolifération de l’arme nucléaire. Refus de la France, de la Chine et de l’Inde.
- Les accords SALT
En 1968, s’engagent des négociations sur la limitation des armes stratégiques (Strategic Arms Limitations Talks - SALT). Après de longs pourparlers, 4 ans, Brejnev et Nixon signent le 26 mai 1972, les accords SALT I qui reconnaissent l’égalité en capacité de destruction réciproque et "gèle" en partie les armements stratégiques.
Dès 1973, s’ouvre des négociations SALT II, en raison de l’apparition de nouvelles armes n’entrant pas dans les catégories définies par SALT I (engins sol-sol, armes chimiques et bombe à neutrons). Les négociations aboutissent en 1979 à la signature des accords SALT II. Pour ce qui concerne les EUA, le Sénat refuse de ratifier ces accords en raison de l’invasion par l’URSS de l’Afghanistan.
- Les accords diplomatiques
Conséquences de la Coexistence pacifique en Europe - Les deux Allemagnes à l’ONU
En 1969, le nouveau chancelier allemand social-démocrate, Willy Brandt met un terme à la politique très rigide menée par son prédécesseur (K. Adenauer) envers la RDA. Avec son "Ostpolitik", Brandt inaugure la détente avec les pays de l’Est.
1970 : Traité germano-soviétique reconnaissant l’inviolabilité des frontières européennes et le statut quadripartite de Berlin.
1970 : Traité germano-polonais où la RFA reconnaît la ligne Oder-Neisse.
1971 : Accord quadripartite sur Berlin où Moscou s’engage à ne plus entraver la libre circulation entre la RFA et Berlin-ouest, et à améliorer la situation résultant de la présence du "mur".
Les espoirs d’une réunification de l’Allemagne paraissent très illusoires à l’époque de W. Brandt. Aussi entreprend-il des négociations avec la RDA pour normaliser leurs relations :
1972 : "Traité fondamental" dans lequel les deux États reconnaissent que la souveraineté de chacun se limite à leur propre territoire ; ce qui met fin à l’idée que seule la RFA représentait l’Allemagne (politique des prédécesseurs de Brandt). Les 2 pays échangent non des ambassadeurs mais des "représentants permanents". De nombreux Etats reconnaissent alors la RDA et les deux pays (RFA et RDA) sont admis à l’ONU en 1973.
En Asie - Reconnaissance de la Chine populaire
Dans le monde occidental, seule la France avait reconnu la Chine populaire. Avec ces 750 millions d’habitants, sa tenue à l’écart constituait une attitude de Guerre froide de la part de l’Occident. Le conseiller aux affaires étrangères de Nixon, Henry Kissinger, cherche, après le temps fort de la Révolution culturelle, à élargir le jeu diplomatique et développe l’idée d’une "stratégie triangulaire" dans laquelle la partie mondiale se jouerait désormais entre les EUA, l’URSS et la Chine.
En 1971, Kissinger se rend en Chine pour préparer l’admission de la Chine populaire à l’ONU avec siège et droit de veto au Conseil de Sécurité en lieu et place de Formose. En septembre 1971, la Chine populaire est admise à l’ONU. Nixon se rend alors en voyage officiel en Chine en février 1972 (il existe sur cette rencontre historique un opéra "Nixon in China" de l’américain John Adams - 1988 - CD marque Nonesuch). La bipolarité du monde semble donc reculer, d’autant plus, que, parallèlement, le Tiers monde cherche lui aussi à s’affirmer (voir leçon sur la décolonisation et affirmation du Tiers Monde).
- Les accords commerciaux
La promotion des échanges
Les relations économiques deviennent l’un des aspects les plus importants de la Coexistence pacifique en l’Est et l’Ouest. Leur essor est souhaité de part et d’autre, car les liens commerciaux créent des solidarités qui consolident la paix. Côté soviétique, on se rend compte que le pays n’est pas prêt à rattraper la puissance économique des EUA et qu’il faut importer des produits agricoles et industriels occidentaux. Côté EUA, on se place dans la perspective de nouveaux débouchés commerciaux.
Les accords conclus
1972 : Traité de commerce américano-soviétique. Contre son pétrole et son gaz naturel, l’URSS reçoit des produits agricoles et de la haute technologie.
