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26 septembre 2016 1 26 /09 /septembre /2016 14:15

1) L'économie monde britannique

Au XIX siècle, le Royaume-Uni à une capacité productive sans égale car selon l’économiste John Maynard Keynes, elle est le « chef d’orchestre de l’économie mondiale ». La toute-puissance de la livre sterling, le contrôle des voies maritimes et du commerce international ainsi que la constitution d’un vaste empire assurent sa nette domination sur ses modestes concurrents. Cependant dès 1900, des puissances économiques éclosent et la position dominante de la Grande Bretagne est contestée…

Comment la Grande-Bretagne domine-t-elle l’économie et la mondialisation durant le XIX siècle ?

Berceau de l’industrialisation, le Royaume-Uni domine l’économie mondiale au XIX siècle. Cela commence avant même le début du siècle car elle est portée par des entreprises déjà mécanisés (machine à vapeur de Watt 1769). Grâce à cela, elle est à même de dominer des marchés entiers, comme celui de la houille, illustré parfaitement par le document 1, qui est environ 25 fois plus importante que de grands pays comme les Etats-Unis où encore l’Allemagne. Elle s’appuie aussi sur un marché intérieur extrêmement dynamique, la consommation de masse apparait. Elle s’impose largement dans le monde comme le montre le document 2, avec 22% des exportations du commerce mondial. Elle dispose aussi de la première flotte de commerce et de guerre mondiale, nation insulaire, elle profite des progrès technologiques pour révolutionner les transports, sur terre (le train) mais aussi sur les mers. On peut alors se demander d’où viennent ses richesses qui permettent cette large suprématie.

Le Royaume-Uni, en plus d’être la première économie mondiale, est une puissance coloniale extrêmement puissante. Depuis le XVII, cette nation a mis la main sur des pans entiers du monde, sur tous les continents, et la GB peut ainsi se procurer à moindre frais des matières premières, dont l’exploitation assurée par de la main d’œuvre locale apporte de substantiels bénéfices… Ainsi, le document 4 nous informe qu’il s’agit du plus grand empire du monde devant la France avec plus de 34 millions de km² et près de 400 millions d’habitants , c’est « l’Empire sur lequel le soleil ne se couche jamais ». Les colonies de la Grande-Bretagne sont présentes sur tous les continents, montrant ainsi la supériorité de ce pays. De plus certaines d'entre elles, comme l’Afrique du Sud, possèdent de grandes réserves de matières premières extrêmement rares comme l’or ou encore le diamant. Cette richesse est telle que la livre sterling s’impose comme monnaie internationale et fait de Londres la capitale économique du monde , sa bourse, le London stock exchange est ainsi la plus puissante, ses banques, ses entreprises dominent l’économie mondiale. Toute cette richesse repose aussi sur une formidable capacité innovante, le Royaume-Uni n’hésite pas à montrer ses capacités techniques. Ainsi, comme nous pouvons le remarquer sur le document 3, est érigé à l’occasion de l’exposition de 1851, le Crystal Palace : il est construit de fer et de verre, matériaux nouveaux pour l’époque, et maitrisés par les britanniques. En plus d’avoir la supériorité économique, la Grande-Bretagne possède aussi des terres qu’elle exploite, ce qui lui permet de mettre des métaux précieux sur les marchés mondiaux, de mettre ainsi fin à des crises (1896 par exemple). On peut alors se demander sur quel cadre idéologique cette domination de la GB se met-elle en place.

Puissance pratiquant le libre-échange le Royaume-Uni tire parti de l’accélération des échanges mondiaux. Dans la première partie du XIX siècle, la Grande-Bretagne diffuse cette idéologie qu’elle a inventée au siècle précédent (Adam Smith, père du libéralisme). Il s’agit d’une politique économique qui supprime les frontières douanières entre États pour faciliter la circulation de capitaux et de marchandises. Selon Richard Cobden, défenseur incontesté du libre-échange à travers le monde, dans le dernier document, ce système aura pour effet «de changer la face du monde». En effet, d’après lui, ce mode de vie permettrait également d’éviter de nombreuses guerres puisque l’économie ne sera plus encadrée et pourra alors se faire sans l’intervention de l’État. Ainsi, tous les conflits ou tensions liés à des problèmes financiers n’existerait plus, du moins le suppose-t-il…. Cependant cette idée est dure à mettre en place car les pays voisin sont très réticents face au fait de laisse l’économie se faire toute seule. La protection des frontières est une réalité, les états se protègent de la concurrence… Comme nous pouvant le voir dans les deux premiers documents, dès le début du XX siècle les États-Unis connaissent une croissance économique fulgurante ce qui permet presque au pays de l’oncle Sam de recoller avec le Royaume-Uni.

Ainsi la Grande-Bretagne domine le monde au XIX siècle puisqu’elle est la première puissance financière et commerciale. Elle bénéficie des progrès techniques de l’époque ainsi que de la richesse qu’apportent les différentes colonies. Toutefois, l’économie ralentit dans le cadre de la deuxième révolution industrielle. Les britanniques se font petit à petit rattraper par des futurs grandes puissances comme l'Allemagne sur le continent, ou les États-Unis, qui disposent d’atouts conséquents. On peut alors se demander comment la confrontation entre les USA et le Royaume-Uni se déroulera après 1914 ?

2) La domination des USA de 1945 aux années 1990, une superpuissance en action

Après la seconde Guerre mondiale de 1939 à 1945, les États-Unis possèdent près d'un tiers des richesses mondiales, 75 % du stock d’or mondial... Par de nombreux moyens, ils cherchent à prendre le contrôle dans tous les domaines et diffusent alors leurs ambitions politiques, industrielles, économiques et culturelles. Grâce à de puissantes firmes multinationales, ils vont pouvoir dominer la période qui va de 1945 à la fin des années 1990.

Tout d'abord, les États-Unis sont la puissance économique mondiale majeure, on le voit au PIB en milliards de dollars, qui domine l'Europe occidentale (voir document 1a p 36). La productivité horaire du travail a été multipliée par 7 (doc 1b p 36) innovation, mécanisation et formidable capacité productive sont les clés de la réussite des USA. En 1947, le plan Marshall montre la puissance politique des USA. Ces derniers ont en effet prêté près de 13 milliards de dollars à l'Europe afin d'aider à sa reconstruction après la guerre. En échange de ce prêt, les Etats- Unis ont le contrôle sur l'Europe car ils gardent un œil sur les dépenses des pays européens; ces derniers doivent acheter des produits américains, et le communisme est interdit dans les gouvernements qui acceptent le plan Marshall, par exemple la France se sépare des communistes qui étaient au gouvernement.

La United Fruit Company, créée en 1889, montre la puissance commerciale américaine, elle supplante les économies des états d'Amérique latine, induit une domination sans partage sur un continent que les USA considèrent comme leur « chasse gardée ». Le chant de Pablo Neruda, "United Fruit Company", montre la réalité d’une domination brutale, le soutien à des régimes dictatoriaux mais soumis aux USA… Les multinationales sont donc un relais très efficace de la puissance des USA, d’autant que le gouvernement des USA soutient fortement ces entreprises.

Ensuite, la puissance financière des USA s'est affirmée avec l'adoption des accords de Breton Woods en 1944, acceptés dans de nombreux états dans le monde. Ainsi le dollar devient la monnaie d'échange mondiale, et en 1947, le GATT accentue la domination commerciale des USA. Cependant, la domination des USA sur le monde n’est pas complète, (document 4) puisque de nombreux endroits du monde suivent l’idéologie communiste, qui refuse les échanges avec le reste du monde. Le libéralisme est donc loin de représenter l’unique modèle économique mondial… La puissance des USA est donc contestée par des contre modèles politiques et économiques ainsi que par des intellectuels qui dénoncent les contradictions du modèle des USA.

L'affiche publicitaire française met en avant l'influence des Etats- Unis sur le reste du monde avec, notamment, l'exportation de produits comme la célèbre marque Coca-Cola. Le monde adopte alors le mode de vie américain (American way of life) ou se prend à rêver d’une société d’abondance, de consommation de masse identique à celle véhiculée par la publicité ( American dream) .Encore une fois, cette puissance culturelle des USA est un relais de sa domination sur le monde qui n’est ainsi pas qu’économique…

3) La mondialisation multipolaire depuis les années 1970, apparition et consolidation

A partir du choc pétrolier de 1973, on observe une accélération considérable du processus de la mondialisation : phénomène qui se caractérise par l’accroissement et l’internationalisation des échanges de tous ordres (marchandises, services, capitaux, informations, personnes …). En effet, les puissances de la Triade (États-unis , Japon, Europe) s’affaiblissent et l’ouverture de leurs économies sur le monde s’explique par la nécessité de rechercher une main d’œuvre bon marché. Son importance relative baisse, de 1995 à aujourd’hui, au profit de nouveaux acteurs qui prennent rapidement une part considérable et croissante du marché des échanges mondiaux. C’est le cas du Mexique, de la Chine, des Dragons (Corée du Sud, Hong Kong, Singapour et Taiwan) et des NPIA (Nouveaux Pays Industrialises d’Asie) (Voir doc 1 p38). On remarque que la Russie, autre fois grande puissance mondiale, s’efface pour n’être plus qu’une puissance régionale…

Quelles sont les transformations de l’économie mondiale des années 1990 à aujourd’hui ?

A partir des années 1970, Les nouveaux acteurs économiques de la mondialisation se démarquent grâce à leur main d’œuvre peu chère et nombreuse comme en Asie (doc 2 p38). Ils font concurrence aux grandes puissances et se développer très rapidement. C’est aussi le cas du Brésil (doc 3 p39) qui occupe une place prépondérante en Amérique Latine grâce à son agriculture très développée et à ses nombreuses exportations de produits manufacturés à partir des années 1990. Comme pour la Chine, les exportations sont favorisées par la conteneurisation des marchandises et la réduction des coûts des transports aériens, des conditions préférentielles orchestrées par l’OMC. En outre, les informations circulent de mieux en mieux dans le monde grâce aux progrès de la téléphonie sans fil et Internet. La mondialisation devient donc une course technologique, dans laquelle chaque acteur cherche à s’imposer, par des dépenses toujours croissante dans la recherche développement. Donc, le processus devient multipolaire, et des relais à la Triade se sont créés, mais certains espaces restent très mal intégrés à ce mouvement, c’est le cas de pays situés au Sud. En effet, on constate tout de même un développement inégal que traduit l’évolution de l’IDH selon les régions du monde. L’Asie de l’Est et l’Asie du Sud voient l’IDH autrefois très faible, doublé en trente ans, mais ce n’est pas le cas en Afrique Subsaharienne, toujours pas intégrée à ce processus, on trouve parmi ces états les PMA, et certains PED (doc 4 p39). Seuls les émergents semblent profiter d’un processus qui pourtant ne profite pas à toute la population.

Cette mondialisation est donc critiquée car inégale comme le montre cette caricature (doc 5 p38). On accuse le forum économique mondial de n’être que présidé par les Etats-Unis qui imposent leurs choix, souvent ceux de l’ultra libéralisme alors que les autres pays n’y ont pas la parole, contrairement au forum social qui réunit les organisations sensibles à la cause, altermondialiste, et elles militent pour une mondialisation plus respectueuse du partage des richesses créées.

Ainsi le monde multipolaire se développe grâce à l’ouverture de nouvelles économies sur le monde, mais ce processus n’a pas encore permis de rétablir une égalité entre les continents dans le monde.

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3 juin 2016 5 03 /06 /juin /2016 07:46

Liste de vocabulaire et des notions de base de la géographie en Terminale

Utilité, autant en histoire qu’en géographie.

La maîtrise du langage de la discipline est fondamentale : elle permet de bien comprendre et de bien communiquer cette compréhension. Ces mots sont des repères précieux pour le correcteur : il y est sensible à la lecture. Ils montrent en effet la maîtrise de la discipline par le candidat, par-delà l’exposé des connaissances (faits, événements, dates, localisations, chiffres…) : soit par leur absence, soit par leur mauvaise utilisation, soit par leur mobilisation judicieuse.

Ainsi faut-il y réserver une place dans les fiches de révision que vous vous constituez en les mettant en relief dans ces fiches. Une petite aide qui peut vous être apportée consiste à en faire des listes, qui peuvent être complétées ou allégées selon votre propre maîtrise de ces termes.

Ces notions sont largement à reprendre dans les listes des différentes parties du programme.

Listes par partie du programme.

Partie « dynamiques de la mondialisation» : TS

· mondialisation/globalisation, centres, périphéries, territoires intégrés ou marginalisés/délaissés, Triade, centres d’impulsion de l’économie mondiale, limite Nord-Sud (localisation parfaite indispensable), pays en transition économique, NPI, Etats-continents, pays émergents ou ateliers, OPEP, pays rentiers exportateurs de pétrole, PMA, dépendance, aide au développement multilatérale ou unilatérale,

pôles, flux (de marchandises, de services ,de capitaux, d’information, de pop.), flux intra-zones (à une région du monde), réseaux, nœuds/carrefours, « village planétaire » ou « global village » de , Marshall Mac luhan », développement, altermondialistes , organisations/institutions internationales, internationalisation des productions, libéralisation des échanges, insertion dans le commerce mondial ou la mondialisation, marché de consommation, firmes transnationales (sièges sociaux, filiales, implantations, délocalisations, flux intra-firmes), IDE (investissements directs à l’étranger), productions à forte ou faible valeur ajoutée, DIT (division internationale du travail), NPIA (les « dragons »), NPI, pays émergents ou ateliers, façades maritimes, villes à capacité mondiale d’intervention, villes monde, pouvoirs décisionnels/de commandement, concentration des activités de haut niveau ou des services du tertiaire supérieur.

· Les caractéristiques des pouvoirs décisionnels des grandes métropoles mondiales sont à connaître parfaitement. Elles sont en effet mobilisables dans la grande majorité des sujets de géographie, sur tous les chapitres : l’investissement est donc très rentable ! Il y a toujours des métropoles jouant un rôle central dans l’organisation des territoires étudiés ! Et ce sont aussi des carrefours de communication valables à plusieurs échelles…Ces précisions sont donc aussi pertinentes dans une composition que pour une légende de croquis de synthèse.

Les pouvoirs de décision des grandes métropoles mondiales

Ce que vous devez avoir à l’esprit dans la construction de votre explication en géographie :

On attend des : Notions

Lesquelles doivent avoir une : Traduction spatiale

Et être automatiquement illustrées par des Exemples

La concentration des pouvoirs…

…se concrétise par la présence de :

Des exemples au cœur des grandes métropoles :

Bourses de valeur et de commerce

Grandes banques

Compagnies d’assurance

® Wall Street à NY ; Kabuto-cho à Tokyo ; City à Londres

® Bourse des produits agricoles à Chicago

® BNP-Paribas à Paris

® Lloyd’s à Londres

Pouvoir de décision économique

Sièges sociaux des FTN

Organisations internationales

ou régionales

® Coca-cola ou CNN à Atlanta ; IBM à (près) NY ; General Motors à Detroit ; Total à Paris ; Sony à Tokyo

® FMI à Washington ; OMC à Genève ; OPEP à Vienne

® UE à Bruxelles/MERCOSUR à Montevideo/ALENA /ASEAN à Djakarta

Poids économique

(PIB Tokyo » PIB France

PIB Los Angeles> PIB Inde)

Industries de hautes-technologies ou complexes

Services du tertiaire supérieur

® Pétrochimie à Rotterdam

® Automobile à Munich

® Aéronautique à Seattle

® Cabinets d’avocats d’affaires parisiens ou new-yorkais

® Courtiers en assurances ou armateurs à Londres

® Grandes entreprises d’import/export à Hong Kong ou Singapour

Innovation technologique

Universités

Centres de recherches

Technopôles

® Harvard ou M.I.T. à Boston

® NASA à Houston

® « Silicon Valley » en Californie ; « Route 128 » à Boston ; Paris-Sud Orsay ; pôle universitaire de Tsukuba à Tokyo

Pouvoir politique et militaire

Capitales d’États

Organisations internationales.

® « Maison blanche » et « Pentagone » à Washington

® ONU à NY ; UNESCO à Paris

Chapitre « dynamiques géographiques de grandes aires continentales » TS

Partie sur les aires de puissances : liste commune présentée sous forme de tableau.

Grille de lecture commune pour l’Amérique du nord, l’Asie orientale.

Aire de puissance = espace géographique constitué d’un ensemble d’Etats ou de régions qui occupe une place prépondérante dans l’organisation géographique du monde.

La puissance d’une aire se manifeste à plusieurs échelles : mondiale, continentale, nationale, régionale, locale. Une puissance peut être complète ou incomplète, contraignante et/ou attractive.

Les attributs de la puissance

(=comment elle se manifeste)

= Une puissance qui s’exerce sur des espaces très vastes :

- à l’échelle continentale

- à l’échelle mondiale

· Des critères économiques de puissance.

· Des critères démographiques.

· Des critères politiques, géopolitiques.

· Des critères culturels.

PNB, PIB / Rang des productions.

Maîtrise des technologies / Capacités à innover ou innovation technologique.

Poids financier et monétaire.

Ouverture économique. Zone de libre-échange.

Internationalisation de la pdt°/ IDE /Poids des FTN.

Contrôle des réseaux et flux internationaux

Bourse des valeurs et des marchandises.

Nœuds, grands carrefours internationaux.

Centres décisionnels.

Dynamisme démographique / Immigration.

Brain-drain

Influence diplomatique / Modèle politique / Présence militaire.

Rayonnement international (linguistique, intellectuel, scientifique, artistique).

Un territoire au service de la puissance

et reflet de cette puissance

= analyse spatiale à l’échelle nationale (Etats-Unis) ou d’un groupe de pays (Europe de l’Ouest et Asie orientale)

· Des héritages, des contraintes surmontées.

· Un peuplement

· Des réseaux de communication

® Mise en valeur et maîtrise du territoire.

· La métropolisation du territoire = des lieux qui concentrent la puissance.

· Des dynamiques spatiales et l’organisation régionale du territoire.

Ressources / Gestion du territoire.

Occupation, appropriation du territoire.

Aménagements / Infrastructures.

Flux / Réseaux. Plateforme multimodale.

Pôles / Métropoles / Mégalopoles/ Réseau urbain. Aire multipolaire.

Centres d’affaires / CBD.

Dynamiques / déclins.

Contrastes ou déséquilibres régionaux.

Centres / périphéries ± intégrées.

Des régions centrales dans l’espace mondial

(« les centres des centres »)

= échelle régionale.

· Des façades littorales majeures = lieux de concentration de la puissance.

· Le cœur économique d’une aire de puissance.

Interface.

Avant-pays / Arrière-pays (ou hinterland).

Littoralisation des activités et des hommes.

Mégalopole, Espace transfrontalier.

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4 novembre 2015 3 04 /11 /novembre /2015 09:33

Introduction : En 1863, dans Paris au XXième siècle, Jules Verne écrivait " Ce monde n'est plus qu'un marché , une immense foire" . Cette fiction qui décrivait la capitale française en 1960 apparait prophétique... La mondialisation serait un processus de nature économique et commerciale, qui mettrait en rapport des territoires très éloignés les uns des autres... Cette vision de Jules Verne est en partie vraie, mais reste incomplète pour proposer une définition de cette notion. Les géographes discutent encore de son apparition, et les avis divergent. Pour certains, le XVI ième siècle en marque le début, avec la découverte du continent américain et l'ouverture des grandes routes transocéaniques. Pour d'autres, ce sont les révolutions industrielles qui lancent la mondialisation, avec en appui le développement du capitalisme libéral. D'autres encore, proposent la fin de la seconde guerre mondiale comme date initiale, avec 1991 qui marquerait une formidable accélération du mouvement que les anglo-saxon nomment "globalization" et qui dépasse très largement le cadre économique et commercial... Aussi, peut-on dire que la mondialisation est un processus qui s'inscrit dans la longue durée, qui se traduit par la multiplication de flux de toute nature entre des espaces très éloignés les uns des autres et qui deviennent de plus en plus interdépendants, interdépendance renforcée par les stratégies d'acteurs variés . Pourtant, dans le même temps ,se construit une hiérarchie de ces espaces mondiaux dont la plus ou moins grande participation aux échanges globaux est conditionnée par la possession d'atouts ou la carence en avantages comparatifs...

Dans quelle mesure le processus de mondialisation apparait-il comme un facteur de recomposition territoriale, quelle que soit l'échelle envisagée ?

Nous verrons dans une première partie, avec une étude de cas centrée sur l'I- Phone, que certains produit sont représentatifs de la mondialisation, dans une seconde partie que la mondialisation est un processus caractérisé par des flux, lesquels sont générés par des acteurs qui cherchent à contrôler un mouvement qui suscite des débats, enfin, nous verrons dans un dernier temps que les espaces mondiaux sont inégalement intégrés à la mondialisation, et que les espaces maritimes sont au cœur d’enjeux variés ,mais qui traduisent la place centrale des mers et océans dans la mondialisation.

Etude de cas : pages 248-251 manuel nathan :

I) Le téléphone portable, un produit mondialisé :

1) Le téléphone portable, un enjeu industriel et commercial à l'échelle mondiale

Répondre aux questions de la page 249 du manuel.

2) La stratégie des acteurs, élément essentiel de la production mondialisée

Répondre aux questions de la page 251 du manuel.

3) bilan de l'étude ,réalisation d'un schéma

voir double page 252-253

A

II) La mondialisation, flux, acteurs, débats.

1) L'explosion des flux mondiaux.

Depuis 1945, on assiste à l'explosion des flux de toute nature à l'échelle mondiale, ces flux sont matériels et immatériels. Ils ont été permis par la mise en place de cadres législatifs et commerciaux voulus par les états occidentaux ,les USA en particulier ( voir conférence de Bretton Woods 1944) afin de relancer un commerce mondial moribond depuis la grande crise des années 1930...Pour rappel , le président américain Roosevelt donnait comme élément explicatif central de la seconde guerre mondiale l'arrêt du commerce international pendant ces années.

a) Des flux humains en constante augmentation.

- flux humains de nature économique ( on se déplace pour chercher du travail) orientés Sud-Nord pendant très longtemps,ils ont bénéficié du contexte favorable des "trente glorieuses" et ont aboutis à la constitution de mouvements migratoires structurés, du Maghreb vers l'Europe, de l'Europe méditerranéenne vers l'Europe du Nord.Ils sont aujourd’hui plus complexes , dans la mesure ou le continent européen n'a plus besoin de main d’œuvre industrielle d'une part, et que le chômage de masse est une réalité pour de nombreux membres de l'UE.Les frontières se ferment donc, les conditions d'entrée dans l'UE se durcissent, et seuls quelques états apparaissent attractifs comme la GB et l'Allemagne... ainsi, une partie des migrants économiques choisi donc de nouvelles destinations, la péninsule arabique par exemple, les USA pour les africains de plus en plus...Mais dans le même temps, les espaces de migrations économiques sont de plus en plus nombreux, rendant alors les mouvements de lus en plus complexes ...

carte des migrations économiques

carte des migrations économiques

Flux humains de réfugiés populations qui fuient des zones de conflit, majoritairement au Sud, le continent africain concentre à lui seul une bonne partie de ces populations, mais actuellement, le flot des réfugiés en provenance du moyen et du proche orient s'ajoute au premier... numérique ?

- flux humains touristiques

Très localisés, ils concernent près d'un milliard de personnes par an, mais en majorité des populations de pays du Nord, le bassin méditerranéen, en particulier sur sa rive nord ( Espagne, France, Italie, Grèce...), la rive Sud souffre depuis quelques années de la montée de l'insécurité et de la déstabilisation politique de certains états ( Tunisie, Égypte...)

Le bassin caraïbe est l’autre grande zone touristique mondiale, avec une clientèle Nord-Américaine majoritaire.

 

La mondialisation, fonctionnement et territoires

b) Les flux de marchandises, une intensification très importante depuis 1991

Depuis 1947et les accords du Gatt, les échanges mondiaux n'ont cessé de progresser. Les droits de douane ont diminué, passant de 40% en 1947 à 4.5% aujourd'hui... On peut donc considérer que le libre-échange s'est imposé à l'échelle planétaire, l'OMC, qui remplace le Gatt en 2005, cherche depuis la fin de l'URSS à faire que les régions du monde signent des accords sur la circulation de toutes sortes de produits ( matières premières/produits manufacturés/services...). Cette intensification des échanges a bénéficié à un nombre limité d’États ( les membres de la Triade et les émergents) , puisque ces derniers polarisent l'essentiel des flux qui s'échangent ...   

Principales zones de libre échange dans le monde , volume transactions

Principales zones de libre échange dans le monde , volume transactions

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18 mai 2015 1 18 /05 /mai /2015 13:45

L’Afrique, les défis du développement

Le continent africain est l’un des plus vastes du monde, longtemps « terra incognita » avant que les européens se partagent à partir du XIXe siècle territoires et ressources. Les années 1950-1960 sont les années d’émancipation pour les peuples, mais les décennies suivantes sont caractérisées par les difficultés économiques, politiques… Aujourd’hui, l’Afrique connait de profonds bouleversements. Continent riche de ressources au fort dynamisme démographique, L’Afrique s’insère peu à peu dans la mondialisation, mais les défis à relever restent nombreux.

A quels défis l’Afrique est-elle confrontée ? Comment le continent peut-il faire face aux problématiques du développement et de l’insertion dans la mondialisation ?

I). Le Sahara : ressources et conflits (étude de cas p 310-315)

1. Un espace aux contraintes fortes mais riche en ressources p 310

Un espace immense : le Sahara (« désert »), c'est ~ 8,5 millions de km² (soit ~ superficie Brésil), 4 800 km d'Est en Ouest et entre 1 300 et 1900 km du Nord au Sud ; il s'étend donc sur dix pays : le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, la Libye, l'Égypte, le Soudan, le Tchad, le Niger, le Mali, la Mauritanie (+ le territoire contesté du Sahara occidental).

Un désert aride : c'est un désert par la faiblesse des densités de peuplement (à l'exception du couloir du Nil), un réseau urbain peu développé. Le climat saharien est un climat tropical aride : les précipitations annuelles sont inférieures à 200 mm par an, voire à 100 mm. Les températures atteignent des records de chaleur avec une forte amplitude thermique quotidienne supérieure à 30° C.

Des ressources importantes 1 p 310: minerais (uranium au Niger, fer en Mauritanie, phosphate et potasse en Tunisie et au Maroc...), pétrole et gaz naturel (ex. : Algérie...) ainsi que des grands aquifères fossiles (= anciens et non Renouvelables ; la nappe d'eau fossile a déjà baissé de 25 à 50 mètres selon les endroits entre 1950 et 2000 5 p 311). Le Sahara, source de mythes pour les Occidentaux, est aussi propice à un tourisme d’aventure.

2. Un espace politiquement morcelé et marqué par l'instabilité p 311

Un ensemble politiquement fractionné : le découpage frontalier issu de la colonisation européenne est source de contestations par les populations locales (ex. : fédération touareg), de revendications territoriales (ex. : dossier avec cartes sur le Sahara occidental), de conflits et de mouvements de populations réfugiées (ex. : les Touaregs, opposés aux gouvernements du Niger et du Mali, se réfugient dans le Sud algérien). Les frontières sahariennes ne sont pas des barrières, du fait de l'immensité du désert et des faibles moyens financiers dont

disposent les États sahariens pour les contrôler.

Le Sahara est traversé par de nombreux flux : les mobilités sont orientées vers le Nord : les migrants partent des villes des États sahéliens pour arriver en Europe ou, par défaut, dans les villes de Libye, du Maroc et d'Algérie. Les flux de marchandises concernent des produits légaux (ex. : produits manufacturés européens) et des produits illégaux (ex. : drogue et cigarettes de contrebande vers le marché européen, armes vers les zones de conflits par exemple de Libye vers le Mali en 2013).

Le Sahara est agité par des conflits : rébellions touarègues au Niger et au Mali, guerre au Soudan, conflit du Sahara occidental entre le Maroc et les Sahraouis 7 p 312, actions terroristes d'AQMI (« Al-Qaïda au Maghreb islamique » ; article 6b p 312. À l'origine des troubles et des conflits, on retrouve des convoitises locales pour l'exploitation des ressources (pétrole, uranium...), l'opposition entre les identités nomades et les États qui les combattent, la faiblesse des États...

3. Un espace convoité

Des enjeux géopolitiques et économiques qui suscitent de nombreuses convoitises : zones d’influence, contrôles de territoires, exploitation de ressources (pétrole, uranium, par exemple)... Ces convoitises se manifestent dans les investissements en provenance, le plus souvent, d’autres parties du monde. Cf. le Projet Desertec (voir Dossier 2 p 310) : concept éco-énergétique qui prévoit l'exploitation du potentiel énergétique des déserts (ex. : Sahara) afin d'approvisionner durablement toutes les régions du monde (ex. : Europe).

Ces convoitises s’expriment dans des conflits intra et interétatiques

dont les acteurs sont africains mais aussi extérieurs : les 28 États sahélo- sahariens, les populations locales nomades (Touaregs, Sahraouis) et sédentaires, les trafiquants de toutes sortes, les groupes terroristes, les FMN (ex. : Areva au Niger 3 p 311 ), les Européens, des Chinois de la République Populaire de Chine (directeurs et contremaîtres de mines ou d'usines... Les espaces les plus secoués par les violences sont les marges nord des États sahéliens. Ces espaces situés loin des capitales installées dans les parties « utiles » des territoires nationaux (c'est-à-dire des régions agricoles et peuplées) sont des marges dominées par des intérêts extérieurs.

II). Le continent africain face au développement et à la mondialisation

1. Une Afrique en marge ?

Une insertion faible dans la mondialisation : le poids de l'Afrique dans les échanges mondiaux demeure faible (moins de 3 %, même chiffre pour les IDE en 2011) et le PIB du continent égale à peine celui de… Tokyo la capitale japonaise. L'Afrique reste avant tout un exportateur de produits agricoles et de matières premières (cf. le réseau des chemins de fer vers les côtes construit par les colonisateurs européens). Sa croissance économique est donc dépendante et fragile (ex. : prix erratiques du café ou du cacao sur les marchés mondiaux). L'industrie manufacturière est peu présente sur le continent africain (moins de 10 % du PIB en moyenne, jusqu'à 15-20 % au Maroc, Tunisie... mais les activités sont souvent liées au textile, où des activités à faible valeur ajoutée...).

L'Afrique demeure pauvre : 390 millions de pauvres en 2009 (avec moins de $1,25 par jour et par habitant principalement dans l'Afrique subsaharienne). Le continent comprend ~ les 2/3 des « Pays les Moins Avancés » (33 des 49 PMA de la planète). Sept des dix pays les plus inégalitaires du monde se trouvent en Afrique Australe. La mortalité infantile est la plus élevée au monde ; On y compte ~ 2/3 des 34 millions de séropositifs (SIDA) de la planète. Enfin, le continent africain est celui qui compte le plus de populations déplacées ou réfugiées ( plus de 17 millions de personnes déplacées, sur les dix pays au monde accueillant le plus de régugiés, 5 sont africains.

2. Peut-on parler d’un « décollage économique » ?

La croissance économique : depuis l'an 2000, la progression du PIB/habitant a été de + 4 %/an. On trouve en Afrique ~ un tiers des réserves minérales mondiales (ex. : 40 % pour l'or). Les télécommunications (ex. : 500 millions d’abonnés au téléphone portable en 2012 ; carte des réseaux en 2012) ont grandement progressé (ex. : FMN sud-africaine Vodacom). L’Afrique subsaharienne (= au Sud du Sahara) a enregistré une augmentation des IDE en 2011 de ~ 25 %. Des Portugais (l'ancienne puissance coloniale, aujourd'hui en crise) émigrent vers l'Angola et son boom pétrolier. Six FTN sont ainsi aujourd'hui dans les classements mondiaux, comme les entreprises :

- SASOL : industrie chimique ( AFS)

- BIDVEST: service distribution ( AFS)

- Aspen Pharmacar: Paharmacie (AFS)

- Naspers: groupe de presse ( AFS)

- El Sedewy Electric: Cables ( Egypte)

L'Afrique et les convoitises géostratégiques : exploitation ou adaptation ?

les riches ressources sont largement exploitées par les FMN dès la colonisation européenne de la fin du 19e s. Par ailleurs, stimulé par la forte hausse de la population, le marché africain est en forte croissance. Le continent est donc un enjeu pour les puissances établies et émergentes, dont, en particulier, les États-Unis d'Amérique et la République Populaire de Chine (RPC) mais aussi l'Union européenne, la France, le Royaume-Uni, l'Inde... Dans cette « course à l'Afrique » , les entreprises d'une Chine, qui a besoin de matières premières, qui peut investir immédiatement des capitaux importants, anticolonialiste, peu regardante en matière de démocratie ou de corruption, progressent rapidement : ce n'est pas une exploitation prédatrice à sens unique ; c'est aussi une rapide et active adaptation de la part des élites africaines aux réalités et avantages de la mondialisation. Le commerce Chine-Afrique dépasse $200 milliards en 2012, un million de Chinois se sont

rendus en Afrique en 2011 mais également environ 500 000 Africains ont voyagé en RPC. De grands chantiers sont en cours, comme par exemple, le nouveau port de Djibouti ou la LGV de Tanger à Casablanca (Maroc).

Une effort d'intégration économique : la part des échanges entre pays africains n'est aujourd'hui que de 8 %. En juillet 2010, la Communauté d'Afrique de l'Est a officiellement lancé son marché commun. L'Afrique est

engagée dans la mise en place, en juillet 2014, d'une zone de libre-échange économique composée de 26 pays, d'une population de 525 millions d habitants.

3. D'immenses défis

Une « économie de rente » à l'origine d'une croissance « distordue » :

L’essor du PIB résulte surtout d'une « économie rentière » (cf. livre de 2008). C'est une économie exportatrice de produits agricoles et matières premières. Les bénéfices touchent peu la population et sont monopolisés par une classe politique corrompue au style de vie somptuaire. Les États africains, souvent artificiels (ex. : frontières issues des empires coloniaux) et récents, sont essentiellement des bureaucraties de redistribution des ressources au profit d'élites politiques et de leurs clientèles (liens mafieux, religieux, ethniques tribaux, familiaux...). Jusqu'en 1991, de nombreux États (ex. : Algérie, Éthiopie...) avaient d'ailleurs choisi des « voies socialistes de développement » inspirées de l'URSS. La situation de rente, accentuée par la colonisation

européenne des 19e-20e s., engendre un certain blocage politique et social qui, selon de nombreux spécialistes, est l'obstacle principal au développement. La situation des entrepreneurs est d'ailleurs difficile dans un contexte de corruption et d'instabilité politique, juridique et fiscale.

Cette croissance « distordue » accentue les inégalités : aussi bien sociales que spatiales et ce, à toutes les échelles géographiques (exemple : bidonvilles issus d'un exode rural effréné - une ville comme Nouakchott

regroupe à elle seule 50 % de la population de son pays, la Mauritanie !).

Une libéralisation politique réelle mais limitée : même si nombre de régimes dictatoriaux ou totalitaires ont disparu, la vie politique africaine reste assez peu démocratique : autocraties au Zimbabwe (Robert Mugabe président depuis... 1987 !) ou au Burkina Faso, violences politiques, élections truquées ou coups d’État, guerres civiles/extérieures (ex. : République Démocratique du Congo)... En Afrique du Nord, l'espoir de démocratisation lié au « Printemps arabe » de 2011 marque, en 2013, le pas (ex. : rôle toujours essentiel de l'armée en Égypte). C'est la région du Monde qui compte le plus d’États fragiles (ex. : Mali) ou « en déliquescence » (ex. : Somalie) • Une forte croissance démographique : la population africaine a été multipliée par 4,5 depuis 1950 ; elle atteindra, probablement, deux milliards vers 2050. La seule population urbaine a été multipliée par 13 depuis 1950 !

Le problème alimentaire : les agricultures ont peu progressé dans le domaine des cultures vivrières destinées à approvisionner les villes. Une partie de l'alimentation est importée. Moins de

60 % de la population africaine à accès à l’eau potable. La salinisation des sols (= sel), l'avancée du désert (ex. : Sahel), les guerres surtout affaiblissent le potentiel productif africain, sans oublier les conséquences croissantes du réchauffement climatique (ex. : sécheresses, inondations... ; Ex. : en juillet 2011, la corne Est de l'Afrique a été frappée par une importante sécheresse, plus de 12 millions d'habitants ont été touchés par la famine

Conclusion

• Du point de vue des défis du développement, deux espaces se singularisent : caractère d'« isolat » de l'Afrique du Nord par rapport au reste du continent (relative « barrière » du Sahara, différences ethniques Arabo-berbères/Noirs, religieuses Islam/Christianisme/Animisme, net décalage des niveaux de développement économique et de l'avancée dans la transition démographique... - cf. le « Printemps arabe » de 2011 limité au Nord du Sahara) ; de même pour l'Afrique du Sud mais avec une différence fondamentale : « puissance émergente » sans doute (mais son appartenance aux BRICS est considérée comme non justifiée par le financier de goldman Sachs, inventeur même du concept,Jim O'Neill ), elle se veut (mais une faible croissance économique relative, les tensions socio-ethniques et les échecs internes jettent un doute sérieux) le « moteur » économique et, surtout, un modèle pour l'Afrique (du moins subsaharienne) voire son représentant au niveau mondial.

L'obstacle majeur au développement africain demeure l'instabilité politique qui se manifeste par : la corruption et le clientélisme, la faiblesse du cadre juridique et fiscal, les prises de pouvoir par la force, les élections truquées, les guerres civiles et extérieures surtout... En plus du contexte de grande pauvreté, les racines sont certainement culturelles (des comparaisons statistiques avec d'autres régions/pays pauvres de la planète semblent montrer une instabilité politique plus grande en Afrique). Cependant, le « décollage » économique depuis le début des années 2000 (ex. : en 2013, c'est le Continent qui devrait avoir la plus forte croissance économique) semble indiquer que les mentalités africaines changent positivement

Orientations pour le baccalauréat

Les sujets de composition suivants sont envisageables :

Le Sahara : ressources, conflits.

Le continent africain face au développement et à la mondialisation.

Un croquis peut être demandé :

Le continent africain : contrastes de développement et inégale intégration dans la

Mondialisation L’analyse d’un ou deux documents (cartes, textes, images...) peut être demandée à L’examen. carte du livre p 327.

Légende carte Afrique, un continent marqué par les contrastes de développement et l’inégale insertion dans la mondialisation.

Un continent marqué par les contrastes de développement…

…Ce qui rend l’insertion dans la mondialisation complexe en dépit d’atouts importants…

…ce que les flux et dynamiques traduisent à toutes les échelles, faisant de l’Afrique une périphérie en marge de la mondialisation.

L'Afrique, les défis du développement

Cette carte proposée sur un site à des éléments de pertinence mais reste critiquable quand au choix de certains item. Les états touristiques par exemple... Les deux parties sont à retenir si vous êtes juste en temps de réalisation.

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18 mai 2015 1 18 /05 /mai /2015 12:29

le gouvernement de la France depuis 1946 (livre p 144-167)

Introduction :

Le pouvoir de l’État-nation a des spécificités observables particulièrement en France, lieu de sa théorisation et de sa première mise en œuvre. Il mérite d’être étudié en amont des autres échelles pour plusieurs raisons : son antériorité, la radicalité dont il est porteur (à la fois par le volontarisme des constructions révolutionnaires et par ses liens avec les totalitarismes) la conflictualité qu’il génère (guerres mondiales mais aussi colonialisme et conflits de construction/partition nationale à base ethnique, Linguistique ou/et religieuse) et l’impact discuté mais réel sur l’économie, la société et la culture des nations (ici la question de l’évolution de l’efficacité de l’action de l’État est au cœur du problème). Tous ces points ont été abordés dans les programmes de 2nde (sur les questions des révolutions et des nationalismes) et de 1ere (sur les conflits, les totalitarismes et les liens entre État et croissance) l’enracinement de la République en France de 1880 à 1962 faisant l’objet d’une partie spécifique qui sert de cadre chronologique partiel à la présente étude. État (dimension théorique liée aux représentations), gouvernement (dimension politique liée à la démocratie et aux rapports de force au sein de la société) et administration (dimension pratique au contact direct des citoyens) ont évolué dans leur forme et leurs fonctions depuis 1946 qui sont progressivement remises en cause.

Une question synthétique pourrait ainsi être : l’État conserve-t-il sa légitimité aux yeux de la Nation ? Apporte-t-il encore des perspectives de progrès ou est-il dépassé/obsolète/nocif ?

I) L’État-nation, du triomphe à la remise en question : 1946-années 2000

1) De la construction à la reconstruction de l’État-nation (ancien régime /1973)

- Origines et renaissance de l’État-nation démocratique, L’État existe avant la Nation

Au Début construction monarchique capétienne au XIIIe (Philippe-Auguste) mais avec peu de moyens et se heurtant à de fortes réticences d’où le Développement de l’appareil d’état (administration fiscale, police, armée) à partir de Louis XIII et Louis XIV, mais cette logique conduit à la Crise de l’État monarchique conduisant à la Révolution

· Formalisation du concept de Nation comme communauté politique

L’État révolutionnaire en construction prétend assurer la défense des intérêts de la Nation (valeur suprême). Exprime la volonté de la Nation par la suppression des privilèges (obstacle à la constitution de l’identité nationale) et par l’introduction de la démocratie, La Première République (1792-1799) se veut le modèle (rationnel centralisateur jacobin) de État-nation, exporté lors des guerres révolutionnaires et napoléoniennes. La question du XIXe est celle du régime qui sert le mieux ce

Concept… Un lent consensus aboutit à un enracinement autour des valeurs de la IIIe République (voir cours de première)

Pourtant cette association remise en cause par les crises des années 1930 et le régime de Vichy (« Révolution Nationale » antidémocratique et contre-révolutionnaire).

La Résistance va donc incarner la survie des valeurs républicaines, rétablies par ailleurs à la Libération.

- La IVe République : l’État qui reconstruit 1946-1958

Dès 1944 il faut rétablir la confiance entre Français (malgré les phases de répression et d’épuration) La IVe république poursuit l’œuvre de redressement du gouvernement provisoire en reprenant les valeurs et la plupart des modes de fonctionnement de la IIIe République.

· L’Etat a construit la Nation sous la IIIe, il la reconstruit sous la IVe en opposition aux valeurs de Vichy et des états totalitaires

Importance de la dimension sociale, conséquence de la réhabilitation de l’action du Front Populaire et du poids des communistes et des socialistes dans les mouvements de la résistance. Base de la mise en place de l’Etat-providence (principe de solidarité et de justice sociale) inspiré du Welfare State ( État providence très en vogue dans l’après guerre, GB/France…) L’État a donc une nouvelle mission d’implication dans l’économie pour garantir le progrès social, approche interventionniste keynésienne. La IVe poursuit le programme social commencé dans ce sens à la Libération comme la loi organisant la sécurité sociale (1946)

· Elle fait de l’état un acteur économique majeur par la planification et les nationalisations

· Elle lui donne de nouveaux moyens par le renforcement de l’administration et de la fonction publique (Professionnalisation de la formation des hauts fonctionnaires (ENA créée 1945) En Conséquence : - - - apparition d’une élite politico-administrative censée servir l’État sans dépendre des gouvernements successifs et transitoires, émergence de la figure du technocrate

· La IV République remplit ses missions dans le cadre favorable des Trente Glorieuses et en dépit de l’instabilité politique (22 gouvernements en 12 ans) sinon large consensus en faveur de l’État providence protecteur

· En fait la IVe ne tombe que sur sa mauvaise gestion de la décolonisation

- L’État gaullien : Une monarchie Républicaine ? 1958-1973

La Ve est un produit des circonstances (guerre d’Algérie) et de l’application des conceptions politiques gaullistes

· Renforcement et personnalisation du pouvoir exécutif au détriment du pouvoir législatif.