La coopération touche aussi le domaine des technologie de l’espace, par un échange d’informations qui aboutit en 1975, à la rencontre de deux capsules spatiales habitées dans l’espace.
La coopération s’étend aussi aux autres pays de l’Est et plus tard à la Chine.
- Les accords d’Helsinki : apogée d’une certaine détente
La conférence sur la sécurité et la coopération en Europe
C’est une vieille idée de l’URSS. Depuis le milieu des années 60, l’URSS réclame la tenue d’une conférence sur les problèmes européens entre les pays membres du Pacte de Varsovie et de l’OTAN. Son but, faire reconnaître de manière définitive les frontières issues de la Seconde Guerre mondiale. L’atmosphère de Détente qui règne en ce milieu des années 70, fait accepter l’idée d’une telle conférence aux occidentaux, espérant de leur côté obtenir des concessions sur le respect des droits de l’homme dans le bloc socialiste. Les négociations sont lancées en 1972 et aboutissent à la signature par Brejnev et Ford de l’Acte final d’Helsinki.
Le contenu des accords d’Helsinki (1975)
Chapitre politique : L’inviolabilité des frontières européennes est reconnue. Ainsi que le droit de chaque Etat à l’indépendance politique et le non-recours à la force pour régler les conflits.
Chapitre économique, scientifique et technologique : la coopération déjà engagée dans tous ces domaines doit se poursuivre et se développer.
Chapitre libertés et droits de l’homme : adhésion solennelle des signataires au respect des droits de l’homme et garantie des libertés fondamentales. Sur ce chapitre, les résultats s’avèreront rapidement assez décevants. Ce qui intéressait avant tout les soviétiques à Helsinki, étant la reconnaissance des frontières.
De toute façon, américains et soviétiques n’ont pas du tout la même conception de la Coexistence pacifique. Pour les américains, il s’agit d’une sorte de partage du monde dans la tradition de Yalta, alors que pour les soviétiques, il s’agit d’une poursuite de la Guerre froide par d’autres moyens. En effet, pour eux, la Coexistence pacifique n’exclut ni le renforcement de la domination de Moscou sur son empire, ni la conquête de nouvelles positions stratégiques, ni même à long terme la destruction du système capitaliste.
Une crise de la détente : La guerre du Vietnam.
Après la signature des accords de Genève en 1954, les EUA prennent très vite le relais des français dans leur soutien au Sud-Vietnam du très autoritaire et catholique Diem. De son côté le Nord Vietnam de Hô Chi Minh ne renonce pas à l’idée d’une réunification du pays et encourage la formation d’un front de libération nationale au Sud Vietnam : le Vietcong.
En 1961, devant le succès de la guérilla Vietcong, Kennedy décide d’augmenter le nombre de conseillers militaires au Sud-Vietnam (les GI’s).
1963 : Coup d’Etat militaire au Sud-Vietnam. Diem est renversé par les généraux Thieu et Ky. Au moment de l’assasinat de Kennedy, il y a environ 16 000 conseillers militaires au Sud-Vietnam.
1964 : 85 000 GI’s. Le Congrès décide l’intervention massive.
1965 : Johson décide le bombardement massif du Nord-Vietnam et de la piste Ho Chi Minh. Mais Le Nord-Vietnam et le Vietcong, soutenus par Moscou et Pékin, redoublent de détermination. Les EUA s’enlisent face à un ennemi insaisissable soutenu aussi par les populations locales.
1968 : 31 janvier (nouvel an vietnamien) - offensive du Têt - Le Vietcong attaque simultanément plus de 100 villes et bases militaires américaines et réussit à les tenir pendant plusieurs heures. Il y a à ce moment là 540 000 soldats américains au Sud-Vietnam. Les EUA en sont réduits à une guerre d’usure. L’opinion publique nord-américaine est de plus en plus hostile à cette "sale guerre" (coût, inflation, morts).
a) La désescalade et le désengagement nord-américain
1968 : Johnson ordonne l’arrêt partiel des bombardements. Le Nord-Vietnam accepte alors l’ouverture de négociations à Paris.
1969 : Nixon veut une "Paix dans l’honneur" qui consiste à "vietnamiser le conflit" d’où le retrait progressif des américains. Le Sud-Vietnam doit démontrer sa combativité pour sauvegarder l’indépendance du pays. De son còté le Vietcong se transforme en Gouvernement révolutionnaire provisoire (GRP).