De Gaulle et ses partisans réorganisent le sommet de l’État. A partir de 1962 le pouvoir présidentiel passe d’une légitimité historique exceptionnelle (liée à la personne de De Gaulle) à une légitimité institutionnelle régulière de nature plébiscitaire. L’instance de décision n’est plus le gouvernement soumis aux partis (dénoncés par De Gaulle depuis 1946) mais la présidence (le président décide, le gouvernement exécute). Le Chef de l’État par essence supérieur au chef du gouvernement. Atténuation de la différence entre gouvernement et hauts fonctionnaires Multiplication des technocrates aux postes ministériels (grands commis de l’État)

b) L’État peut tout…

C’est l’Apogée de l’Etat-providence avec une tendance à l’omnipotence

Affichage d’une volonté de modernisation. L’État encourage la croissance grâce à une entente entre les technocrates et le patronat (pas d’étatisation de l’économie) Augmentation des ressources publiques (35% du PIB en 1960, 39% en 1970) permise par les Trente Glorieuses. Assure le développement de l’État entrepreneur, fournisseur d’emplois qualifiés par exemple dans le nouveau secteur de l’énergie nucléaire (production industrielle d’électricité dès 1966, 5% des besoins en 1971)

· Permet aussi une extension des missions de l’État dans de nouveaux domaines

Action sur les territoires de l’État aménageur (DATAR 1963) Action culturelle sur la société de l’État éclairé, création du Ministère des affaires culturelles 1959

·L’État apparait protecteur et omniprésent

Son poids sur la société en partie dénoncé en 1968 mais pas sa finalité protectrice qui fait consensus

· Certains groupes de technocrates envisagent un État plus efficace en introduisant des méthodes de gestion venus du monde de l’entreprise privée · Après mai 1968 apparition d’un discours politique dénonçant une « société bloquée » à cause des excès de l’état bureaucratique

· Pompidou reste le défenseur de l’État gaullien interventionniste et autoritaire en phase avec la majorité de l’opinion publique

Bilan:

Depuis la Révolution, l’État-nation est une construction permanente qui en dépit d’épreuves difficiles, s’est imposée en France comme la forme d’organisation répondant aux exigences des citoyens. Cette construction s’accélère à la Libération par l’extension de l’action de l’État

dans le domaine économique et social, l’État-nation devient l’Etat-providence. Il atteint son apogée dans la période gaullienne en cumulant la concentration du pouvoir, l’omniprésence de l’action administrative et l’accompagnement de la croissance économique. A la fin de la période, cette omniprésence commence à susciter des réticences mises en évidences par l’épisode de Mai 68, puis par l’essoufflement économique du pays dans les années 1970.

2) L’État-nation en question (1974-1993)

- L’Etat-providence face aux crises : La réponse giscardienne : encadrer l’Etat-providence (1974-81)

· Valéry Giscard d'Estaing est le premier énarque président, le premier président non gaulliste rupture idéologique : ses convictions libérales en matière économique mais aussi sociétale. Le recours aux experts technocrates serait la solution à la crise consécutive au choc pétrolier de 1973.

· Pour ces technocrates marqués par le néolibéralisme c’est en fait l’Etat-providence qui est responsable de la durée de la crise en France. Il faut donc le réformer… VGE se présente comme un président expert de l’administration Il reprend dans sa campagne la vision négative de l’administration qui se constitue dans l’opinion publique (multiplication des sondages) Mais début du reflux de l’État dans le domaine économique avec l’abandon de secteurs économiques non-concurrentiels (textile, sidérurgie)

· A partir de 1975 déficit budgétaire persistant alimentant de nouvelles critiques sur la croissance des dépenses de l’État supérieures à la croissance économique Le gouvernement Barre « meilleur économiste de France » (1976-81) symbolise les nouvelles priorités données à l’expertise financière

Mais les réformes giscardiennes échouent à sortir le pays de la crise

· Le septennat giscardien peut se retrouver dans une appréciation : L’État omnipotent serait devenu impotent…

La brève réponse de l’expérience socialiste : « l’État égalisateur » (1981-83)

· La première alternance socialiste est un retour au keynésianisme

Mitterrand élu sur un programme de relance Alors que Giscard proposait moins d’État la Nation a choisi le candidat qui en proposait davantage, apogée du volontarisme aménageur. Nationalisations massives (finances, industries, 1982) En 1983 un salarié sur 4 est dans le secteur public

  • Interventions directes sur l’économie par l’augmentation du SMIC
  • Indirectes par les multiples réformes étendant les droits sociaux financés par alourdissement de la fiscalité permettant d’imposer
  • « l’égalité des chances » dans l’Éducation (ZEP en 1982)

· Mais aussi volonté de réformer l’État par deux voies différentes

· La décentralisation (lois de 1982 et 1983) qui met en place un contre-pouvoir local plus proche des citoyens · La revalorisation de la fonction publique (1983 loi Anicet Le Pors) qui réhabilite le modèle du citoyen-fonctionnaire indépendant des élites et du capital · Donc un ensemble de mesures promises par le programme commun dont la mise en pratique s’accompagne de la présence de ministres communistes jusqu’en 1984.

Le tournant de la rigueur : la fin de l’Etat interventionniste 1983-1988

· Constat d’une dégradation continue de la situation économique dès 1982 avec aggravation du chômage de masse Premières mesures « de rigueur » dès 1983 Plein effet à partir de 1984, réduction des dépenses publiques ( Jacques Delors) Abandon du keynésianisme : l’État serait devenu trop pauvre, son administration est directement touchée par la compression des coût · Pourtant désillusion de la Nation devant cette renonciation à l’action volontariste de l’État Conduit à la première cohabitation (1986-88) qui permet la mise en œuvre du programme libéral du gouvernement Chirac copié sur le modèle néolibéral des USA ( « L’État n’est pas la solution, l’État est le problème » R. Reagan 1980)

Vague de privatisations, démantèlement du secteur public pour redynamiser le secteur privé volonté de réformer l’État qui serait nécessaire pour faire face à la mondialisation (dérégulation commencée en GB et EU) et aux exigences de la construction européenne · recherche de l’efficacité au moindre coût (compétitivité étendue à l’administration) sur le modèle américain du « New Public Management » inspiré du secteur privé

La réforme de l’État selon la gauche : la social-démocratie à l’Allemande ?1988-1992

· La réélection de Mitterrand met fin à la cohabitation mais ne remet pas en cause la mise en adéquation de l’Etat avec les exigences du libéralisme Michel Rocard lance le « Renouveau du Service Public » (circulaire de 1989) qui préserve la spécificité du service public (recherche de la qualité du service) Pas d’autres réformes importantes (ni-ni des nationalisations/privatisations) Abandon des ambitions de changement social et du volontarisme marxiste

· L’État socialiste ne fait qu’accompagner la crise, converti au réalisme économique de l’environnement libéral, il n’agit plus que sur lui-même. Sans le dire officiellement le PS est devenu social-démocrate acceptant l’économie de marché et privilégiant l’adaptation au lieu de la transformation Les mesures prises ne sont plus des réformes à long terme contre le système capitaliste mais des actions marginales d’accompagnement du système comme la création du RMI (1988) Le pouvoir d’agir sur la société semble s’être déplacé vers les entreprises et le secteur financier· Après avoir été sans moyen, l’État apparait sans projet...

Bilan de la partie :

Le consensus national sur l’Etat-providence est mis à mal par la fin des Trente Glorieuses et le marasme économique durable à partir de 1974. Les solutions libérales et keynésiennes échouent et entrainent un recul de l’action de l’Etat dans la sphère économique. Les gouvernements se

succèdent sans parvenir à rétablir la confiance dans la capacité de l’Etat à satisfaire les besoins des citoyens. La nécessité de réformer l’Etat apparait urgente mais la nature de la réforme est source de polémique.

3) L’Etat en question depuis 1993

- Le volontarisme réformiste : Le démantèlement progressif de l’Etat-providence 1993-1999

· État-nation et Etat-providence étaient devenus consubstantiels en France (Modèle social à la française) A la fin des années Mitterrand, l’État ne peut plus véritablement incarner la Nation A cause de nouvelles instances (Europe, régions) qui disposent d’une légitimité démocratique ou/et organisationnelle. L’État aurait un problème d’intervention à son échelle en particulier dans sa mission de pourvoyeurs de bienfaits (emploi, protection sociale, santé, éducation) Il devrait donc laisser à d’autres instances ces charges (qui relèvent du secteur privé selon les libéraux) et se concentrer sur ses missions régaliennes (diplomatie, défense, police, justice)

· Programme néolibéral mis en œuvre avec la seconde cohabitation

(Balladur 1993) et le début du septennat Chirac (1995) dans le contexte de l’adhésion au traité de Maastricht et de la disparition du contre-modèle communiste Les élites économiques, politiques et administratives font le constat (contesté) d’une crise de l’État français Préconisation d’une « cure d’amaigrissement » se traduisant sous Balladur par la réduction drastique du secteur public avec les privatisations massives Processus amplifié sous le gouvernement Juppé (1995-97) avec l’extension de la réforme des retraites à la fonction publique Juppé en fait principal défenseur du principe de l’Etat-stratège opposé à l’Etat-providence se heurte à de fortes oppositions qui ralentissent les réformes libérales et conduisent à une cohabitation inversée le gouvernement Jospin (1997-2002) s’inscrit dans la sociale démocratie. Avec quelques réformes spectaculaires sur la forme mais d’impact limité par le respect du cadre libéral inchangé (ex les 35heures avec perte de salaire, CMU) Mais pas de renforcement de l’Etat-providence, au contraire Ratification du traité d’Amsterdam (1999) pérennisant l’ouverture du marché intérieur à la concurrence internationale.

· Les réformes libérales s’accélèrent avec la réélection de J. Chirac (2002) en dépit de la présence de JM Le Pen au second tour significative, d’un refus populaire de la dissolution pressentie de l’État-nation traditionnel

- Vers l’État-stratège ?2000-2005

· Concept résulte de la critique libérale contre le poids de la bureaucratie. Le chef de l’État doit se comporter comme un chef d’entreprise/un manager Préconise l’abandon du modèle de l’État bureaucratique fondé au XIXe Remplacé par un modèle de l’État efficace moins couteux, plus réactif, plus souple, prenant en compte la satisfaction des usagers

· L’État se concentre sur le pilotage (la définition des stratégies et des méthodes) Il délègue/externalise la mise en œuvre. C’est l’Approche défendue par des groupes de hauts fonctionnaires influencés par leur proximité avec le secteur privé (pantouflage) et certains cercles de réflexion sur le modèle américain ("think tank") Ces groupes trouvent par la réforme permanente de l’État une justification à leur statut d’élite, ils seraient seuls capables de diriger l’action de l’État sur lui-même à défaut d’agir sur la société…

Mais tous les hauts fonctionnaires n’adhèrent pas à ce schéma, D’autres acteurs partisans de l’État-stratège viennent directement du monde de l’entreprise (avec la légitimité de L’antériorité dans les bonnes pratiques de gestion) Ou de la recherche (sociologie, grandes écoles de commerce) Avec des relais importants dans les médias (ex : François de Closets)

· Notion complexe de l’État-stratège ne passe pas par le clivage droite/gauche et parait loin des préoccupations quotidiennes de la Nation

- L’État, mutation ou démission ? : La mise en scène de l’impuissance de l’État depuis 2005

· Existence d’un consensus réformateur « de cohabitation » prouvé par la réduction du mandat présidentiel à 5 ans en 2000 et l’adoption de la LOLF en 2001 Loi Organique relative aux Lois de Finances (appliquée au 1erjuillet 2006) Remet en cause radicalement les pratiques bureaucratiques de l’administration avec Introduction systématique des outils de gestion néo-managériaux, nouvelle architecture du budget et recours massif aux cabinets de consultants extérieurs à l’administration· La réforme de l’État devient un monopole du ministère des finances

· Autre réforme de l’action territoriale de l’État avec l’accentuation de la décentralisation (loi constitutionnelle du 28 mars 2003) voulue par le gouvernement Raffarin (2002-2005) avec autonomie financière des collectivités territoriales et transfert de compétences de l’État (comme l’équipement)

· Dans le même temps accroissement de la pression réformatrice des institutions européennes avec la Ratification du traité de Lisbonne par le parlement (et non par référendum) en 2007 · Quinquennat Sarkozy (2007-12) se veut un modèle de volontarisme réformateur et de réactivité aux souhaits de la Nation · Mise en œuvre sans restriction des conceptions néo-managériales (« débureaucratisation ») par la RGPP Révision Générale des Politiques Publiques (systématisation de la réduction des effectifs par le non remplacement partiel des départs en retraite) et l’adoption du paquet fiscal (réductions d’impôts et bouclier fiscal)

· Au XXIe siècle l’État s’est donc fixé de plus en plus de contraintes pouvant justifier la perception de son recul nécessaire et inéluctable Mais cette perception sert certains intérêts économiques etidéologiques et fait l’objet d’un débat au sein de la Nation sur sa réalité et son inexorabilité.

Conclusion partielle :

· La crise des « subprimes » de 2008 et le chancèlement de l’édifice bancaire international entraine un retour des états sur la scène économique Paradoxe de l’opposition entre les conceptions libérales de N.Sarkozy et l’activisme interventionniste déployé : l’État français vient en aide au secteur privé et aux banques (preuve de sa capacité d’action) Corollaire : augmentation de la dette publique en période de faible croissance qui devient un moyen de pression des marchés financiers · Crise de l’Euro devenant un nouvel argument dans le sens du « moins d’État » Donc il y a contradiction entre une faiblesse apparente et affichée de l’État et une pratique médiatique personnelle du pouvoir (hyper présidentialisation de Nicolas Sarkozy), Le mode de pilotage de l’état a été au cœur de la dernière campagne présidentielle de 2012 (le concept du « président normal ») ainsi que la capacité de l’État à retrouver un rôle de protecteur face à un environnement extérieur jugé anxiogène par les français…

· Le poids de l’État reste important par les prélèvements obligatoires, par l’activité réglementaire et par la multiplicité de champs d’intervention nouveaux (comme l’environnement…)

· L’État demeure le référent majeur pour les Français, bien avant l’Europe ou les régions. Depuis deux siècles c’est toujours son efficacité qui fait polémique (et peu sa légitimité). La mutation de l’État bureaucratique vers l’État néo-managérial n’est qu’une évolution de son histoire, laquelle se déroule sur le temps long...

le projet d'une Europe politique.

Précision : Dans le programme de terminale S, il faut s'en tenir à la période 1992-2012, soit le petit trois du grand II). Reportez-vous à votre livre p 167-188 pour les frises chonologiques et dossiers, dont ceux sur le couple franco-allemand p 178, et le sentiment européen p 180-181.

 

II)  « Le projet d'une Europe politique depuis le Congrès de La Haye en 1948 »

L'idée d'une unité politique de l'Europe est ancienne.  Elle est formulée par le français Victor Hugo en 1849, qui parle des « Etats-Unis d’Europe ».Après 1945, certains d'États ont choisi de faire avancer   ce projet en créant une coopération économique, dont la mise en œuvre semblait moins compliquée qu’une coopération politique. Or, c’est bien là le cœur des divergences pour ce projet : deux visions s'opposent : celle d'une coopération économique entre États et gouvernements, et celle de la création d'un État fédéral européen.

En quoi la construction européenne a-t-elle sans cesse oscillé entre construction économique et projet de construction politique depuis 1948 ?

La naissance d'un projet original a abouti dès 1957, avec la création de la Communauté économique européenne (CEE) ; celle-ci s'est rapidement développée, en particulier depuis 1989.

1. La naissance d'un projet d'Europe politique, 1948-1957

a). Pourquoi l’idée européenne après 1945 ?

• Deux guerres mondiales et un génocide : => volonté d’union des Européens (déjà avant 1939 il y avait des mouvements pro-européens) afin de garantir la paix. Entre 1940 et 1945, l'idée s'est développée, dans

les mouvements de Résistance européens non communistes, d'une Europe démocratique et pacifique promouvant « l'État-providence ». L'idée européenne est portée après guerre par des « pères fondateurs »

Démocrates-chrétiens en France (Robert Schuman), en Allemagne (Konrad Adenauer), en Italie (Alcide de Gasperi), et par des sociaux-démocrates (Paul Henri Spaak en Belgique, Guy Mollet en France). En mai 1948, le congrès de La Haye (Pays-Bas) a lieu à l’initiative du « Comité international de coordination des mouvements pour l'unification de l'Europe » : 800 délégués de 19 pays, favorables à une « Europe unie », appellent à la constitution des « États-Unis d’Europe » , formule que reprend Winston Churchill en 1946, Mais il y a opposition entre les fédéralistes (partisans d’une Europe supranationale où les États renoncent à une large part de leur souveraineté) et les unionistes (partisans d’une Europe Intergouvernementale ou confédérale, unissant des États indépendants). Le congrès aboutit à la création le 5 mai 1949 du Conseil de l'Europe (installé à Strasbourg), chargé de défendre la démocratie et les droits de L’Homme et qui élabore la Convention européenne des droits de l'Homme (CEDH) en 1950.

Dans le contexte de la « Guerre froide » (1947-1991),  la mainmise soviétique en Europe de l’Est pousse les États-Unis à soutenir l'idée européenne => plan Marshall ($13 milliards) proposé par

les États-Unis en juin 1947 à toute l'Europe : cette aide économique est acceptée par l’Europe occidentale mais refusée par l'Europe orientale sous la pression soviétique => en avril 1948 création de « l’Organisation européenne de coopération économique » (OECE, devenue OCDE en 1960) pour répartir cette aide. En 1948, le traité de Bruxelles a initié une Europe de la défense qui est réactivée en 1954 avec l'Union de l'Europe occidentale (UEO, 1954-2011 : France, Royaume-Uni et Benelux). L’Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) créé en 1949, sous le leadership des États-Unis, assure la sécurité de l'Europe de l'Ouest.

L'Europe est tenue pour le berceau de la démocratie : monarchie constitutionnelle ou république, démocratie représentative ou directe, régime parlementaire (gouvernement responsable devant le Parlement) ou présidentiel, Constitution écrite, séparation des pouvoirs, État de droit• , multipartisme, vote à bulletin secret et Droits de l ’ homme . La démocratie libérale 1 gagne du terrain après 1945 (les derniers régimes autoritaires disparaissent dans les années 1970 en Grèce, en Espagne et au Portugal). Le choix socio-économique est clairement celui du capitalisme néolibéral. Cela n’interdit pas une forte intervention des États dans l’économie (reconstruction d'après-guerre, nationalisations,  Par opposition aux Démocraties populaires communistes. grands programmes d’équipement...) pour limiter les excès du Marché.

Le choix de l’État-providence, selon un modèle keynésien, s'impose après 1945 : renforcement du système de protection sociale pour corriger les inégalités sociales, promouvoir la croissance et l’emploi. Par exemple, le nouveau gouvernement travailliste britannique, formé en 1945, applique le programme de Welfare State (« État du bien-être » ou « Etat providence») élaboré par Lord William Beveridge dès 1942. En 1945, longtemps après l'Allemagne ou les États-Unis, la France crée la Sécurité sociale (couvrant tous les risques : maladie, vieillesse, maternité, chômage). On adopte des salaires minimums (ex. : en France, « salaire minimum interprofessionnel garanti » ou SMIG, 1950 puis « salaire minimum interprofessionnel de croissance » ou SMIC, 1970).

b) L'échec de l'Europe fédérale

• Le projet d'une Europe politique s'inscrit dans le contexte de l'atlantisme (l'Europe occidentale se place sous la protection des États-Unis face au « bloc » soviétique) et des craintes de la France d'une Allemagne (de l'Ouest) qui retrouverait sa puissance et son militarisme. Les premières initiatives vont dans le sens d'une Europe fédérale. Favorable à des « États-Unis d’Europe », Jean Monnet (Commissaire général au Plan en France) élabore un plan de construction d’une vraie Europe unie, autour du « noyau » franco-allemand, par une « stratégie des petits pas », sur une « action concrète » portant sur des points limités…

• Le 9 mai 1950, Robert Schuman (ministre français des Affaires étrangères) propose de placer la production franco-allemande de charbon et d’acier (stratégiques pour la fabrication d’armes) sous une Haute Autorité commune supranationale ouverte à d’autres pays. Le 18 avril 1951 est donc crée la « Communauté européenne du charbon et de l’acier » (CECA) par la France, la République fédérale d'Allemagne (RFA), l’Italie, le Benelux (Belgique, Pays- Bas et Luxembourg).

Le 27 mai 1952 : signature par les six, à Paris, d’un traité visant à créer une « Communauté européenne de défense » (CED) permettant de créer une armée commune sous l’autorité d’un ministre européen de la Défense (cela implique le réarmement de la RFA mais sans armée allemande autonome) : c’est l’application du plan Pleven (Président du Conseil français). Cinq pays ratifient le traité, mais les Français se divisent entre partisans et adversaires (communistes, gaullistes partisans de la souveraineté nationale) de la CED => en août 1954, le Parlement français rejette finalement le traité. La RFA adhère en 1954, avec l'Italie, à l’Union de l’Europe Occidentale (UEO) et une armée allemande renaissante est intégrée à l’OTAN en 1955. Le rejet de la CED marque l'échec de la construction politique d'une Europe fédérale. La construction européenne va donc être d'abord économique.

c). La naissance de la Communauté Économique Européenne (CEE)

• En juin 1955, la conférence de Messine se tient pour relancer la construction européenne. Elle est nécessaire face à l'affirmation des deux « Grands », ainsi que face aux débuts de la décolonisation qui affaiblit les puissances coloniales européennes. Les ministres des Affaires étrangères des six (France, RFA, Italie, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas) assistés des experts de la CECA font le choix de la construction européenne par l'élargissement de la coopération économique. • Le 25 mars 1957, signature des traités de Rome créant :

– la « Communauté économique européenne » (CEE) : mise en place d’un marché commun avec libre circulation des biens par la suppression progressive des frontières entre États membres

– la « Communauté européenne de l’énergie atomique » (Euratom).

2. La CEE : un projet économique fort, un projet politique en construction, 1957-1989

a). Les réalités d'un projet économique fort

• Des institutions complexes sont mises en place en 1958-1959. Il s'agit d'un compromis institutionnel. Le débat fédéralisme contre unionisme n’est pas tranché, les États membres gardent leur souveraineté :

- la Commission européenne (membres nommés par les gouvernements nationaux) est un organe supranational de proposition de règlements et de directives au Conseil. Elle applique les traités, les décisions du Conseil, et représente la CEE à l'extérieur. Le Conseil des ministres incarne les intérêts des États. Il prend les décisions, à l’unanimité le plus souvent => aucune directive ne peut être imposée à un État contre son gré ; plus rarement, on utilise la majorité qualifiée (2/3 des voix). En 1966, un accord permet à un État de s’opposer à une décision communautaire s’il estime ses intérêts vitaux menacés). À partir de 1974, un sommet européen des chefs d’État et de gouvernement renforce la concertation.

- le Parlement européen est essentiellement consultatif, même si ses prérogatives vont croître (il contrôle la Commission, donne son avis sur les propositions de celle-ci, il vote surtout le budget). Ses membres sont nommés par les Parlements nationaux puis, à partir de 1979, il est élu pour 5 ans au suffrage universel direct ; on peut alors parler d'élections européennes (chaque député représente la population européenne, non celle de son pays d'origine) => création de partis politiques européens supranationaux (dont les partis nationaux sont membres) reflétant le clivage fédéralistes contre souverainistes (unionistes). Financés par la CEE, ce sont plus des structures de coordination que de vrais partis : Parti socialiste européen (1974), Parti populaire européen (1976), Parti vert européen (1989).

- la Cour Européenne de justice (CEJ) : supranationale, elle vérifie que les lois européennes (directives) sont conformes aux traités et est une cour de justice pour la CEE.

• La CEE a les symboles d'une nation : un drapeau bleu à 12 étoiles depuis 1955, un hymne (« l'Hymne à la Joie » de Beethoven), un jour de fête depuis 1985 (le 9 mai, anniversaire de la déclaration Schuman). Après 1992 s'ajoutent la devise « Unie dans la diversité » (2000) et une monnaie unique, l'euro (1999 pour les financiers, 2002 pour les particuliers).

• Les succès de l'intégration économique sont réels :

- organiser l’Europe du marché commun : disparition des barrières douanières intérieures achevée en 1968 pour obtenir un Marché commun. La Politique Agricole Commune (PAC) est instaurée en 1962 (ex. : préférence communautaire en matière de commerce agricole, garantie des prix et donc d'un revenu minimal pour les agriculteurs). Des entreprises communes à plusieurs États se développent, comme Airbus-EADS.

- créer une zone de stabilité monétaire : en 1971, crise monétaire avec la dévaluation du dollar des États-Unis et la fin de sa convertibilité en or => création du Serpent Monétaire Européen pour réduire les fluctuations entre les monnaies des pays membres, remplacé en 1979 par le Système monétaire européen (SME) pour stabiliser les taux de change en créant une unité monétaire européenne appelée ECU ( European Currency Unit ou unité de compte européenne, idée de Valéry Giscard d’Estaing, président de la République de 1974 à 1981).

- créer un espace de circulation : en 1985, l'accord de Schengen supprime les contrôles aux frontières des pays signataires. Le président de la Commission européenne Jacques Delors, un socialiste français, tente de relancer la construction dans le sens de la libre circulation des capitaux et des hommes => En février 1986, signature de l’Acte unique européen prévoyant au 1er janvier 1993 la constitution d’un « marché unique européen » et en 1987, le programme « Erasmus » favorisant la circulation des étudiants des pays membres.

- des préoccupations sociales : aide aux catégories sociales défavorisées et aux régions comme le Fonds social européen (FSE, 1957), le Fonds européen de développement régional (FEDER, 1975), la Charte européenne des droits sociaux (1996) et l'aide au développement dans le monde par des accords de coopération à Yaoundé (1963) puis à Lomé  (1975, 1979 et 1984) avec les pays de la zone ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique : conditions commerciales préférentielles, aide alimentaire, assistance financière et technique).

• Les douze représentent, en 1989, 15 % du commerce mondial et 30 % de la production industrielle de la planète. L'élargissement à d'autres États a été prévu dès le départ. Pendant longtemps, le Royaume-Uni a refusé la construction européenne : en 1959, il crée l’Association européenne de libre-échange ou AELE (avec le Danemark, la Suède, la Norvège, le Portugal, la Suisse, l’Autriche). Mais devant le succès de la CEE, le Royaume-Uni demande en 1961 son adhésion : De Gaulle refuse. C'est son successeur à la présidence de la République française, Georges Pompidou accepte : en 1973, entrée du Royaume-Uni, de l’Irlande et du Danemark. La disparition des régimes autoritaires dans les pays méditerranéens permet l’adhésion de la Grèce (1981) de l’Espagne et du Portugal en 1986, afin de les ancrer dans la démocratie libérale.

b). Un projet politique en construction

• Charles de Gaulle revient au pouvoir en France en mai 1958. Bien qu'hostile aux premières organisations européennes, il accepte les engagements des traités de Rome de 1957, voyant dans la CEE un moyen de moderniser l'économie française. Menant une politique d'indépendance et de grandeur de la France, il est partisan d'une « Europe européenne » plus indépendante des États-Unis ; c'est pourquoi il rejette, en 1963 et 1967, l'adhésion du Royaume-Uni, jugé trop proche des États-Unis, et privilégie l'axe-franco-allemand en signant avec le chancelier Konrad Adenauer un Traité d'amitié et de coopération dit Traité de l'Élysée (22 janvier 1963). De Gaulle est hostile à l'Europe supranationale. Face au projet du président de la Commission européenne de renforcer les pouvoirs de celle-ci et de réclamer le vote à la majorité qualifiée au Conseil (qui pourrait forcer les États à accepter des décisions qu'ils ne soutiennent pas), la France bloque le fonctionnement de la CEE en 1965-1966 en pratiquant la « politique de la chaise vide ». En 1966, on parvient au Compromis du Luxembourg : pour les questions importantes, le vote se fera à l'unanimité.

• Le projet d'une Europe politique est soutenu par les « couples » franco-allemands Georges Pompidou - Willy Brandt puis Valéry Giscard d'Estaing - Helmut Schmidt (après 1974) puis François Mitterrand - Helmut Kohl

(Après 1981) Une Coopération politique européenne (CPE) est initiée en 1970, qui se réduit à une simple concertation intergouvernementale, avec déclarations communes quand il y a unanimité sur un problème de relations internationales. Ce sont en fait les élargissements successifs de la CEE qui permettent quelques avancées en rendant nécessaire un approfondissement de la construction européenne :

- en 1974 : création d'un Conseil européen des chefs d'État et de gouvernement (4 réunions par an) chargé de définir les priorités de la construction européenne et de faire entendre la voix de l'Europe). Il devient l'instance majeure de la CEE.

- en 1979 : élection au suffrage universel direct du Parlement européen (mais ses pouvoirs restent limités), dont la première présidente est la Française Simone Veil.

- Dans les années 1980, la construction européenne piétine à cause de la crise économique, de la volonté de Margaret Thatcher (i want my monney back !!) premier ministre conservateur du Royaume-Uni de limiter la contribution financière britannique et d'une vague «d'euroscepticisme ». Le Parlement européen vote ainsi en 1984 un projet de Constitution européenne prévoyant la création d'une Union politique à finalité fédérale, mais ce projet est rejeté par les Parlements nationaux des États membres.

- En 1986-1987, Jacques Delors, président de la Commission relance la construction européenne avec l'Acte unique européen : marché unique (pour 1993), union économique et monétaire, extension du vote majoritaire, accroissement des compétences de la Commission et du Parlement.

c). Les limites de la CEE

• D'abord, de fortes tensions économiques et financières : poids financier de la PAC (plus de 60 % du budget ; le Royaume-Uni est très critique) ; concurrence agricole généralisée (le vin : France / Italie ; les fruits et légumes : France, Italie, Espagne, Portugal et Grèce).  Les États membres ne sont pas disposés à accepter des mesures qui feraient de la CEE une organisation supranationale. Avec la « crise » économique après 1973 apparaissent des politiques économiques divergentes : par exemple, les privatisations dans le Royaume-Uni de Margaret Thatcher à partir de 1979 et les nationalisations dans la France de François Mitterrand à partir de 1982 (ex. : la symbolique Banque Rothschild). Pas de politique commune de défense : les deux puissances nucléaires sont indépendantes des États-Unis (France et Royaume-Uni).

• La France domine la CEE dans les années 1960. La RFA prend une importance croissante dans les années 1970 (poids économique), ce que vont renforcer la chute du Mur de Berlin (9 novembre 1989) et la réunification allemande (octobre 1990).

3. Un projet politique inabouti depuis 1989, la montée des difficultés

a). Les répercussions de l’effondrement du « bloc » communiste

• En décembre 1991, l'URSS s'effondre : c'est la fin de la « Guerre froide ». La construction européenne peut s'étendre à l'ensemble du continent, et se réoriente vers l'Est. Le Conseil de l’Europe encourage la démocratisation à l’Est en accueillant la Hongrie dès novembre 1990, la plupart des autres pays de l’Est par la suite. La « Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe » (CSCE, 1973) liée aux Acccords d’Helsinki (1975) se transforme en 1994-1995 en « Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe » (OSCE : tous les pays d’Europe + États-Unis et Canada... = organisation de sécurité régionale, forum pour le dialogue politique).

• Les ex-pays de l’Est négocient pour intégrer l’OTAN, se convertissent rapidement à l’économie de marché. Cela s'accompagne d'un réveil des nationalismes et du retour de la guerre en Europe dans l'ex-Yougoslavie des années 1990. Les Européens et l’ONU sont impuissants, ce qui impose l'intervention de l’OTAN (les États-Unis principalement) en 1995 puis en 1999.

• La construction européenne passe progressivement de douze à vingt huit membres (2013). Ces élargissements posent la question des limites floues de l'Europe et de la définition d'une identité européenne (ex. : adhésion en cours depuis 2005 de la Turquie dont 3 % du territoire est européen). Pour certains, les élargissements nuisent à la cohésion et au fonctionnement institutionnel. En 1993 le sommet de Copenhague fixe des critères d’adhésion : économie de marché viable, institutions garantissant la démocratie et le respect des droits de l’homme, acceptation de tous les textes communautaires.

b). De la CEE à l’Union européenne

Problématique: Comment la fin de la guerre froide entraîne-t-elle une redéfinition  de projet européen ?

1989 marque une vraie rupture dans l'histoire de l'Europe puisque pour la première fois depuis 1945, la possibilité d'une union du continent semble possible, ce qui redonne de la vigueur au projet européen.

 C'est une initiative franco-allemande (François Mitterrand – Helmut Kohl) dès 1990. En 1992, finalisation du Traité de Maastricht qui crée l’Union européenne (application en 1993) en étendant les compétences de la Communauté à la politique étrangère (PESC : Politique étrangère et de sécurité commune), la monnaie (Banque centrale européenne en 1998 puis euro en 1999 et 2002), la défense (Eurocorps = corps d'armée européen 6000 hommes)), la politique migratoire, l’environnement, la recherche, l’industrie, l’éducation, la santé, la culture... Une citoyenneté européenne est créée (avec droit de vote et d’éligibilité aux élections européennes et locales dans les pays membres). Mais en France, le « oui » au référendum sur Maastricht ne l’emporte que par 51 % des suffrages exprimés. Le Danemark et le Royaume-Uni ne ratifient qu’après obtention de dérogations.

• Les nouvelles institutions se mettent rapidement en place selon la logique des « 3 piliers »  :

- la Commission et le Parlement européen décident et appliquent ;

- la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) se fait par concertation intergouvernementale ;

- la coopération policière et judiciaire (CPJ) se fait également par concertation intergouvernementale.

Le Conseil européen devient le moteur de l'Union européenne : il réunit les chefs d’État et de gouvernement pour les décisions fondamentales. Le Conseil de l’Union (ministres des États membres) adopte, avec le Parlement, les règlements et directives (c'est la Co-législation). Ils se prononcent sur les propositions de la Commission européenne, responsable devant le Parlement, la Cour de justice et Cour des comptes. le Parlement est donc renforcé : avis, coopération et codécision avec le Conseil de l’Union.

c). La crise du projet européen

• Avec les élargissements successifs, un débat sur les institutions est indispensable : problème du poids respectif des petits et des grands États dans les décisions, manque de transparence du fonctionnement des institutions, débat sur la supranationalité face à la souveraineté nationale => les traités d’Amsterdam en 1997 et de Nice en 2001 tentent d'améliorer le fonctionnement de l'Union (extension du vote à la majorité qualifiée avec un nombre de voix proportionnel à la population des États) mais sans réforme fondamentale. Le système politique européen est lent, complexe et mal compris par les citoyens européens => d'où une participation faible aux élections européennes, une montée de « l'euroscepticisme » et des idées « souverainistes ».

Un projet de traité constitutionnel européen est élaboré par l'Union européenne pour améliorer son fonctionnement et le rendre plus démocratique. Une partie des opinions publiques et les souverainistes y voient au contraire un projet non démocratique et supranational. En 2005, la France et les Pays-Bas rejettent par référendum ce traité constitutionnel. L'Union adopte alors difficilement, en 2007, le « traité simplifié » de Lisbonne reprenant l'essentiel .du projet précédent (ex. : renforcement du rôle des parlements nationaux et européen, droit d'initiative permettant aux citoyens d'inviter la Commission à présenter des propositions législatives, création d'un président du Conseil européen et d'un haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité...).

Le traité de Lisbonne prévoit l'extension des clauses d'exception : des États membres peuvent soit déroger, soit renforcer leurs coopérations => certains États refusent, en effet, d'adopter l'euro (ex. : Royaume-Uni),  de prendre part aux accords de Schengen , de ratifier l'ensemble de la Charte des droits fondamentaux (instituée en l'an 2000) : elle assure à tout ressortissant d'un pays membre la liberté de circuler, d'étudier, de travailler dans l'Union (+ droit de vote et d'éligibilité aux élections européennes et locales du pays de résidence)... => C'est une « Europe à la carte » : Royaume-Uni, Suède et Danemark, notamment, hors de la zone euro (17 pays membres en 2013 ; carte) ; Royaume-Uni, Irlande, Chypre, Roumanie... hors de l' espace Schengen (carte) ; Danemark hors de l’Europe de la Défense.

L'Union demeure un « nain » diplomatique et militaire : pas de réelle politique étrangère commune comme le montrent les fortes divergences en 2003 sur la 2ème guerre du Golfe ou sur le rôle franco-britannique dans l'intervention militaire en Libye en 2011. L'Union européenne n'est pas membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, elle y dépend de la France et du Royaume-Uni. Sans armée, elle a besoin de l’OTAN.

Survenant après la crise financière mondiale de 2008-2009, la crise de la dette publique de la zone Euro à partir de 2010, qui est avant tout une crise de la gouvernance européenne et de la monnaie unique que des finances publiques et des banques européennes, oppose les pays méditerranéens (Portugal, Espagne, Italie, Grèce, Chypre, voire France) en grande difficulté, aux partenaires d'Europe du Nord et, particulièrement, à l'Allemagne, puissance européenne de plus en plus dominante, qui impose, avec les marchés financiers, la Commission européenne, la BCE et le FMI, une politique d'austérité à laquelle les opinions publiques d'Europe du Sud sont de plus en plus violemment hostiles (« IVème Reich ».). Les responsables chinois, russes, japonais, indiens ou brésiliens se rendent d'ailleurs à Berlin pas à Bruxelles. Il est ironique de constater que le projet politique européen dont un but essentiel était « d'enchaîner la RFA à l'Europe » risque d'aboutir à une « Europe allemande » (livre paru en  2013). • Les opinions publiques se méfient de plus en plus de l'Union : crise économique grave, institutions jugées (souvent à juste titre) opaques, complexes et peu démocratiques, dénonciation, à gauche ou à l'extrême droite, d’une Europe libérale « de la finance et des patrons », montée du populisme...comme en témoigne les élections de 2014. Beaucoup ne veulent pas ou plus « payer pour les autres [pays], on parle de « Grexit », « Brexit »» ; certains réclament la sortie de l'euro comme le front national en France…, d’autres veulent organiser des référendums pour la sortie de l’UE comme la GB en 2017.

 

Conclusion

Toute la construction européenne depuis le congrès de La Haye (1948) jusqu'au traité de Lisbonne (2007) inclus a hésité entre deux directions. L'union économique est aujourd'hui très avancée et a fait de l'Union Européenne une grande puissance économique (à peu près le même poids économique ~ $15 000 milliards que les États-Unis, certes moins peuplés). Le projet de construction politique est inabouti avec une Union européenne qui n'est pas

vraiment un État mais qui en a certaines caractéristiques (ex. : rôle  d'observateur dans des organisations internationales). Mais aujourd'hui, tout cela, y compris le bilan économique, est remis en cause : de 2000 à 2012, la production industrielle de la zone euro a eu une croissance de + 0 % et Europe du Nord et du Sud ont divergé nettement : En 2012 et 2013, l'Union européenne est l'unique région du Monde en décroissance économique : 8 des 10 économies les moins performantes du Monde sont situées en Europe (FMI, avril 2013). A New York et Londres, nombreux sont ceux, en particulier dans les puissants milieux économico-financiers qui envisagent (ou souhaitent ?) la fin de la zone Euro voire de l'Union européenne. Les opinions publiques européennes, d'après une étude de mai 2013, deviennent hostiles à l'Union européenne (mais le soutien à l'euro reste fort) : une des nombreuses contradictions d’un projet qui suscite autant d’espoirs que de déceptions…

 

. La gouvernance mondiale peut se définir comme la gestion collective de la planète, l’idée d’une coopération entre États pour organiser la société internationale n’est pas nouvelle mais elle ne débouche sur aucune réalisation d'importance mondiale avant la création de la Société des Nations (SDN, 1919-1945). L'après Seconde Guerre mondiale (1939-1945) marque une étape majeure dans la prise de conscience de la nécessité d’une échelle mondiale de gouvernement, l’ONU en est la traduction. La gouvernance économique mondiale est pensée dans la période de reconstruction après 1945, mais reste du fait de la guerre froide un projet limité au monde occidental.

Quelles sont les évolutions de la  gouvernance économique mondiale depuis 1944 ?

Les États-Unis de 1944 à 1948, mettent  en place un ensemble d’institutions internationales qui garantissent la prospérité économique et la stabilité financière. Ce cadre est remis en cause, à partir des années 1970, par la mondialisation accélérée et le triomphe du néolibéralisme.

 III) La gouvernance économique mondiale, conception et évolution de 1944 à aujourd’hui

1. De 1944 aux années 1970 : la recherche d’une gouvernance mondiale se fait à l’intérieur du système de Bretton Woods

 Les espoirs d'un nouvel ordre mondial pour l'après-guerre : le système né des accords de Bretton Woods (conférence sur la côte nord-est des États-Unis, signés par 44 pays le 22 juillet 1944) constitue

une des tentatives les plus réussies et durables d’établir des règles et Des  institutions économiques internationales. Les dirigeants occidentaux ont retenu la leçon de la conférence de paix de Paris (1919-1920) quin’avait pris aucune mesure sérieuse pour relancer les économies européennes. L'économiste britannique John Maynard Keynes (mort en 1946), qui avait dénoncé cette inaction dangereuse dans un pamphlet influent Les Conséquences économiques de la paix (1919), va jouer un rôle important à Bretton Woods (représentant du Trésor britannique, il a, avec son homologue américain Harry Dexter White, un double rôle de concepteur et de négociateur). Le Keynésianisme, variante du libéralisme économique favorable à l'interventionnisme et à l’État - providence (Welfare State), va dominer la pensée économique jusqu'aux années 1970. Certains spécialistes utilisent la notion de libéralisme intégré (Embedded Liberalism) afin de caractériser le système économique occidental de cette même période.

Reconstruction, stabilisation et mondialisation : en 1944, le but pratique et immédiat est d’abord de reconstruire l’économie mondiale après la guerre la plus destructrice de l'histoire ; d’assurer la stabilité monétaire avec un nouveau système monétaire international et de mettre en place un système cohérent de financement ; de développer les échanges internationaux après une période de déclin de la mondialisation de 1914 à 1945, liée aux deux guerres mondiales et à la crise de 1929 (initiée par le Krach de Wall Street), pendant laquelle les économies nationales se sont refermées sur elles-mêmes Les accords de Bretton Woods organisent donc l’économie mondiale autour de deux piliers : des institutions économiques internationales et l'hégémonie des Etats-Unis. La logique du système reste celle du multilatéralisme classique (ou « action collective ») fondé sur un fonctionnement interétatique.

Un « capitalisme organisé » (Keynes) avec une mondialisation institutionnelle : l'expérience récente de l' économie de guerre (1914-1918 et 1939-1945), des réparations allemandes (1919-1933) et des réactions à la crise de 1929 (ex. : New Deal, 1933, du président américain Franklin Delano Roosevelt) jouent un rôle clé. Trois grandes institutions économiques internationales sont prévues : le Fond Monétaire International (FMI, 1944), la Banque M ondiale (BM, 1945) et l’Organisation internationale du commerce (OIC). La cohérence du système repose sur l’affectation à chacune d’entre elles des trois grandes fonctions de l’État : la réglementation des marchés doit être assurée par l’OIC, la régulation de l’activité par le FMI, la redistribution vers les plus pauvres par la BM. Les domaines du commerce, du développement et de la finance sont clairement séparés. L’OIC n’existera jamais à cause du refus du Sénat des États-Unis de ratifier la Charte de La Havane (Cuba, mars 1948). C’est l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (General Agreement on Tarifs and Trade ou GATT signé par vingt-trois pays le 30 octobre 1947 et entré en vigueur le 1er janvier 1948, siège à Genève) qui fonctionne comme un forum de discussion qui la remplace.

« L’économie-monde » américaine est le cœur du système : les États-Unis sont le second pilier du système, la stabilité de l’économie mondiale repose sur leur hégémonie. A la fin de la guerre, 2/3 des réserves mondiales d’or sont détenues par les Américains et ils produisent la moitié du charbon, les deux tiers du pétrole et plus de la moitié de l’électricité au niveau mondial. Bretton Woods institutionnalise la domination du dollar des États-Unis (USD), monnaie nationale et internationale, devise de réserve des banques centrales. Le système mis en place à Bretton Woods est un système de change fixe avec étalon de change or fondé sur le seul dollar. Une once d'or (once troy = 31,1 g) valait $35. Les changes étaient fixes mais ajustables c'est-à-dire que moyennant l'accord des autres un pays pouvait dévaluer ou réévaluer sa monnaie pourvu qu'un plan d'ajustement fût mis en œuvre. Le FMI était chargé de la supervision de ce mécanisme. La domination américaine se lit dans le choix d’installer les sièges du FMI et de la BM à Washington DC. Les États-Unis occupent une position dominante au sein du FMI.