1971 : 325 000 GI’s 1972 : 69 000.
1973 : 28 janvier, les pourparlers entre Le Duc Tho et Kissinger aboutissent à la signature d’un accord de cessez-le-feu (ceci après deux voyages de Nixon en février 72 en Chine, en mai 72 à Moscou).
Les Accords de Paris : Retrait total de toutes les troupes étrangères du Sud-Vietnam, formation d’un conseil national de réconciliation comprenant des membres du GRP, prochaines élections libres.
Mais la lutte entre Sud-Vietnam d’un côté, et Nord-Vietnam et GRP de l’autre, continue après les Accords de Paris. En 1973, la guerre civile se développe au Sud-Vietnam. Une situation similaire se développe dans les deux pays voisins, le Laos et le Cambodge.
<span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 10pt; color: #ccffff;" _mce_style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 10pt; color: #ccffff;"><span style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 10pt; color: #ccffff;" _mce_style="font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 10pt; color: #ccffff;"><br> <span style="color: #000000; font-family: Verdana, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: 10pt;" _mce_style="color: #000000; font-family: Verdana, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: 10pt;"><span style="font-size: 10px;" _mce_style="font-size: 10px;"><span style="color: #ccffff; font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;" _mce_style="color: #ccffff; font-family: 'comic sans ms', sans-serif; font-size: 12pt;"><span style="font-size: 13px;" _mce_style="font-size: 13px;"><br></span></span></span></span></span></span>
b)La guerre civile dans l’ancienne Indochine
Vietnam : 1975 - Prise de Saïgon par le GRP et les nord-vietnamiens. Réunification du Vietnam.
Laos : 1975 - Victoire du Pathet Lao communiste sur les royalistes.
Cambodge : 1970 - Coup d’Etat du Général Lon Nol contre le prince Norodom Sihanouk. Régime très anti-communiste d’où développement d’une guérilla Khmer Rouge. 1975 - Prise de Phnom Penh par les Khmers rouges. Régime communiste prochinois de Pol Pot. Régime de terreur - Génocide : ¼ de la population est massacrée. 1978 - Invasion par le Vietnam. Pol Pot est renversé et mise en place d’un nouveau régime communiste favorable au Vietnam.
Après le départ des EUA, l’Indochine devient l’objet d’un conflit latent entre les deux puissances communistes URSS et Chine.
Il est à noter enfin qu’à aucun moment depuis 1945 le conflit vietnamien n’a remis en cause la paix mondiale. Il en est de même pour le conflit israélo-arabe.
III) La fin de la guerre froide 1975-1991
1) Les difficultés des USA, l'expansion soviétique.
Le milieu et la fin des années 1970 sont compliqués pour les USA. A bien des égards, la puissance est ébranlée par une série de déconvenues aux lourdes conséquences :
- Problèmes politiques :Démission de Nixon ( affaire du Watergate) , charisme politique faible de ses successeurs ( Gerald Ford/Jimmy Carter), incapacité à imposer ses points de vue à l'échelle internationale, humiliation ( affaire de l'attaque de l'ambassade de Téhéran en 1979).
- Problèmes économiques/sociaux : une économie en panne depuis le choc pétrolier de 1973, une hausse importante du chômage , de la pauvreté, des régions industrielles entières entrent en crise ( manufacturing belt).
- Problèmes militaires : la défaite au Vietnam est un cataclysme pour les USA. L'armée la plus puissante du monde est vaincue par une armée dépourvue d'aviation... Le traumatisme est réel.
Aussi, à la fin des années 70, les USA sont une puissance en plein doute, d'autant qu'au même moment, l'URSS connait une situation très différente...
En effet, l'URSS profite de la faiblesse des USA pour chercher à s'implanter en amérique du Sud, en soutenant des guérillas communistes, en Afrique, comme en Ethiopie, en Angola. En Asie , l'URSS reprend l'initiative diplomatique en s'alliant avec le Vietnam. Enfin, l'URSS intervient en Afghanistan en 1979 pour soutenir un régime pro- soviétique à l'agonie, en dépit des protestations occidentales à l'ONU. Ce dynamisme extérieur contraste avec une situation intérieure beaucoup moins satisfaisante. La contestation du système gagne du terrain, comme en Pologne , la société est figée, ne croit plus aux promesses du régime, ( l'histoirien Jacques Sapir parle de "l'URSS des boulons rouillés")la crise couve aussi dans l'autre grande puissance...