L’efficacité de Bretton Woods est à relativiser : le système monétaire n’entre en vigueur qu’en 1958 quand les États européens rétablissent la convertibilité de leurs monnaies. Il ne dure vraiment que treize ans. La croissance occidentale des « Trente Glorieuses » (1945-1973) tient plus au succès du plan Marshall américain (5 juin 1947), au financement des dépenses militaires et au déficit de la balance des paiements des États-Unis. De plus, cette gouvernance économique américaine reste géographiquement limitée par la « Guerre froide » (1947-1991). Elle est en outre contestée par les pays pauvres : le G77 formé à la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) en juin 1964 réclame l’instauration d’un « nouvel ordre économique mondial » qui soit plus favorable aux intérêts des pays en développement.

Le programme de Terminale S commence l'étude en 1975. Or, cette date marque la remise en question de Bretton Woods et des solutions de Keynes pour l'économie. C'est donc le retour du libéralisme qu'on obeserve  à partir de 1975...

 

2. De la fin de Bretton Woods à la reprise des crises économiques: une gouvernance mondiale néolibérale ( 1971-1987)

La fin du système monétaire international de Bretton Woods :

jusqu'en 1958, il y a trop peu de dollars. Puis la situation se retourne : une inflation de dollars se produit, notamment, du fait des dépenses considérables de la guerre du Vietnam (1964-1973) et de la course à l'espace (ex. : alunissage en 1969). Les pays (Allemagne fédérale, Japon...) qui exportent le plus vers les États-Unis accumulent d'immenses réserves en dollars. Les demandes de remboursements des dollars excédentaires en or commencent. Les États-Unis suspendent la convertibilité du dollar en or le 15 août 1971. Le système des taux de change fixes s'écroule définitivement en mars 1973 avec l'adoption du régime de changes flottants (c'est-à-dire qu'ils s'établissent en fonction de l'offre et la demande des marchés financiers => le cours des monnaies varie au jour le jour). Le 8 janvier 1976, à Kingston, les Accords de la Jamaïque confirment officiellement l'abandon du système monétaire de Bretton Woods.

L'adaptation des institutions économiques internationales : le FMI change de rôle et devient un « gendarme » des politiques publiques en développant des programmes d’ajustement structurel pour les pays endettés. Le système du commerce international est transformé par le remplacement du GATT par l’Organisation mondiale du commerce (OMC, Genève, 1er janvier 1995) qui élargit les négociations commerciales à l’agriculture et aux services. Les débats se font désormais autour des problèmes de concurrence et de libre accès au marché.

Le triomphe de « l ' école de Chicago » et du néolibéralisme à partir des années 1970 : à partir des années 1970, l'influence du Keynésianisme s'efface, l'Université de Chicago domine la pensée économique (ex. : Milton Friedman) et réaffirme la doctrine du libéralisme économique ( néoclassique) . Des économistes influents, issus majoritairement des grandes universités anglo-saxonnes, vont propager ces idées au FMI, BM, Commission européenne, etc. Dans les pays pauvres des années 1980-1990, des programmes d’ajustement structurels néolibéraux (austérité budgétaire, privatisations, réduction du nombre de fonctionnaires...) sont imposés (ex. : les « Chicago Boys » du « miracle [économique] chilien » sous la dictature de Pinochet) avec des résultats très inégaux (certains dénoncent une « thérapie de choc [économique]»). À l’initiative du président républicain des États-Unis d'Amérique Ronald Reagan (1981) et du premier ministre britannique conservateur Margaret Thatcher (1979), le néolibéralisme politique triomphe mondialement : la régulation publique recule avec la libéralisation des mouvements de capitaux, la privatisation des entreprises publiques, la déréglementation et la désintermédiation du secteur financier. Confiance est désormais faite aux capacités d’autorégulation des marchés et au contrôle d’autorités indépendantes de l’État : banques centrales, agences de notation, chambres de compensation internationale… Cette évolution entraîne une accélération de la mondialisation mais aussi le retour des crises financières qui se multiplient à partir de 1987.

•3.L'avènement de la « gouvernance mondiale  » à la crise de la dette de la zone euro ( de 1990 à aujourd’hui)

Les déséquilibres financiers et économiques, les menaces qui pèsent sur l’environnement, les inégalités sociales à l’échelle planétaire montrent la nécessité d’une régulation de la mondialisation. Mais on estime désormais que celle-ci ne peut se faire à l’intérieur du cadre des institutions de 1944-1947 ou par de simples politiques interétatiques. Une nouvelle conception de gouvernement du monde, la « gouvernance », apparaît. Le terme vient des milieux économiques et est repris en 1989 par la BM puis par les dirigeants politiques. La gouvernance propose un nouveau mode de gestion des relations internationales à mi-chemin entre un gouvernement mondial et la simple coopération entre nations. Elle repose sur la prise de conscience du caractère mondial de problèmes qui ne peuvent être réglés que par l’élaboration de normes communes. Elle remet en cause le monopole de l’État sur les affaires mondiales en prétendant associer, dans une relation horizontale, sans domination, acteurs étatiques et acteurs non étatiques. Sa définition pose cependant un certain nombre de difficultés car son sens varie en fonction des acteurs qui l’emploient et elle est aujourd’hui employée à différentes échelles, aussi bien pour désigner la gestion d’un État que celle d’une entreprise.

Les acteurs de la gouvernance : la gouvernance se manifeste par l’influence grandissante des acteurs non étatiques comme les firmes multinationales, les ONG, les scientifiques. Elle est aussi défendue par les organisations internationales, en particulier l’ONU qui à travers les grandes conférences qu’elle organise sur les principales questions globales a beaucoup contribué à la promouvoir. Les États se sont aussi saisis de l’aspiration à la gouvernance. Dès les années 1970, ils ont voulu relancer la coordination des politiques économiques par l’essor des organisations régionales et par l’institutionnalisation de rencontres multilatérales au sommet. C’est ainsi qu’en 1975 naît le G6 qui s’ouvre au Canada en 1976 (G7) puis à la Fédération de Russie en 1997 (G8). A la faveur de la crise de 2008, le G20 (né en 1999) prend de l'importance afin de tenir compte des nouveaux équilibres de l’économie mondiale, en particulier de l’ascension des pays émergents. A l’origine limitées aux questions économiques, les discussions se sont ouvertes à tous les thèmes : migrations, flux illégaux, environnement, terrorisme… Le choix qui a donc été fait est celui de négociations internationales classiques.

Derrière l’appel au renforcement de la gouvernance mondiale, on retrouve les concepts traditionnels de multilatéralisme, de diplomatie de« club réservé aux plus riches ».

 

 

Conclusion

 

Jusqu'aux années 1970, la gouvernance économique mondiale se fait dans un cadre assez stable celui des accords de Bretton Woods (1944) avec la superpuissance américaine comme coeur du système. La période suivante est caractérisée par le triomphe du néolibéralisme politico-économique. On peut résumer cette transformation de la gouvernance économique mondiale comme le passage de Keynes à Friedmann (Milton).

La crise financière de 2007-2008, suivie d'une récession mondiale (2008 - 2010) et de la crise de la dette de la zone euro depuis 2010, n'ont pas, malgré les discours et une brève résurgence keynésienne entre 2008 et aujourd’hui (Paul Krugmann, Thomas Piketty), changé fondamentalement la situation.

 

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3 avril 2015 5 03 /04 /avril /2015 06:28

Organisation territoriale et dynamiques d'une puissance mondiale, les Etats-Unis.

Etats-Unis d'Amérique (USA) : Carte muette, fond de carte, littoraux, frontières, hydrographie, principales villes (blanc)

Organisation et dynamiques territoriales d'une puissance émergente , le Brésil

Brésil : Carte muette, fond de carte, littoraux, frontières, hydrographie, principales villes (blanc)

 

Pôles et flux dans la mondialisation ( voir manuel le Quintrec Janin nathan 2014p 272-273)

Carte muette, fond de carte Planisphère centré Europe Afrique littoraux hydrographie principales agglomérations (B)

 

Des espaces inégalement intégrés dans le processus de mondialisation

Carte muette, fond de carte Planisphère centré Europe Afrique littoraux hydrographie principales agglomérations (B)

 Le continent africain : contrastes de développement et inégale intégration dans la mondialisation

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13 mars 2015 5 13 /03 /mars /2015 07:39

Epreuve majeure : La composition

La composition en  histoire : notée sur 12 points.

première étape : Analyse du sujet, cette dernière se fait au brouillon.

En histoire, cette étape est primordiale, elle permet un bornage spatial et temporel du sujet, et évite donc de s'écarter, ce qui se traduit par des hors-sujet... Attention !! Les termes ne sont jamais choisis au hasard. Il faut définir chaque mot ou notion, prendre bien garde aux mots de liaison ( et, ou....).

Puis, dressez au brouillon une liste, sorte de "boite à outils" dans laquelle se trouve toutes les notions, événements, personnages ( acteurs) , dates essentielles ( marqueurs chronologiques qui permettent des ruptures, des continuités) .

Lorsque cette étape est terminée, vous êtes en mesure de rédiger en une phrase :

- Une citation résumant l'ensemble du sujet

- le cadre chronologique du sujet

- l'idée essentielle suggérée par le sujet

deuxième étape : la problématique

On nomme problématique la question par laquelle le candidat traite le sujet dans un plan en plusieurs partie.

Cette question est liée à votre analyse du sujet. Il faut la déduire de la réfexion préalable ( étape 1) . En général, en histoire, cette question cherche à élucider :

- les raisons d'un évènement

- les manifestations d'un évènement

- les conséquences de ce dernier

souvent, le sujet peut vous guider sur la bonne question à poser. Il s'agit souvent de reformuler le sujet sous forme d'une question;

ex: "la puissance des USA depuis 1945, manifestations et contestations"

Comment  les USA se sont-ils imposés dans le monde et quelles sont les contestations de cette puissance depuis 1945 ?

La bonne problémarique est celle qui permet de traiter l'ensemble du sujet.

Une précaution !! On ne juge pas le passé, vote problématique doit donc se garder de cela...

troisième étape : construire le plan

Il doit permettre de répondre à la problématique et de couvrir l'ensemble du sujet. Si ce dernier est donné, ne faites pas dans l'originalité, suivez les directives

ex: "La chine depuis 1949, les chemins de la puissance"

Quelles sont les voies suivies par la Chine populaire depuis 1949 pour accéder au statut de puissance mondiale ?

On distingue en histoire trois types de plan :

  • le plan chronologique ou chronologico-thématique. Pour cela, il est vital de connaitre les dates charnières qui jalonnent une période et être capable de les justifier. Ce plan est à recommander pour tout sujet de type évolutif ( La puissance des USA de 1945 à 1980 par exemple) ou qui s'étire sur une période longue ( la politique  française sous la Vième République). Il peut être coupler à un plan thématique pour les candidats qui dispose de connaissances importantes.
  • Le plan thématique. Chaque partie développe un aspect du sujet. le plus classique est souvent composé par politique, économique, social et ( ou) culturel la formulation du sujet est ici importante : " pourquoi peut-on dire que les USA sont une superpuissance de 1945 à 1991?"
  • Le plan didactique. Il répond par l'affirmative ou la négative à un sujet posé. Valable pour les sujets à questions fermée ( de plus en plus rare cependant) ex " les USA, puissance sans limites ?"

Le plan se construit au brouillon, sur une présentation claire, ou les deux à trois parties sont bien visibles (utilisez un format paysage, faites deux ou trois colonnes avec dans chaque colonne trois points

Premièrepartie                            

(idée principale 1)

 

  1. Première sous partie
  • Idée secondaire 1   
  • notion et  exemple

transition

 

2 deuxième sous partie

Idée secondaire 2

Notion et exemple

 

transition

3- troisième  sous partie

Idée secondaire 3

Notion et exemple

 

Transition globale pour passer à la deuxième idée principale

 

 

 

 

 

Deuxième partie

(idée principale 2)

 

  1. Première sous partie
  • Idée secondaire 1
  • notion et  exemple

transition

 

2- deuxième sous partie

Idée secondaire 2

Notion et exemple

 

transition

3-troisième sous partie

Idée secondaire 3

Notion et exemple

 

Transition globale pour passer à la dernière idée principale

Troisième partie

(idée principale 3)

 

  1. Première sous partie
  • Idée secondaire 1
  • notion et  exemple

transition

 

 2- deuxième sous partie

Idée secondaire 2

Notion et exemple

 

transition

3-troisième sous partie

Idée secondaire 3

Notion et exemple

 

Conclusion, reprise des idées  principales de chaque partie, réponse à la problématique et ouverture vers un prolongement  du sujet

Attention !! La composition n'est pas une accumulation de faits, il faut avant tout des idées : Aucun intérêt d'avoir travaillé et raconter des faits d'une crise si ce n'est pour la rattacher à des notions ( qui doivent être expliquer !!), ses conséquences...

étape 4 : la rédaction

Il faut dans un premier temps rédiger l'introduction et la conclusion.

trois partie pour l'introduction:

- j'ai compris le sujet ( avefc une citation pour ouvrir le sujet si possible)

- j'ai une problématique

- j'ai un plan ( donc, a annoncer à la fin de l'introduction).

Le développement se rédige sans donner de chiffres aux parties, le plan doit cepedant être apparent, ne pas hésiter à aller à la ligne entre chaque sous-parties, soignez les transitions.

 Une composition se rédige au présent de l'indicatif, avec des phrases courtes, sans fautes...

Relisez vous souvent, et rayez au fur et à mesure sur votre brouillon les éléments utilisés.

 

La composition en Géographie. Les grands types de plan pour le baccalauréat

En géographie, les plans sont spécifiques, ils obéissent aux logiques qui sont celles de la matière, on trouve ainsi :

Plan thématique : I) premier thème étudié

                                II) Deuxième thème étudié

                               III) éventuellement si un troisième thème est abordé

Exemple : Des territoires inégalement intégrés dans la mondialisation

 Il faut donc procéder par regroupement de type d’Etat dans  le processus de  mondialisation

  1. Les territoires insérés
  2. Les territoires en voie d’insertion
  3. Les territoires exclus du processus

 

Plan par échelle : I) analyse à l’échelle locale

                                II) Analyse à l’échelle régionale

                               III) Analyse à l’échelle mondiale

Exemple : Le bassin Caraïbe, interface américaine, interface mondiale

  1. A l’échelle locale, une juxtaposition d Etats divers, au développement inégal
  2. A l’échelle régionale, un espace sous influence des USA
  3. A l’échelle mondiale, un espace carrefour entre Atlantique et Asie

 

Plan Explicatif : I) Description de la situation ou du phénomène

                              II) Explication de la situation ou du phénomène

                             III) éventuellement, limites, évolutions, typologie

 Exemple : Le rôle des  USA dans la mondialisation

  1. Aspect de la puissance (ce que j’en vois)
  2. Facteurs de la puissance (ce qui explique)
  3. Limites de la puissance

 

Plan dialectique : I) une thèse

                               II) une antithèse

                               III) Une synthèse

Exemple : le rôle mondial du Brésil

  1. Un rôle mondial qui s’affirme
  2. Une puissance uniquement régionale
  3. Une puissance qui aspire à un rôle mondial

 

 

Les grands types de sujets :

  • Typologie : des territoires inégalement insérés dans la mondialisation

Ce que vous devez faire : regrouper, classer en différents types

 

 

  • Situation géographique : « les littoraux, espaces de la mondialisation »

Ce que vous devez faire : analyser, distinguer les différents thèmes de l’étude

 

 

Comparaison : «  Chine et Japon, concurrence régionale, ambitions mondiales »

Ce que vous devez faire : confronter les différents aspects de la question pour pouvoir comparer

 

 

  • Double approche » le bassin caraïbe, interface américaine,  interface mondiale

Etudier deux aspects contradictoiresou complémentaires d’une réalité

 

  • Un bilan  « le rôle mondial du brésil »

Peser, juger en fonction des critères connus.

 

  • Une question «  Quelle insertion dans la mondialisation pour les Etats au Sud? »

Répondre à la question de manière claire et nuancée.

 

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8 mars 2015 7 08 /03 /mars /2015 09:14

le président roosevelt rencontre ibn saoud et d'autres leaders du Moyen Orient, conférence du Quincy, 1945.

Si dans l'Europe de la fin du XIXe siècle, on parle de la "poudrière balkanique", pour qualifier l'instabilité chronique de cette zone du continent, le Moyen-Orient présente avec les Balkans de cette époque bien des traits communs depuis 1945. En effet, cette région du monde , qui s'étire de la méditerranée au sous-continent indien, est une des "zones chaudes" du globe. Les facteurs qui ont conduits à la situation actuelle sont nombreux, et sont le résultat de processus historiques, économiques, religieux, culturels, encore à l''œuvre aujourd'hui , qui rendent ainsi très complexe et délicate toute analyse critique.

On peut situer cependant à la chute de l'empire ottoman en 1918, " l'homme malade de l'Europe" selon le Tsar Nicolas 1er en 1855, les origines des questions qui vont agiter le Moyen-Orient par la suite.Rivalités territoriales, montée en puissance de certains pays , affirmation de doctrines politiques et(ou) religieuses.... Si la première guerre mondiale a été la matrice du XXe siècle, elle est aussi constitutive des mutations qui vont s'observer sur la zone.

Les années 1920-1930 sont ainsi marquées par la difficile mise en place d'une géopolitique régionale où s'affrontent des forces aux ambitions bien différentes...

Ainsi, parmi les traités post première guerre mondiale , celui de Sèvres en 1920 avalise le démantèlement de l'Empire ottoman , donnant ainsi naissance à un espace fragmenté:

( voir manuel Nathan Le Quintrec/Jannin p 116-117)

- fragmentation religieuse, avec un Islam dominant mais divisé en multiples tendances au delà de la césure entre Chiites et Sunnites. On trouve ainsi des minorités chrétiennes, au Liban, en Syrie, en Égypte, en Irak, en Palestine .... sans compter le cas des colons juifs qui arrivent d'Europe dés la fin du XIXe, et qui, avec le mouvement du "retour à Sion" de Théodore Hertzl ( 1860-1904) lancent l'idée d'un État en Palestine , patrie spirituelle des israélites. Ce mouvement est soutenu par des puissances occidentales, en particulier la Grande-Bretagne, comme le montre la déclaration Balfour de 1917 qui appuie officiellement " l'établissement en Palestine d'un foyer national juif". Très vite, cette installation suscite l'inquiétude, puis l'hostilité des populations arabes, l'afflux de ces populations européennes fait éclater des troubles sanglants dés les années 1920.

- fragmentation politique, avec une pulvérisation de régimes politiques très différents, marqués par la surreprésentation de régimes autoritaires, qui entendent se maintenir par une transmission dynastique. Débarrassés de l 'empire ottoman, les nouveaux états qui apparaissent sont marqués par le panarabisme (doctrine politique qui réclame l'union des peuples arabes dominés par les ottomans) et il ne saurait être question de régimes démocratiques. Les Européens vont aussi chercher à remplacer sur place les Turcs, Français et Britanniques s'accordent avec les accords Sykes-Picot de 1916, pour rester sur place après la guerre. La Turquie à partir de 1923 adopte un système résolument tourné vers la modernité, mais ce pays est mené d'une main de fer par Mustapha Kemal, il ne peut être qualifié de démocratique... On note aussi l'apparition de doctrines politiques très diverses, qui vont du bolchevisme au nationalisme exacerbé, en passant par des idéologies originales et locales issues du panarabisme, comme la fraternité nationale en Irak, le néo-destour tunisien, l'istiqlal au Maroc, le Wafd en Égypte, le bloc national en Syrie, l'étoile nord-africaine en Algérie... ces mouvements très locaux cherchent pourtant à assurer la continuation du panarabisme, puisque l'ennemi turc a disparu, en assurant que l'Allemagne ou encore l'Italie ont pu s'unir en surmontant leurs difficultés internes. Des réunions se déroulent dans les années 1930 pour trouver un compromis entre les différents partis.

- fragmentation sociale et économique, avec des populations très pauvres peu ou pas alphabétisées, agriculteurs, pasteurs, ou artisans, et une petite frange très riche, souvent située dans l'entourage du pouvoir, urbaine, tournée vers la modernité, et qui cherche à contrôler des populations dont elle se méfie. La découverte puis l'exploitation du pétrole à partir dés débuts du XXe siècle aiguiseront les appétits territoriaux des européens, avec des marchandages faits au détriment des populations locales (accords Sykes-Picot 1916). Le pétrole va ainsi jouer un rôle prépondérant dans les relations entre le Moyen-Orient et le monde.

La seconde guerre mondiale touche cet espace de plein fouet, l'Égypte est concernée, bien trop proche de la Libye italienne du Duce, elle est vite défendue par la grande Bretagne . l'Irak, ou un coup d'État met des officiers nationalistes hostiles aux Britanniques au pouvoir en 1941 choisit le camp de l'axe, la Palestine est impliquée par sa position stratégique au plus prés de canal de suez , tout comme l'Iran par lequel transitent des marchandises américaines destinées à l'URSS, et ou se tiendra une conférence en 1943. Les terres du Levant Français ( Liban, Syrie) voient se déchirer partisans de Vichy et de la France libre sous le regard des dirigeants locaux qui attendent leur heure...

. En 1945, le retour à la paix dans le monde est aussi un temps de changements pour le Moyen-Orient. Les colonisateurs sont très affaiblis et les nouvelles puissances qui émergent du chaos sont hostiles, par principe politique, à la colonisation. Pourtant, dés les années 1930, les USA ont des relations privilégiées avec ce qui sera l'Arabie saoudite, en s'assurant en particulier un accès facile au pétrole, en échange d' un soutien inconditionnel des USA à la dynastie des Séoud. Une nouvelle ère s'ouvre donc, mais très vite, le Moyen-Orient est rattrapé par la guerre froide ... Les conflits reprennent donc.

Pourquoi la zone du Moyen-Orient est-elle une zone de conflit dont les résonances débordent très largement de l'espace régional ?

Dans une première partie nous verrons que la région est un espace d'enjeux variés.

dans une seconde partie, que le Moyen Orient est un espace d'affrontements depuis 1945

dans un troisième temps enfin, nous nous attarderons sur l'Islam comme vecteur d' idéologies politiques, des années 1920 à aujourd'hui.

I) le Moyen-Orient , une région à forts enjeux.

1) une mosaïque culturelle et religieuse, la délicate question de l'identité.

La complexité ethnique et religieuse du Moyen Orient.

La complexité ethnique et religieuse du Moyen Orient.

emblème du Hezbollah Chiite libanais
emblème du Hezbollah Chiite libanais

Le Moyen Orient est le berceau des trois monothéismes, et les grandes religions ont ainsi cohabité pendant des siècles de manière plus ou moins pacifique. on trouve aussi trois grandes ethnies qui se partagent l'essentiel de la région.

Au nord, la population Turque de confession majoritaire sunnite, installée sur la zone avec la conquête ottomane, et qui dispose sur les marges russes de relais avec les républiques turcophones issues de l'éclatement de l'URSS en 1991.

Plus à l'Est, on trouve des populations de langue et de culture perse, de confession musulmane chiite, dont certaines communautés sont disséminées dans tout le moyen orient...

Au sud de la Turquie se localisent les populations arabophones, mais de confessions variées (voir carte p 130) qui cohabitent tant bien que mal. A partir de la fin du XIXe siècle, c'est aussi dur cet espace que vont se localiser des population juives d'Europe qui s'installent en Palestine via le projet sioniste ( voir introduction).

Dans la péninsule arabique, on trouve une relative unité ethnique, mais, là encore, il existe des minorités disséminées, comme au Yémen, au Qatar, en Arabie Saoudite par exemple où se trouve une minorité chiite.

C'est au moyen orient que se trouvent les villes saintes des religions monothéistes, avec en particulier Jérusalem, la ville trois fois sainte.

hors période de tensions spécifique comme les croisades au Moyen-âge, ou bien lors du déclenchement d'exactions, comme en 1915 contre les arméniens, et la composante religieuse de ce dernier épisode étant à relativiser, puisque c'est l'affirmation du nationalisme turc qui est l'élément essentiel des massacres...

Dans les décennies suivantes, c'est aussi l'affirmation du nationalisme arabe qui aboutit à l'éloignement des différentes communautés, et à l'affirmation d'une spécificité religieuse dans les années 1970, avec la victoire de l'Ayatollah Khomeiny en Iran et l’installation d'une théocratie. Apparaissent ainsi des mouvements qui sont strictement confessionnels, comme le Hezbollah libanais Chiite musulman , ou bien en Palestine, le Hamas palestinien sunnite, créé en 1987, le parti des forces libanaise, chrétien, formé en 1976, un an après le début de la guerre civile dans ce pays.

Il est donc bien évident que la question de l'identité, au Moyen-Orient, dépasse aujourd'hui très largement le cadre de l'appartenance à un état, tous les habitants de cet espace ne sont pas des arabes, et même si cette confession est majoritaire ,tous les arabes ne sont pas musulmans, il y a des arabes chrétiens, israéliens... de même, existe au sein de l'Islam deux grandes familles,

Les chiites et les sunnites, qui entretiennent des liens complexes, sans parler des sous familles de chaque courant qui englobent les Druzes ( Liban), les Alaouites (Syrie), les Ismaéliens ( Syrie)

le moyen-orient , un foyer de conflits depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
carte de la division religieuse du Liban, une "mosaique religieuse"

carte de la division religieuse du Liban, une "mosaique religieuse"

2) une zone géostratégique à l'échelle mondiale

  • Le Moyen Orient est un pont entre l'Orient et l'Occident, toutes les puissances qui ont dominé la zone ont compris et exploité le rôle de carrefour entre ces deux mondes. Dans l'antiquité, les romains, étaient fascinés par l'Orient, ses royaumes mythiques comme celui de Palmyre, à l'époque médiévale, les ports de l'Est méditerranéen perpétuent une tradition commerciale qui s'est mise en place avec les phéniciens, et on apporte en Occident les produits rares ( épices encens, soie...) Même si, à l'époque moderne, le centre de gravité de l'économie mondiale bascule sur l'Atlantique, avec la découverte de l'Amérique, les ports du "levant" restent les pivots du commerce méditerranéen, mais les relations avec l'occident se distendent, et ne reprendront vraiment qu'après le milieu du XIXe siècle, intervention des français en 1860 pour protéger les minorités chrétiennes du Liban, percement du canal de Suez (1859 - 1869) par Ferdinand de Lesseps, qui prolonge ainsi une présence française sur place de puis 1798, et intervention britannique de 1875 qui fait de l’Égypte libérée de la tutelle ottomane un " protectorat " britannique, essentiel par son contrôle, à la puissance british. Cette route maritime qui s'ouvre, reliant désormais l'Asie lointaine à la méditerranée, porte également un coup terrible à la route terrestre qui relie les mêmes espaces, la célèbre "route de la soie" entre alors dans l'histoire..
le moyen-orient , un foyer de conflits depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

2) un problème régional, l'eau et son partage.

La population du Moyen-Orient  a connu une des croissances les plus spectaculaires du monde entre 1950 et 2012. En effet, l'espace est passé de 80 à 400 millions d'habitants, phénomène qui a enclenché une augmentation de la demande pour les produits agricoles, lesquels, pour être produit localement, doivent disposer d'une grande quantité d'eau ( irrigation), or, cette ressource est limitée dans une région qui est touchée par des situations de stress hydrique ( moins de 1700 m3 d'eau par an/hab), voire, de pénurie( moins de 1000m3  an/hab), situations classiques pour des états qui se localisent tous dans des climats arides ou désertiques...

les conflits de l'eau au moyen orient conférence institut des sciences du vivant et de l'environnement

3) Les hydrocarbures, la guerre de "l'or noir" aura bien lieu...

Le Moyen-Orient est la plus grande zone de production d'hydrocarbures du monde, elle concentre seule plus de 48 % des réserves mondiale de pétrole,( voir document p 118) qui sont non seulement abondantes  mais aussi assez faciles à exploiter

. Depuis la fin de la première guerre mondiale, et le remplacement progressif du charbon par le pétrole, la zone n'a cessé d'être un espace de convoitise pour les puissances industrielles, qui se sont donc "imposées"dans le jeu politique local pour s'assurer un approvisionnement régulier, sur et ...à moindre coût. La formation de compagnies  pétrolières à double identité est de ce point de vue particulièrement éclairante... La tactique utilisée par les compagnies de pétrole les plus puissantes tout autant.

série sur le pétrole dans les relations internationales

série sur l'histoire du pétrole dans les relations internationales.

série sur l'histoire du pétrole dans les relations internationales.

série sur l'histoire du pétrole dans les relations internationales.

A partir de 1945, le pétrole s'impose de manière définitive comme énergie d'une mondialisation qui s'affirme, les gouvernements de la zone monnayent alors leur richesse contre des équipements, du matériel militaire, une "protection "... Ce qui pousse les occidentaux à supporter des régimes fort éloignés des valeurs qu'il prétendent incarner... Cette état de fait va se poursuivre jusqu'aux années 1970 où toute la stratégie des occidentaux vole en éclat avec la guerre Israélo-Arabe de1973.La constitution de l'OPEP, en 1960 avait été un premier avertissement, les producteurs n'entendaient plus se faire dépouiller par les compagnies, mais les divergences entre états membres vont freiner l'efficacité de son action...du moins jusqu'en 1973.

qu'est-ce que l'OPEP ?

L'augmentation du prix du pétrole est une bénédiction pour des états souvent pauvres, ou la richesse est très inégalement répartie. Dès lors, les prix ne vont cesser d'augmenter, le Moyen Orient devient une zone vitale pour l'économie mondiale, surveillée de près par toutes les puissances qui dépendent de cette ressource,

évolution prix du pétrole 1950-2006

évolution prix du pétrole 1950-2006

II) une histoire politique complexe

Comme le reste du monde, le Moyen-Orient devient l'enjeu de la rivalité entre les deux superpuissances de la Guerre Froide. Il s'agit pour elles d'y créer un réseau d'alliances et d'y défendre leurs intérêts politiques, économiques et militaires. Ainsi, dans le cadre de la politique de l'Endiguement définie par la Doctrine Truman (1947), les Etats-Unis se  sont rapprochés de l'Arabie Saoudite (cf Pacte du Quincy) dès 1945, afin d’assurer leurs approvisionnement en pétrole,  de la Turquie (qui intègre l'OTAN en 1952) par craint les appétits territoriaux de Staline, lequel n’a pas manqué de mettre en lumière la posture neutraliste de la Turquie pendant la seconde guerre mondiale et son incapacité à protéger les détroits. L’Irak,  l'Iran,  le Pakistan (avec le Pacte de Bagdad signé en 1955 et dissout en 1979) ainsi qu’'Israël qui devient un allié privilégié à partir des années 1960. De leur côté, les soviétiques soutiennent l'Egypte du colonel Nasser, la Syrie ou encore le Sud Yémen. Les soviétiques cherchent en fait à éviter un encerclement qu’ils dénoncent sans relâche.

Pourquoi la création d'israël constitue-t-elle un facteur d'instabilité et de crise dans la région de 1947 à nos jours?

En quoi la Guerre Froide modifie-t-elle les équilibres et les rapports de force dans la zone, pourquoi le proche et le moyen-Orient deviennent-ils des enjeux pour les puissances mondiales et régionales entre 1948 et 1979?

1) La création d'Israel et le coup d'envoi de la guerre froide au Moyen-Orient  ( 1947-1956)

a)  La création d' Israel , à l'origine des rapports de force sur le Moyen-Orient. (1947-1948)

La fin du conflit en 1945 redistribue les cartes dans la région. Britanniques et français ne sont plus en mesure de se maintenir très longtemps sur place, en tout cas, plus de la manière qui avait été celle des accords Sykes-Picot. Américains et Soviétiques sont opposés au processus de colonisation, les USA par leur histoire, ils se sont libérés de la tutelle britannique, L'URSS par idéologie et...calcul politique, en particulier après Mars 1947 et l'annonce de la doctrine Truman. Le cas de la création d'Israel est de ce point de vue évocateur.

Après guerre, la revendication sioniste d’un Etat refuge pour les juifs du monde entier est plus que jamais renforcée par la Shoah. Cependant, le Royaume-Uni, qui veut garantir sa présence sur le canal de Suez, cherche à ménager les peuples arabes. Ainsi, les britanniques continuent à limiter l’entrée en Palestine aux immigrants juifs, y compris aux rescapés des camps d’extermination nazis. L'épisode de "l'Exodus " témoigne de cette politique: le navire, parti de Sète en direction de la Palestine avec à son bord 4500 passagers juifs (dont de nombreux survivants de la Shoah), est arrêté par la marine britannique et ses passagers rapatriés dans la zone d'occupation britannique en Allemagne. Le sort de ses migrants et la dureté de la répression anglaise indigna l'opinion internationale et influença largement la décision de l'ONU de mettre fin au mandat de la Grande-Bretagne en Palestine.

 

l'histoire du bateau exodus en 1947.

Face aux violences croissantes entre les différentes communautés (et également contre eux), les britanniques s’en remettent en effet à l’ONU. Par la résolution 181 du 29 novembre 1947, l’ONU met donc fin au mandat sur la Palestine et établit un partage de la région qui créé deux Etats : un Etat arabe et un Etat juif, avec une zone internationale pour la ville de Jérusalem. Le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclame la naissance de l'Etat d'Israël.

déclaration d'indépendance de l'Etat d'Israel.

b) La guerre civile et la première guerre israélo-arabe (1947-49).

Suite au plan de partage de l'ONU et à la création de l’Etat d’Israël, une guerre civile se déclenche dans l'ancienne Palestine britannique, faisant de nombreuses victimes de part et d’autre. Plus d’une centaine de villageois arabes sont par exemple massacrés par des milices juives, ( irgoun, lehi haganah,)  à Deir Yassine en avril 1948. En représailles, 70 infirmières et médecins juifs sont tués. Pour sécuriser les implantations juives, les autorités sionistes ordonnent la destruction de villages arabes et l’expulsion de leurs habitants : c’est le plan Daleth. Israël organise aussi sa défense en tant qu’Etat avec la création d'une armée (FDI, surnommées Tsahal), officialisée en mai 1948 mais constituée dés 1947.

Cette guerre civile de 1947-48 sert de prélude à la 1ère guerre israélo-arabe. En effet, les Etats arabes de la région refusent la création d’Israël et attaquent le nouvel Etat le 15 mai 1948, le lendemain même de sa proclamation. Rapidement, les israéliens prennent le dessus sur la coalition arabe comprenant l'Egypte, l'Irak, la Jordanie, la Syrie et le Liban. Israël conquièrent une partie de l’Etat Arabe prévu par l'ONU tandis que la bande de Gaza revient à l’Egypte et la Cisjordanie à la Jordanie. Environ 800 000 palestiniens se réfugient à Gaza, en Cisjordanie et au Liban, chassés ou partis de leur plein gré. La paix est signée le 24 février 1949 (armistice de Rhodes), mais les tensions restent importantes entre Israël et ses voisins: le nouvel Etat et ses frontières ne sont pas reconnus par les Etats arabes. Le sort des milliers de réfugiés palestiniens n’est pas réglé par cet armistice.

Durant la période du 15 mai 1948 à la mi-avril 1949, plus de 350 000 Palestiniens (sur les 720 000 de l'ensemble de l'exode palestinien) prennent la route de l'exode, fuyant les combats ou expulsés des zones contrôlées ou conquises par Israël6.

Simultanément, la situation des Juifs dans plusieurs pays arabes s'aggrave à la suite d'émeutes ou de politique ouvertement antisémite comme en Irak et l'émigration des Juifs hors des pays arabes s'amorce.

c) Un pays isolé, associé aux USA (1950-1956)

Dans les années 50, le jeune état doit faire face aux déclarations très hostiles de Nasser, au pouvoir en Egypte, et qui cherche à s'affirmer sur la scène internationale. Lorsque en 1956, il demande un prêt aux USA pour développer son pays, le refus de ces derniers entraine la nationalisation du canal de Suez , détenus par une compagnie franco-britannique. Les deux états européens mettent sur pied une expédition avec l'aide d'Israel , qui souhaite de son côté mener une « guerre préventive » contre un Etat voisin qui multiplie les gestes hostiles à son égard. Cette intervention militaire débute en octobre 1956 mais elle est immédiatement condamnée par l'ONU et les deux superpuissances qui imposent le retrait des troupes franco-britanniques. Cet épisode constitue une véritable victoire diplomatique pour Nasser, victoire qui sonne le glas de la présence des vieilles puissances coloniales européennes dans la région et qui entretient un temps le vieux rêve d'indépendance et d'unité du monde Arabe dont Nasser se définit dés lors comme le leader. Cette crise permet également à l'URSS et surtout aux Etats-Unis d'exposer leur puissance et leur intérêt pour une région hautement stratégique.

 

 

la crise de suez 1956.

2 ) Les guerres Israelo-arabes de 1967 à 1973

A la suite de la crise de Suez, le panarabisme se développe dans le monde Arabe: il triomphe dans l'Egypte de Nasser ainsi qu'en Syrie et en Irak avec la prise de pouvoir du parti BAAS (parti politique laïc fondé en 1947 à Damas, combinant socialisme arabe et nationalisme panarabe). Mais dans la réalité, les Etats arabes restent très divisés et trouvent un point de rassemblement dans la lutte contre Israël. En mai 1967, Nasser ferme le détroit de Tiran aux navires israéliens et procède à d'importants mouvements de troupes dans le Sinaï. En réaction Israël lance une "attaque préventive" contre l’Egypte, la Syrie et la Jordanie. Tsahal écrase les armées arabes en 6 jours. Israël occupe alors de nouveaux territoires : le plateau du Golan, la Cisjordanie et le désert du Sinaï. Le Conseil de sécurité de l’ONU vote la résolution 242 qui exige la restitution des territoires occupés par Israël et la reconnaissance de l’Etat d’Israël par ses voisins.

 

 

 

La guerre des six jours, juin 1967

Le 6 octobre 1973 (Jour de la fête juive du Grand Pardon, le Yom Kippour), les Egyptiens (dirigés depuis 1970 par Anouar el-Sadate) et les Syriens (emmenés par Hafez el-Assad) lancent une offensive simultanée dans le Sinaï et le Golan afin de récupérer les territoires perdus en 1967. Les Israéliens, un temps surpris, parviennent  à repousser les assaillants. Ils arrivent même aux portes du Caire, mais les Soviétiques (qui soutiennent les Etats arabes), les Américains (qui soutiennent Israël) et L’ONU imposent un cessez-le-feu. La guerre se termine par un statu-quo le 25 octobre 1973, ainsi que par une envolée du prix du pétrole ,que les états producteurs ont utilisé comme une arme pour faire pression sur les grandes puissances, en particulier occidentales.

La guerre de Kippour, 1973.

Les accords de Camp David sont signés entre le président Egyptien Anouar El-Sadate et le 1er ministre Israélien Menahem Begin en septembre 1978, sous la médiation du président américain Jimmy Carter. Ils furent suivis de la signature du premier traité de paix entre Israël et un pays arabe : le traité de paix israélo-égyptien de 1979. En fait, les fondements de la paix ont été posés dés 1977, lorsque Sadate s'est rendu à la Knesset pour proposer une paix entre Israël et son pays. Ces accords permettent en tout cas de débloquer une situation qui n'avait pas évolué depuis 1973. Ils prévoient l'évacuation du Sinaï par Israël et le placement sous l’autorité palestinienne des territoires occupés ainsi que la reconnaissance de l'Etat hébreux par l'Egypte. C’est donc un grand pas pour la paix après 30 ans de conflits et, jusqu’à aujourd’hui, il n’y a d'ailleurs plus eu de guerres directes entre un Etat arabe et Israël. Begin et Sadate reçoivent le prix Nobel de la paix en 1978. Mais Sadate est rapidement accusé d'avoir trahi la cause arabe en abandonnant ses alliés de la région. L'Egypte est exclue de la ligue Arabe en 1979 et Sadate est assassiné en 1981 par des Islamistes. Le rêve du panarabisme s'éteint.

 

 

les accords de camp David (1978) l'espoir d'une paix au Moyen-Orient ?

3) l'insoluble problème palestinien depuis 1948.

Depuis l'installation des colons juifs en Palestine, il n'a pas été possible de réunir les deux communautés sur un même espace, et, des premières violences dans les années 1920, on passe à une situation d'affrontements systématiques, obligeant les deux camps à militariser leurs rapports. La seconde guerre mondiale terminée, les affrontements se poursuivent, le partition de la Palestine décidée par l'ONU n'est pas acceptée par les pays arabes . La proclamation de l'Etat D'Israel et la guerre immédiate qui s'en suit est une catastrophe pour beaucoup de palestiniens qui fuient leur terre vers les pays arabes voisins. Le problème palestinien devient un problème arabe.

la ville de Jérusalem entre 1920 et 1939

les palestiniens et l'Al Nakba ( "la catastrophe") en 1948.

b. La radicalisation du mouvement national palestinien.

 Dans les anées 1950, les palestiniens ne sont pas en mesure de s'opposer à l'Etat israélien, en dépit de mouvements politiques qui s'organisent, le soutien des nations arabes est plutôt mou, et il en résulte un grand désarroi chez les palestineiens. Une des conséquences importantes de la guerre des Six-Jours est la radicalisation des mouvements palestiniens (les Palestiniens de la bande de Gaza et de Cisjordanie sont en effet placés sous un régime d’occupation israélien). En 1968, L'OLP ("Organisation de Libération de la Palestine", fondée en 1954) amende sa charte en mettant l'accent sur la libération totale de la palestine, le développement de la lutte armée et la destruction d'Israël. Yasser Arafat, leader du Fatah dont il est le fondateur ("mouvement de Libération de la Palestine" fondé en 1959 ) prend le contrôle de l’OLP  en 1969  et met en oeuvre se programme tout en se séparant de la tutelle des Etats arabes. Ainsi en septembre 1970, le roi Hussein, qui souhaite apaiser ses relations avec Israël, chasse l’OLP de Jordanie qui se replie au Liban d'où elle poursuit sa lutte contre Israël. L’organisation met en place des formes d’action terroristes comme de détournements d’avion et des attentats, notamment ceux des Jeux Olympiques de Munich en 1972 où des membres de l'équipe olympique israélienne sont pris en otage par des membres de l'organisation "Septembre Noir" lié à l'OLP. 11 athlètes isréaliens y trouveront la mort, ainsi que 5 des 8 terroristes.

En représailles, Israël lance l'opération Colère de Dieu; il s'agit d'une traque menée par le Mossad (les services secrets israéliens) des membres survivants ainsi que des raids contre les camps de réfugiés et les villages situés à la frontière avec le Liban. Si les conflits ouverts entre Israël et ses voisins se terminent après les accords de Camp David en 1978, c'est désormais la "question palestinienne" qui occupe le devant de la scène.

 

Les jeux olympiques de Munich en 1972, prise d'otages.

 le conflit israélo-arabe n’a fini pas de s’éterniser en longueur. Après la guerre du Kippour, le Liban est la grande victime de la question palestinienne. A partir de 1975,  La guerre civile y oppose les chrétiens au camp palestino-progressiste ce qui a pour conséquence une intervention de plus en plus marquée des pays voisins. la Syrie et Israël, qui contrôlent en fait le pays. Dans les territoires occupés depuis 1967, Israël encourage la colonisation juive, ce qui débouche sur un nouveau type de guerre très original, l’Intifada ou "guerre de pierres" en 1987, bien que les armes à feu soient aussi de plus en plus employées. Le problème palestinien se complique encore plus du fait de l’influence des mouvements intégristes qui menacent de supplanter l’OLP. C'est ainsi le cas du Hamas, qui se pose en rival de l'OLP en palestine, il s'agit d'un mouvement qui est en fait l'aggrégat de trois dirigeants issus des frères musulmans. Face à une situation de plus en plus critique, Y. Arafat décide en 1988 de fonder un "Etat Palestinien" avec un gouvernement en exil à Tunis, et proclame le renoncement au terrorisme et reconnaît l’Etat d’Israël. Les EUA acceptent alors de dialoguer avec l’OLP. En 1991, s’ouvre les négociations de Madrid qui débouchent finalement le 13 septembre 1993 sur la signature par Y. Arafat, I. Rabin et B. Clinton de la déclaration de Washington qui organise l’autonomie des territoires occupés (Bande de Gaza et Jéricho). Mais l’assassinat de Rabin en 1995 et l’intransigeance de la nouvelle administration israélienne au sujet des colonies juives de Cisjordanie rendent les efforts pour la paix compliqués. Le conflit repart de plus belle à partir de la fin des années 1990, Les suites des attentats du 11/01/2001, les manifestations de joie à Gaza qui suivent, font perdre en occident beaucoup de sympathie à l'égard de la cause palestinienne, ou la lutte pour l'appartion d'un Etat conduite par le Hamas pose problème. la mort d'Arafat en 2004, la victoire aux élections du Hamas en 2006 ont encore rendus plus difficiles les espoirs de construction de la paix. Les actions menées depuis Gaza contre Israel à partir de cette date ( attentats suicides, tirs de roquettes), la construction du mur par l'Etat hébreu depuis cette date pour se protéger des attentats suicides, les représailles conduites par Tsahal en territoire palestinien rendent l'espoir d'une paix bien improbable...Les actions menées contre le Hezbollah par l'armée israélienne pendant la deuxième guerre du Liban en 2006 montrent aussi que la situation de guerre  tend à devenir l'état normal des relations entre les différents acteurs dans la zone... La reprise des hostilités ente les différents camps n'est donc souvent qu'une question de temps...

accords de paix 1993.