2) le reveil américain et l'arrivée au pouvoir de Gorbatchev
En 1980, le nouveau président des USA R. Reagan annonce "America is back". Ce représentant politique est tenant d'une ligne beaucoup plus dure à l'égard de l'URSS. Il s'inscrit en cela dans la lignée des grands présidents américains de la guerre froide , Truman et le "containment", et Eisenhower et le "Roll-back".
Aussi, décide t-il de durcir le ton , le boycott des jeux olympiques de 1980 à Moscou est certes symbolique mais il fait passer les relations est-ouest dans une autre dynamique de la guerre froide que les politologues nommeront "guerre fraîche". Ses caratéristiques sont les suivantes :
- Reprise de la course aux armements ( exemple : crise des euros missiles en RFA- RDA / programme IDS américain , )
- Poursuite de la lutte idéologique à l'échelle mondiale ( amérique du Sud, intervention à Grenade 1983/Afrique/Asie/Europe)
- Arrêt de certaines collaborations (accord pétrole contre nourriture)
Le président américain est également un chrétien convaincu , soutenu d'ailleurs par les évangélistes américains, il n'hésite pas à annoncer qu'il est en mission.
La période est donc marquée par un très net regain de tension entre les deux grands... Or en 1982, le dirigeant de l'URSS , léonid Brejnev meurt, et sa succession est problématique. Les dirigeants du PCUS optent pour une solution transitoire avec le choix de Iouri Adropov à la tête de l'état.Apparatchik dans les rouage de l'URSS depuis les années 1930, il est le très puissant chef du KGB. homme lucide qui lutte contre la corruption et disciple de Souslov ,l'idéologue de l'URSS après Jdanov, il est élu trop tard et meurt en 1984. Tchernenko remplace Andropov pour quelques mois, meurt en mars 1985.
M.Gorbatchev est le nouveau dirigeant à partir d'Avril 1985. Ce dernier poursuit l'oeuvre de Tchernenko, et la réforme de l'URSS est désormais un impératif absolu. Le déclin, palpable depuis la fin des années 1970 s'est accéléré. Deux priorités pour lui :
- Réformer le système politique et économique ( prestroika)
- Donner de la transparence au fonctionnement de l'Etat. ( glasnost)
Gorbatchev a donc besoin d'argent pour réaliser ses projets. Il pratique donc la politique de "la main tendue" avec les USA car la relance de la course aux armements coute très cher à l'URSS. Dès 1986, il propose dans la continuité de tchernenko la poursuite des discussions avec les USA, en dépit de l'impact de la catastrophe de Tchernobyl, dès lors les contacts seront réguliers enter les deux grands. En 1987 , Gorbétchev se rend à Washington, l'année suivante, c'est Moscou qui reçoit.... En 1989, l'Europe orientale se débarasse du communisme avec l'assentiment de Gorbatchev. L'année suivante, on comprend que l'époque est différente lorsque éclate la deuxième guerre du Golfe en 1990, LEs USA et l'URSS sont alliés contre les troupes de Saddam Hussein, même si les soviétiques n'engangent pas de troupes. Dans l'été 1991, la position de Gorbatchev s'est fragilisé en URSS. Les "conservateurs" sont en train se saper le pouvoir du président de l'URSS, ils tentent même un coup d'état qui échoue, mais propulse sur le devant de la scène un nouveau leader politique, Boris Eltsine. Ce dernier s'oppose à Gorbatchev et profite d'une situation intérieur confuse, les réformes de Gorbatchev ont, loin de rétablir l'URSS, précipiter sa fin... Dans l'automne ,toutes les Républiques proclament leur indépendance, le 25 décembre Gorbatchev donne sa démission et annonce la fin de l'URSS.
Cette démission marque par ma même la fin d'un conlit idéologique de près de 50 ans et qui a régi les relations internationales. La guerre froide est terminée.
Quelques sujets pour travailler la question en préparation .... ( ensemble documentaire/composition)