III) La montée en puissance de l'Islamisme dans les relations internationales depuis 1979, Un Moyen-Orient de plus en plus instable

1) Un espace qui sort progressivement de la logique d'affrontement Est-Ouest, où l'année 1979 annonce des bouleversements géopolitiques majeurs.

Dans les années 1970, on s'apperçoit que les deux grands ont de moins en moins d'emprise sur le Moyen-Orient. L'insoluble problème Israelo-arabe d'une part, et la radicalisation politique et religieuse qui s'observe dans certains pays rendent toute lecture politique des évènements compliquée.

Ainsi, la destabilisation de l'Afghanistan, la révolution Iranienne ,qui chasse la dynastie des Pahlavi en Iran, confronte le monde avec l'Islamisme

Définition Larousse : Mouvement regroupant les courants les plus radicaux de l'islam, qui veulent faire de celui-ci, non plus essentiellement une religion, mais une véritable idéologie politique par l'application rigoureuse de la charia et la création d'États islamiques intransigeants.

 

l'afghanistan 1979-1989.

En Iran, La Révolution qui chasse le Shah en février 1979  porte au pouvoir l'ayatolah Khomeiny, exilé depuis 14 années, et qui est accueilli en triomphateur. Il feint d'accepter les mouvements qui, non liés au sien,  ont permis la chute du régime, mais très vite, il élimine ces  derniers et instaure un régime original, une théocratie.

Le "régime des mollahs" supprime très vite toute opposition, et lance contre les élites du précédent pouvoir de terribles représailles.  (voir Marjane Satrapi "persépolis").

Le régime ne va dès lors plus cesser d'appuyer les luttes des minorités Chiites au Moyen Orient, ce faisant, l'Iran monter très clairement son ambition de devenir la puissance régionale de référence, au grand dam de ses voisins, l'Irak Baasiste  (voir parti Baas http://www.lesclesdumoyenorient.com/Parti-Baas.html) dirigée par les sunnites, d'une part ,qui compte une majorité de Chiites au Sud dont le régime se méfie, et l'Arabie Saoudite, protégée par les USA, "le grand satan" pour le régime Iranien. Très vite, la situation dégénère avec l'Irak, avec qui l'Iran entre en guerre en 1980. La communauté internationnale s'avère incapable de mettre fin à ce conflit ou les deux camps recoivent l'appui de l'extérieur, ( USA/occidentaux pour l'Irak, URSS pour l'Iran) la guerre dure 8 ans, et s'échève par un status quo, a ceci près que le nombre de morts est impressionnant pour un conflit régional ( plus de 200 000 pour l'Irak, plus de 500 000 pour l'Iran)

 

2) l'Islam radical à la conquète du moyen-Orient depuis le début des années 1990.

Avec la fin de l'empire soviétique annoncé dès 1990, l'intervention en Irak des troupes occidentales debut 1991, , le fondamentalisme religieux trouve un nouveau souffle dans la lutte contre un occident prédateur, " les croisés" venus en terre d'Islam pour imposer leurs règles.

Oussama ben Laden, chef d' Al qaida, http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/al-_Qaida/139920, se détourne alors de sa terre de naissance, et entre en conflit avec les "régimes apostats" qu'il considère comme des traitres. Il trouve en Afghanistan à partir de 1996 des appuis pour mettre en place des camps d'entrainement à une lutte contre les "mécréants" conter lesquels il veut lutter. Puis, en 1998, il lance conte les intérêts des USA des attentats dans des ambassades en Afrique (Tanzanie/Kenya) et en 2000, une attaque conte un navire de guerre des USA, l'USS cole.

Après le 11 sptembre 2001, Al qaida devient l'incarnation du "choc des civilisations " annoncé par Samuel Huntigton, http://agora.qc.ca/documents/civilisation--le_choc_des_civilisations_selon_samuel_p_huntington_par_marc_chevrier.
Ennemi déclaré des USA et de l'occident, Al qaida fait basculer le monde dans un nouveau rapport de force, après la logique Est-Ouest de la guerre froide, une autre logique s'impose, celle d'un monde multipolaire complexe, dont le Moyen-Orient est le pivot. Les USA lancent la guerre contre le terrorisme, interviennent en Afghanistan en 2001, Irak en 2003. C'est l'occasion pour Ben Laden, pourchassé par les USA de relancer la lutte contre les "infidèles".
 
 
Ben Laden appelle à la guerre sainte après l’intervention américaine en Irak.
Sachez que cette guerre est une nouvelle croisade contre le monde musulman et quelle
sera décisive pour la communauté musulmane toute entière. Donc, ô jeunes musulmans
de tous lieux et surtout dans les pays voisins de l’Irak et au Yémen, vous devez mener la
guerre sainte convenablement car des voix se sont élevées en Irak, comme auparavant en
Palestine, en Égypte au Yémen et ailleurs, appelant à une solution pacifique et
démocratique, à la collaboration avec les régimes apostats (qui abandonne la religion), ou
avec les envahisseurs juifs et croisés, plutôt qu’à la guerre sainte; bref il faut prendre garde
à cette méthode fausse et trompeuse contraire à la loi de Dieu. Comment pouvez-vous
soutenir la guerre sainte sans combattre pour la cause de Dieu ? Allez vous faire marche
arrière ? Ces hommes là ont affaibli la puissance des musulmans sincères et ont adopté
comme références humaines, la démocratie, la religion païenne, en entrant dans les
parlements, ceux-là se sont égarés et en ont égaré beaucoup. Chacun sait que tout
gouvernement formé par les États-Unis, à l’instar des gouvernements de notre région, est
un gouvernement fantoche et traître, qui a été créé pour éteindre la flamme du Djihad.
 
Oussama Ben Laden,Seconde lettre aux musulmans d’Irak, diffusée
le 18 octobre 2003. né en 1957 en Arabie saoudite entrepreneur millionnaire, il finance la résistance afghane conte les Soviétiques, puis il organise Al Qaïda. Critiquant ouvertement la famille saoudienne,il est déchu de sa nationalité et interdit de séjour dans son pays en 1994
 
Le conflit en Irak, ses prolongements politiques et les attentats en Europe en 2004 et 2005 font du terrorisme islamique une des principales menaces pour le monde, et un facteur décisif de la destabilisation du Moyen-Orient à partir du début des années 2000. La combinaison des différents facteurs aboutissant à la fin des années 2000 à la contestation des pouvoirs autoritaires de la région, par une population exédée par les difficultés de la vie quotidienne, la corruption, la violence policière ( épisodes des printemps arabes de 2011 en Egypte, en Syrie, au Yémen....) Appuyés par les frères Musulmans et leurs avatars locaux, ces mouvements débouchent parfois sur des changements, mais se heurtent aussi à la résistances des dictateurs, qui ne renancent pas au pouvoir. Les luttes d'influences faisant le jeu d'une nouvelle mouvance encore plus radicale et qui cherche à recréer le Califat, l'Etat Islamique. Plus que jamais la zone se retrouve dans une situation de tension globale extrême...
 

 

 

 

 

 

Conclusion : Depuis 1945, la Moyen-Orient est donc au coeur des relations internationales, espace clé de la guerre froide, où se sont déroulées plusieurs crises majeures, il est l'objet d'alliances contradictoires, et reste divisé par la question de la palestine. Terre riche en pétrole , mais occupée par des populations souvent très pauvres, le Moyen-Orient, comme le Tiers-monde dont il est issu, n'échappe pas aux contestations, à la progressive division politique au fur et à mesure que s'éloigne le mirage panarabiste après  la mort de Nasser en 1970. L'essor de l'Islamisme montre l'échec des politiques locales, et l'incapacité des états à repondre aux besoins des populations. La lutte d'influence sur la zone entre l'Iran et l'Arabie Saoudite, les interventions occidentales à partir de 1990,  rendent l'instabilité chronique au Moyen-Orient à partir de cette date. L'impossibilité d'une solution acceptable dans le conflit entre palestiniens et israeliens depuis 1948, rend pessimiste sur l'évolution de la place du Moyen-Orient dans les affaires du monde.

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Published by histoire-geo
8 mars 2015 7 08 /03 /mars /2015 08:14

En vue du brevet, il est impératif pour chaque question étudiée de constituer une fiche de synthèse qui réponde aux attentes institutionnelles de la matière, en particulier la capacité à répondre avec précision à certaines questions.

- des notions essentielles du chapitre doivent être maîtrisées.

- des dates qui jalonnent les périodes étudiées sont à apprendre par cœur , et font l'objet d'une évaluation spécifique pour le brevet (repères historiques depuis la classe de sixième)

- des acteurs des périodes historiques, des localisations précises des chapitres de géographie doivent être connus. Ils sont essentiels à la réussite lors des évaluations.

Deux compétences fondamentales sont exigées en géographie.

- décrire et expliquer une situation.

Exemple: la question de l'étalement urbain et des mobilités pour la métropole de Toulouse dans le cours.

Il convient de rajouter à cela:

- localiser et situer , actes fondamentaux de la géographie.( la localisation est aussi une évaluation spécifique du brevet, avec une maitrise des espaces qui porte sur les acquis de toutes les classes du collège)

L'apprentissage est obligatoire pour ces capacités. On doit passer par la réalisation de croquis pour la maitrise de ces compétences. Cet exercice terminal des questions étudiées est travaillé tout au long du collège.

Exemples:

- localiser les dix premières aires urbaines française sur une carte

- l'inégale répartition de la population française sur le territoire et ses dynamiques, y compris migratoires.

- connaître le territoire français et ses espaces ultramarins.

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27 février 2015 5 27 /02 /février /2015 07:50
Mao Zedong, le "Grand Timonier" à la tête de la République Populaire  de Chine de 1949 à 1976.

Mao Zedong, le "Grand Timonier" à la tête de la République Populaire de Chine de 1949 à 1976.

Introduction :

"Quand la Chine s'éveillera... alors le monde tremblera" . Cette phrase, qui est tirée d'un ouvrage d'Alain Peyreffite, ministre de Charles de Gaulle, est en fait une citation de Napoléon. Elle illustre dans les années 1960 le nouveau rôle joué par la Chine dans les relations internationales, et l'intérêt que lui porte certaines nations , dont la France, dans un contexte de guerre froide exacerbé.

Ce pays est depuis l'antiquité un des foyers de peuplement majeur du monde, et au XVIII e siècle, il est le pays le peuplé du monde. Autocentré, convaincu de la supériorité de sa civilisation, " L' Empire du milieu" est caractérisé par une culture riche, une administration efficace... et une lutte pour le pouvoir de tous les instants au sommet de l’état. Le pays alterne les phases d'ouverture et de fermeture, au gré des vicissitudes de son histoire, de l'expansion et la contraction de sa surface, ou de son influence sur le continent...

Au XIX e siècle, la Chine manque le virage économique de la révolution industrielle et reste une puissance basée sur l' agriculture et le commerce et demeure  à la merci des catastrophes naturelles qui occasionnent des famines terribles... Elle ne peut pas s'opposer aux appétits territoriaux des occidentaux qui forcent l'ouverture du pays à partir de 1860, période forte de la colonisation, ce sont les  "traités inégaux", réduisant le pouvoir de l'Emperieur. Les "seigneurs de guerre" s'affranchissent du pouvoir central auquel ils sont en  théorie soumis... A  la fin du siècle, les occidentaux sont maitres des grandes villes chinoises...

Les occidentaux se partagent " le gâteau chinois" , sous le regard d'un mandarin ( fonctionnaire de l'Empire) qui est impuissant.

Les occidentaux se partagent " le gâteau chinois" , sous le regard d'un mandarin ( fonctionnaire de l'Empire) qui est impuissant.

Shanghai dans les années 1920-1930 avec la présence des Européens

Peu de temps après la nomination du dernier empereur de Chine, Pu-YI en 1908, le pays est en proie à de graves troubles, En effet, après la révolution de 1911, le Guomintang ( parti nationaliste chinois) créé par Sun Yatsen, proclame la république, L'empire disparait en 1912. Mais le Guomintang ne peut se maintenir au pouvoir, parti démocratique et socialiste modéré, il est victime de luttes internes graves, Sun Yatsen est obligé de se réfugier au Japon, Il modifie son idéologie et adopte une ligne révolutionnaire. Il revient en Chine en 1918, et cherche à imposer ses idées, dans la région de Canton en particulier, mais il se heurte aux seigneurs de guerre locaux et manque de moyens... En 1919 éclate la révolution du 4 mai, menée par 3000 étudiants à Pékin qui protestent contre le traité de Versailles, qui cède une partie de leur pays au Japon. En 1922, Sun Yatsen est contacté par des agents de l'URSS, qui lui proposent une alliance avec le PC Chinois fondé en 1921. Il reçoit une aide financière et militaire de l'URSS, les deux partis forment un front uni pour lutter contre les "seigneurs de la guerre". La guerre civile éclate alors, elle oppose les deux partis à ces derniers . A partir de leur base du sud, les nouveaux associés cherchent à étendre leur influence, mais en 1925 Sun Yatsen meurt. Son successeur , Tchang kai chek, est un nationaliste , et il n'accepte pas la codirection avec le parti communiste chinois, en avril 1927, à Shanghai, il lance de terribles massacres dans la ville contre la population et les communistes, c'est la rupture entre les deux partis.

La guerre civile en Chine dans les années 1920.

Pendant dix ans, les deux partis vont se livrer une guerre sans merci, mais l'invasion de la Chine par le Japon en 1937 et les atrocités commises par les troupes japonaises forcent les deux partis à s'allier à nouveau., alliance qui durera tout le temps de conflit.

La chine dans les années 1930-1940.

En 1945, la Chine accède au conseil de sécurité de l'ONU, mais dès 1946, la lutte ente les nationalistes et les communistes reprend. En 1949,les nationalistes de Tchang Kai check sont vaincus. Le Parti Communiste Chinois déclare la création de la République Populaire de Chine, le premier octobre 1949, Mao Zedong en devient le premier dirigeant.

Problématique : Depuis 1949, quelles voies ont-été suivies par la Chine pour accéder au statut de puissance mondiale ?

I) La République Populaire de Chine , une fille de l'URSS à la puissance limitée ( 1949-1976)

1) la mise en place du régime

A) Un autre satellite de l'URSS ?

• "Révolution et terreur rouge". En 1949, la chine ne produit plus que 75% du riz d’avant guerre et sa production industrielle n’est que de 55% de celle de 1936. Le pays est épuisé par plus de 20 ans de guerre, La priorité du nouveau gouvernement est donc la reconstruction. Le régime doit récompenser ceux qui ont soutenu Mao Zedong, les paysans et...les femmes.

En 1950 la famille patriarcale est abolie, les femmes gagnent l’égalité juridique

La terre des grands propriétaires est redistribuée à 300 millions de paysans (45% des terres changent de main)

"La terreur rouge" fait entre 4 et 6 millions de victimes. Les autorités locales doivent identifier au moins une famille d’ennemis du peuple par village. Le goulag chinois (laogai) est inauguré

• « Pencher d’un seul coté »
Mao choisit alors de « pencher d’un seul coté » (1949), c’est à dire de rejoindre le camp soviétique. En 1950 un traité d’amitié, d’alliance et d’assistance mutuelle est signé. Les USA sont furieux, ils doivent revoir leur stratégie en Asie, en particulier vis à vis du Japon. Les nationalistes réfugiés à Taïwan deviennent les seuls représentants de la Chine à l'ONU, au conseil de sécurité.

L’URSS obtient des bases à Port-Arthur et Dalian en vertu d'accords avec la Chine, l'URSS "protège" ainsi le littoral chinois d'une éventuelle agression des USA. les accords se poursuivront jusqu'en 1955.

En octobre 1950 la Chine envoie un million de « volontaires » secourir l’armée nord-coréenne en déroute devant l’intervention de l’ONU. ( voir cours sur la puissance des USA) Le général Mac Arthur propose de bombarder les grandes villes chinoises avec l’arme atomique mais il est révoqué par le président Truman en 1951. Les différentes actions militaires se soldent par un relatif "status quo",à ceci près que l'on compte près de 2.4 millions de morts, dont 54 000 américains...

. C'est une période très compliquée pour les USA qui entrent dans la période la chasse aux sorcières" et du "Roll Back " avec l'arrivée au pouvoir d'Eisenhower en 1953.

A partir de 1953, alors que l’armistice de Pam Mun Jon met fin à la guerre de Corée, l’ancrage sur le modèle soviétique se confirme :

des plans quinquennaux mis en place
◦ une constitution sur le modèle soviétique est adoptée
◦ la collectivisation des te
rres, qui tardait, est accélérée

◦ les entreprises industrielles sont nationalisées.

2 – Une nouvelle influence en Asie

Une Chine plus étendue ?

La République populaire reprend en grande partie le contrôle de l’espace de l’empire chinois :

Le Tibet, quasi indépendant depuis 1913, est envahi en 1950 ; la RPC impose un accord qui le place sous souveraineté chinoise en 1951. Le dalaï-lama, chef politique et religieux du Tibet accepte de jouer un rôle officiel jusqu’en 1959, date à laquelle il s’enfuit en Inde à la grande fureur de Mao Zedong. Commence alors pour le Tibet une phase de colonisation par l'ethnie Han majoritaire.

L’URSS rend le Xinjiang ( extrême ouest ) à la Chine en 1949 et ses bases (Port-Arthur, Dalian) en1955.
En revanche la Chine, à la faible marine, ne peut s’emparer de Taïwan, soutenue par les Américains (traité de défense de 1954, en pleine période de pactomanie américaine)

La RPC, deviennent des leaders du tiers-monde qui se constitue, alors que la décolonisation très avancée en Asie débute à peine en Afrique.
Les USA qui organisent un embargo contre la Chine.Ils deviennent alors les ennemis principaux du régime ; ils sont dénoncés comme un « tigre de papier » par Mao zedong qui entend par là que les USA sont une puissance qui à l'apparence de la puissance. Sur la scène internationale, la Chine apparaît à différentes occasions, grâce au rôle clé quelle joue pour soutenir les forces communistes dans les grandes crises asiatiques du début de la Guerre froide : guerre de Corée et guerre d’Indochine :

  • en 1953 elle figure à la table des négociations de l’armistice de Pam Mun Jon qui met fin au conflit en Corée.
  • en 1954, son ministre des affaires étrangères, Zhou Enlai, est un des artisans des accords de Genève qui mettent fin à la guerre d’Indochine avec la France.
  • en 1955 la Chine, pourtant proche de l’URSS, participe à la conférence de Bandung qui rassemble les partisans de non-alignement. Elle se rapproche de l’Inde et apparaît comme un possible chef de file des peuples du tiers-monde luttant pour leur indépendance. C'est cependant une attitude assez étrange, puisque la Chine fait partie du camps socialiste, il faut ici comprendre que la mort de Staline marque le début d'un éloignement entre la Chine et l'URSS, éloignement qui éclatera au grand jour après le XXe congrès du PCUS en 1956 ou Khrouchtchev annonce la Déstalinisation , ce que refuse Mao Zedong.

la conférence de Bandung et l'intervention de Zou Enlai, ministre des affaires étrangères de Mao Zedong

B – La rupture avec l’URSS, la Chine à la recherche d'une voie propre pour le socialisme (1957 – 1976)

1 – La Chine s’éloigne puis rompt avec l’URSS

- L’éloignement
En 1956 les dirigeants chinois accueillent mal les nouvelles qui leur viennent du XXe congrès du Parti communiste de l'union soviétique. Ils rejettent l’idée de "coexistence pacifique" de Khrouchtchev comme celle d’une évolution pacifique vers le socialisme. D’autre part, le culte de la personnalité de Mao plus vigoureux que jamais entre en contradiction avec les idées nouvelles de Khrouchtchev
Mao fait lui-même une critique du modèle soviétique, veut se doter de l’arme nucléaire, et cherche la"voie chinoise vers le socialisme"

- Une rupture inévitable
L'URSS abroge son traité de coopération nucléaire avec la Chine, rappelle ses experts en 1960. La rupture est officielle en 1962 alors que des incidents de frontière éclatent au Kazakhstan. Lors de la crise de Cuba en octobre de la même année, Pékin critique Moscou d’abord pour son aventurisme et à l’issue de la crise pour sa capitulation, ce que Mao considère comme un affront au socialisme.
La Chine affirme son indépendance en refusant de signer le traité de Moscou de 1963 qui met fin aux essais nucléaires atmosphériques et fait exploser sa première bombe A en 1964. Elle se rapproche au même moment de la France, qui voit en La Chine un interlocuteur dans le camp socialiste, comme elle même se voit en alternative aux USA...

Elle développe la théorie des "Trois mondes" qui régiraient l’ordre géopolitique mondial en 1974:

  • Les deux superpuissances à la recherche de l’hégémonie régionale : l’URSS et les États-Unis. Elles représentent une grave menace pour les autres. L’URSS est jugée la plus agressive et la plus dangereuse.
  • Les autres pays développés : ils sont liés aux superpuissances par un rapport de dépendance, mais essayent de lutter contre elles.
  • Les pays en voie de développement et la Chine : ils ont des intérêts communs reposant sur la lutte contre l’hégémonie du premier monde.

2 – Les politiques utopiques de Mao Zedong

Mao se dirige vers d’autres solutions que celles préconisées à Moscou et mène plusieurs expériences volontaristes successives :
L'épisode des « Cent Fleurs » et le « Grand bond en avant » (1957- 1961)
En février 1957 Mao Zedong demande que les bons communistes dénoncent les « mandarins rouges », responsables des injustices et des difficultés. C’est le « mouvement des Cent Fleurs » pendant lequel les intellectuels, les étudiants, les ouvriers s’en prennent au parti unique et qui vire parfois aux troubles dans certaines provinces. L’impopularité du régime et de ses cadres surprend Mao zedong et au mois de juin 1957 le parti, effrayé par la tournure des évènements dénonce les « fleurs vénéneuses » et met fin au mouvement. Deng Xiaoping, chef du secrétariat du parti conduit la répression : plus d’un million de Chinois de tous horizons sont sanctionnés, généralement exilés pour une vingtaine d’année au fin fond des campagnes.

En mai 1958 est lancé le « Grand bond en avant ». On généralise les communes populaires, qui regroupent des villages. Ce sont à la fois des unités de production agricole et industrielle visant à l’autosuffisance, et le nouveau cadre administratif, politique, social et militaire du pays. Les paysans sont mobilisés pour des grands travaux, des hauts fourneaux de petite capacité sont construits dans chaque commune, les repas gratuits sont pris en commun et les paysannes jettent leurs casseroles pour fabriquer de l’acier, qui se révèle inutilisable.... La récolte 1958 est bonne, et on envisage le passage au communisme pour un avenir très proche.

Mais le « Grand bond en avant » tourne à la catastrophe car les paysans ne peuvent pas travailler à leurs récoltes, (puisqu'ils sont réquisitionnés pour les travaux industriels) qui pourrissent sur pied. Le parti n’ose pas critiquer Mao de peur des sanctions , et ce dernier poursuit cette politique alors même que les responsables du parti se rendent compte du désastre et de l’effondrement de la production (200 millions de tonnes de céréales en 1958 → 148 en 1961) : entre 18 et 23 millions d'habitants (pour 650 millions d’habitants) meurent de faim entre 1959 et 1961 (« les Trois années noires ») Liu Shaoqi, numéro 2 du régime, met fin à cette politique et remplace Mao Zedong à la présidence de la République et lance, avec Deng Xiaoping, une redistribution des terres collectives aux familles qui s’engagent à livrer une partie de la récolte à l’Etat et peuvent disposer du reste.

La « révolution culturelle » (1966 – 1969)
Mao Zedond n'entend pas abandonner le pouvoir, et réagit en lançant une révolution dans la révolution pour éliminer les « mandarins rouges » qui s’opposent à lui (Liu Shaoqi, Deng Xiaoping). Pour cela il appelle à la "révolution culturelle".

En 1964, sa femme, Jiang Qing, réforme l’opéra de Pékin en y faisant jouer des pièces mettant en scène des héros positifs communistes.

L’armée distribue le « Petit livre rouge », des citations de Mao qui doivent servir de catéchisme à tous les Chinois.

En 1966, à l’université de Pékin, des dazibaos, « affiches en gros caractères », dénoncent les « révisionnistes » ceux qui critiquent Mao Zedong, qui sont attaqués par des groupes d’étudiants maoïstes, c’est le véritable début de la révolution culturelle qui va durer 3 ans, jusqu’en 1969. le maoïsme devient même en occident une posture politique, chez les étudiants en mai 1968 en France par exemple. On livre à la jeunesse déchainée des Gardes rouges les « cadres engagés dans la voie de la restauration du capitalisme, les Khrouchtchev chinois et leurs complices », on détruit les bâtiments, des statues, des "vieilleries" car « toute rébellion est juste ». Les Gardes rouges humilient, frappent et tuent des milliers de suspects sans une intervention de l'armée... Des groupes de Gardes rouges « loyalistes » et « rebelles » s’opposent dans les grandes villes et s’en prennent aux diplomates étrangers dans la capitale.

Mao utilise l’armée et l’unité 8 341, chargée de sa protection, pour reprendre le contrôle de la situation qui dégénère, et 16 millions de jeunes sont envoyés dans les campagnes pour y être "rééduqués" par les paysans. Il clôt la révolution culturelle en 1969, fait le ménage au sein du parti.Cependant, il faut en finir avec des deux acteurs principaux de la mise à l'écart de Mao Zedong. Il fait exclure Liu Shaoqi du parti, il mourra en prison, Deng Xiaoping a échappé de peu à la mort, il fait amende honorable et attend son heure...

3 -le tournant diplomatique Chinois.

le repositionnement géopolitique de la Chine
Si Mao a un certain prestige auprès de jeunes révolutionnaires occidentaux (« maoïstes » de mai 1968 en France par exemple), sa politique étrangère connait peu de succès.

Une seule démocratie populaire s’est ralliée à la Chine : l’Albanie, ce qui en dit long sur l'incapacité de la Chine à fédérer autour d'elle...

En Afrique les Chinois ont des intérêts et une influence en Tanzanie, mais le continent est surtout sensible à l'aide soviétique, en particulier dans les années 1970.
En Asie la Chine a deux ennemis principaux : l’URSS et à l’Inde, ce qui la conduit à se rapprocher du Pakistan, s’éloigner de la République démocratique du Vietnam (proche de l’URSS) que la Chine à pourtant soutenue depuis 1964.
En 1969 les incidents de frontière très graves éclatent avec les soviétiques le long de l’Oussouri, ceux-ci envisagent d’utiliser l’arme atomique et sondent les Américains. Alors qu’en 1967 ces derniers encourageaient les pays d’Asie du sud-est à former l’Asean pour contrer le communisme, les États-Unis vont maintenant chercher à affaiblir l’URSS en se rapprochant de la Chine. Ils ont aussi leurs propres intérêts à défendre, la situation désastreuse au Vietnam est une occasion à saisir pour partir "honorablement"...

- en 1971 l’équipe de Ping-pong des Etats-Unis accepte une invitation en Chine, et la même année H. Kissinger( ministre des affaires étrangères des USA) se rend secrètement dans le pays pour préparer une visite de Nixon( président des USA)
- les USA lèvent leur véto à l’entrée de la République Populaire de Chine à l’ONU qui occupe le siège de la Chine au conseil de sécurité alors que Taïwan est exclu de l’organisation (ce que n’avaient pas prévu du tout les dirigeants américains)

"L'Assemblée générale... décide de rendre tous ses droits à la République populaire de Chine et de reconnaître les représentants de son gouvernement comme seuls représentants légitimes de la Chine aux Nations unies, et d'expulser parallèlement les représentants de Thang Kai-chek de la place qu'ils occupaient illégalement aux Nations unies et dans toutes les organisations qui en dépendent."

Résolution 2 758 (XXVI) de l'ONU, 25 octobre 1971.
- R.Nixon vient à Pékin rencontrer Mao en février 1972.

Les dernières années de Mao
Pendant la révolution culturelle, la situation du pays s’est dégradée : la production a baissé (85% de celle de 1965), les recettes de l’Etat se sont effondrées, la société est déstabilisée (délinquance, absentéisme au travail)
Le Parti Communiste Chinois est divisé entre Les pragmatiques (Zhou Enlai, Premier ministre, Deng Xiaoping) qui veulent relancer l’économie par Quatre modernisations :

- agriculture

- industrie

- science

-technologie et défense.

et Les idéologues, soutenus par Mao : la « Bande des Quatre » proches de sa femme Jiang Qing. Après la mort de Zhou Enlai, en janvier 1976, c’est le ministre de l’intérieur, Hua Guofeng, qui n’est d’aucun des deux clans, qui est choisi par Mao pour lui succéder et qui devient Premier ministre. Deng xiaping est destitué de ses fonctions dans le parti et l’armée.

La succession de Mao
Mao Zedong, meurt le 9 septembre 1976. Sa veuve et la « bande des quatre » sont arrêtés par Hua Guofeng. Celui-ci se veut l’héritier du "Grand Timonier" dont il fait construire le mausolée place Tiananmen. Il a un programme qui s’inspire du volontarisme maoïste, mais, sous pression de dirigeants militaires qui l’ont aidé à éliminer la Bande des Quatre, il doit accepter le retour au pouvoir de Deng Xiaoping en 1977.
Pour améliorer le sort des paysans, celui-ci soutient des initiatives locales de vente libre des surplus agricoles, qui ébranlent le principe de la collectivisation. Il formule son principe du « critère de la pratique » (« tout ce qu’à dit ou fait Mao n’est pas forcément juste, il faut juger d’après les résultats », et invente une formule qui aura un grand succès « qu’importe la couleur du chat, pourvu qu’il attrape les souris »).
Des dazibaos dénoncent Mao et ses excès, exigent une 5e modernisation : la démocratie. Deng Xiaoping utilise ce courant démocratique pour affaiblir définitivement Hua Guofeng et conquérir le pouvoir en décembre 1978.

la période Maoiste de 1958 aux années 1970

II – Réformes économiques , crise intérieure et ouverture internationale (1978-1992)

1 – Les réformes indispensables

• Deng Xiaoping place ses proches aux postes clés (Zhao Ziyang, Premier ministre, Hu Yaobang Secrétaire général du PCC)
Son programme tient d’abord dans les Quatre Modernisations qui sont mises en œuvre en 1978-79.

La priorité est accordée à l’agriculture : les communes populaires sont démantelées, les paysans peuvent exploiter individuellement une partie des terres et en vendre le produit sur les marchés, choisir leur production. La croissance est très nette.

Dans l’industrie, la planification devient indicative pour les entreprises privées, de petite taille, qui peuvent rechercher le profit.
Certaines entreprises d’état obtiennent le droit de former des joint-ventures avec des entreprises étrangères et 4 ZES (zones économiques spéciales, zones franches d’exportation – 1980) sont inaugurées pour gagner des devises et des transferts de technologie ; plus tard ce furent 14 villes côtières, puis 3 régions littorales ; en 1988 toutes les villes du littoral sont ouvertes puis en 1990 les villes des régions frontalières (Russie, Asie centrale, Birmanie, Vietnam)

La 4e modernisation, celle qui concerne le domaine militaire, est de moindre priorité, car il ne faut pas effrayer les partenaires, avancer discrètement. La politique de l’enfant unique annoncée en 1976, est vraiment lancée en 1978,pour permettre l’élévation du niveau de vie.

2 – Les relations avec l’occident apaisées

• Les relations avec l’occident s’améliorent et des relations diplomatiques sont établies avec les États-Unis en 1979, des accords commerciaux, de coopération et culturels sont signés. Deng Xiaoping se rend en voyage officiel aux États-Unis (1979)

En 1984 un accord sur la rétrocession de Hong Kong est signé avec le R-U pour entrer en vigueur en 1997, pour ne pas effrayer les milliardaires de Hong Kong, sur lesquels Deng xiaoping compte beaucoup pour les investissements sur le littoral, il lance la formule, : « un pays, deux systèmes »

C– Le mouvement de la place Tiananmen (1989), un épisode de crise du communisme international ou un mouvement spécifiquement chinois ?

Au milieu des années 1980, les réformes atteignent leurs limites (dégradation de la situation des campagnes qui manquent de capitaux et où le statut encore collectif des terres décourage l’investissement, système irrationnel des prix industriels qui génère une corruption en forte augmentation)

Zhao Ziyang et Hu Yaobang proposent d’intensifier les réformes (libéraliser les prix, diminuer la planification), et soutiennent une évolution vers la démocratie et critique la politique chinoise au Tibet, d’autres proposent un renforcement du contrôle de l’État.
En 1987, Hu Yaobang est limogé. C’est l’option autoritaire qui semble l’emporter en 1989, alors que dans le même temps ,c'est l'autre tendance qui s'impose dans les états socialistes en Europe en particulier. Gorbatchev mène la Glasnost et la Perestroïka en URSS et en Europe de l’est, la Chine, elle choisit la manière forte.
La mort de Hu Yaobang, le 15 avril 1989, assez suspecte, déclenche un mouvement de protestation démocratique des étudiants de Pékin qui se répand dans tout le pays. Gorbatchev, en visite officielle en Chine est détourné des lieux des manifestations par un service d'ordre impressionnant, mais la presse internationale rend compte des événements. 1 000 étudiants commencent une grève de la faim sur la place Tien’anmen.
Le 20 mai, Deng Xiaoping, débarrassé des ses hôtes encombrants, fait proclamer la loi martiale, des chars entourent Pékin mais la foule les empêche de pénétrer dans la ville. Les étudiants érigent une statue de la liberté sur la place, mais dans la nuit du 3 au 4 juin 1989 les chars pénètrent dans la ville et massacrent les protestataires, faisant vraisemblablement plusieurs milliers de victimes. Zhao Ziyang est limogé et placé en résidence surveillée, (jusqu’à sa mort en 2005) Deng ne renouvelle pas son erreur.... A la rentrée suivante les étudiants sont envoyés en rééducation auprès des militaires.

lII – Relance et approfondissement des réformes

A– Poursuivre les réformes et « fuir la lumière » (1989-1992)

Deng Xioaping veut que la Chine poursuive son développement économique, par des réformes de longue durée (un siècle), et dans la stabilité politique, sous le contrôle du parti. Sa succession est réglée entre 1990 et 1993 au profit de Jiang Zemin qui poursuit sur la même voie et fait adopter par le parti le principe de « l’économie socialiste de marché » en 1992. La terme est ambigu, il signifie simplement que le système économique de la Chine est le capitalisme libéral, mais que la direction du pays est assurée par le parti communiste, il n'y a donc pas d'évolution possible vers la démocratie.

En 1997, Deng xiaoping, Le « petit timonier », meurt, il est celui qui a enclencher le processus de libéralisation économique du pays, et qui l'a fait accéder du statut de puissance régionale à puissance mondiale.

Les réformes appliquées aux ZES sont accordées à toutes les régions qui les demandent, les prix sont libérés, un système bancaire moderne est mis en place, les privatisations d’entreprises d’État se multiplient, parfois dans des conditions suspectes, la corruption reste très importante. Les entrepreneurs accueillis dans le parti (2001), c'est une vraie révolution. Ces années sont marquées par une croissance économique record plus de 10% en moyenne sur la décennie 1993-2003...

Le niveau de vie augmente nettement et une classe moyenne d’une centaine de millions de personnes fait son apparition, ce qui reste peu par rapport aux 1.350M d'habitants. Cette catégorie de personnes s’ouvre aux influences étrangères, introduites d’abord par les Chinois de la diaspora ( Hong Kong, USA, Europe), et au mode de vie à l’occidentale (loisirs – 2 week-end de repos par mois – karaoké, tourisme, nouvelles habitudes alimentaires, etc.)

Dans le reste du pays le progrès n’a pas atteint tous les villages dont 25% restent inaccessibles faute de routes, et 80 millions de paysans vivent sous le seuil de pauvreté, recherchant à émigrer vers les villes, mouvements pourtant très contrôlés par les autorités... Ces populations sont souvent celles des ethnies minoritaires, qui gardent leurs spécificités, et restent méfiantes vis à vis du pouvoir central. ( voir Tibet)
Après la répression de Tiananmen, en 1989, c'est l’isolement sur la scène internationale, l’embargo occidental sur les ventes d’armes, la baisse des investissements étrangers et du tourisme, poussent Deng Xiaoping à renouveler sa recommandation aux dirigeants chinois de faire profil bas « en fuyant la lumière et en recherchant l’obscurité ».
La Chine se montre conciliante envers les États occidentaux et ses voisins : pas de véto pendant la 1ère guerre du Golfe, accord de reconnaissance des frontières avec la Russie, ratification du traité de non-prolifération en 1992, participation aux forums de l’Asean à partir de 1993. L'objectif est de faire "oublier" la période précédente...

Cependant elle reste intransigeante sur certains principes : la non-ingérence dans ses affaires intérieures et l’affirmation de sa souveraineté sur Taïwan (refus de toute indépendance et droit de recours à la force armée pour rétablir sa souveraineté sur l’ile)

B – Des ambitions globales (1992- 2002)
Après le départ de Deng Xiaoping , en 1992, ses successeurs (Jiang Zemin) adoptent une « stratégie de grand pays ». En 1996 ils organisent de grands manœuvres navales devant Taïwan et tirent des missiles, lors de la crise du Kosovo en 1999 elle soutien la Serbie, contre les autres nations occidentales, en bref, la Chine assume sa singularité et un rôle qu'elle veut désormais planétaire.

Les ambitions diplomatiques de la Chine en Asie s’affirment et elle renoue des relations avec ses voisins : Inde, nouvelles républiques d’Asie centrale, Russie qui lui vend des armes ( notamment son premier porte-avion nucléaire) et avec laquelle elle met au point le groupe de Shanghai en 1996 (qui est devenue depuis l’organisation de coopération de Shanghai, une stratégie de quasi alliance, en 2001). A l’approche du nouveau millénaire le miracle économique se poursuit (croissance de +10% par an en moyenne entre 1995 et 2005).

la Chine intègre l’OMC en 2001, Pékin est choisi pour accueillir les JO de 2008 et en 2002 Shanghai l’est pour accueillir l’exposition universelle de 2010. L'affirmation de la Chine sur la scène internationale se renforce, et le pays commence à faire peur, d'abord à ses voisins , pour qui l'ambition de la chine pose problème, comme le Japon.

Le pays passe de la 6e puissance mondiale en 2000 à la 2e en 2010, devient le 1erexportateur mondial (2009) et 2nd importateur, forme plus de 800 000 ingénieurs par an et développe des hautes technologies par transferts de technologie (Taïkonaute en 2003, fusée " longue marche" centrales nucléaires, TGV chinois)


En 2002 Hu Jintao, qui doit son ascension à Deng Xiaoping (et à Zhao Ziyang), devient secré- taire général du PCC, puis président de la République en 2003 (réélu en 2008 pour 5 ans) ; considérant que la stratégie agressive s’avère contreproductive en terme d’image, la modèle chinois de développement est mis à mal par des reportages qui montrent le vrai visage de "l'atelier du monde"décide d’un nouveau tournant tactique, les états occidentaux sont désormais dans une posture qui est celle d'une guerre économique, et les accusations contre la Chine se multiplient, contrefaçon, dumping social, protectionnisme, espionnage industriel...

Pour le pouvoir chinois, il s’agit de développer une « société harmonieuse dans un monde harmonieux ».

C – La « montée pacifique » (depuis 2003)

"L’atelier du monde" a les moyens d’avoir de grandes ambitions internationales traduites par le slogan de « montée pacifique » (2003) :

Maitriser les étendues occidentales de son territoire en le sinisant (Xinjiang, Tibet) et contrôler ses abords maritimes (litiges avec les Corées, le Japon, les Philip- pines, le Vietnam à propos des iles Spratleys ou Paracels)
Recouvrer Taïwan : proposition d’une réunification sur le modèle hongkongais : « un pays deux systèmes », ce que refusent les Taïwanais. Les économies sont très liées, interdépendantes (foxconn avec la chine littoral par exemple, Acer....) et personne n’a intérêt à une guerre, en dépit des démonstrations de force des marines respectives...

Entretenir de bonnes relations avec les États-Unis, l’Europe et le Japon avec lesquels l’interdépendance commerciale et financière s’est approfondie est de plus en plus complexe, des points de tensions demeurent très vifs, (excédent commercial et sous évaluation permanente du Yuan la monnaie chinoise, avec les états du Nord, droits de l’homme non respectés, la question du Tibet, Taïwan, les relation avec l'Iran...). L’embargo sur les armes n’est pas levé et la Chine cherche à se doter d'une puissance militaire mondiale, et sous estime de manière chronique les dépenses de ce secteur...pour ne pas alerter les voisins.

Recherche de stabilité dans la relation sino-américaine car la Chine a besoin du marché américain et place ses réserves en bons du trésor US. Les États-Unis ont une supériorité militaire écrasante dans la région Asie-Pacifique, qu’ils considèrent comme leur première priorité pour le XXIe siècle. Ils encerclent toujours la Chine par leurs bases et leurs alliances (Japon, Corée du sud, Taïwan, Thaï- lande, Singapour, Philippines, Inde, Pakistan, Afghanistan, Kirghizstan, Ouzbékistan, une "seconde guerre froide" s'observe donc, mais son centre de gravité s'est déplacé...

L’Europe est considérée de manière plus arrogante, cet ensemble ne semble pas pour les chinois être en mesure de rivaliser avec eux. ( réaction chinoise contre les critiques françaises lors des JO de Pékin et le parcours de la flamme olympique en France, perturbé par des partisans du Tibet) ; elle profite de la crise depuis 2008 pour s’implanter dans des pays périphériques européens : Grèce – rachat du terminal 2 du port du Pirée – Serbie, Bulgarie, mais aussi dans le cœur économique du vieux continent (700 entreprises chinoises en Allemagne emploient 7 000 salariés, une centaine en France) les investissements chinois se font plus intenses, mais sont souvent mal vécus par les européens, ressort ainsi le spectre du "péril jaune" , agité par l’extrême droite européenne par exemple.

Avec le Japon des contentieux historiques et territoriaux demeurent vifs mais les économies sont étroitement imbriquées (10 millions de Chinois travaillent dans des usines japonaises), il reste cependant que les relations sont toujours compliquées, le passif historique est là aussi très pesant...

◦ Développer sa coopération avec les principaux émergents et les puissances régionales :

- Russie (parvenir à établir un condominium sur l’Asie centrale) en passe de réussir, en particulier depuis la mise en place de l'embargo européen avec la Russie, qui se tourne donc vers la Chine...
- Réconciliation avec l’Inde (1ersommet des BRICS en 2009) mais réel contentieux à propos du dalaï-lama
- Liens privilégiés avec des puissances régionales du Moyen-Orient, d’Afrique ou d’Amérique latine (Iran, Egypte, Afrique du sud, Nigéria, Soudan, Angola, Brésil, Mexique, Argentine, Venezuela, Chili). La chine cherche à assurer son ravitaillement en matières premières ,en particulier le pétrole.
La Chine y investit sous forme de prêts qui servent à faire construire des infrastructures par des entreprises chinoises et à consolider ses approvisionnements (acquisition de mines, des exploitations pétrolières et des terres, pratique discutable du land-grabing).

◦ A partir de 2004, se rendant compte que l’influence économique ne suffit pas, (par ex. en Afrique, encore très tournée vers l’Occident) Les chinois développent une stratégie de soft power : instituts Confucius (250 en 2007, en 1 000 en 2020), radios et télévisions internationales diffusés par les box internet...

◦ La modernisation de l’armée chinoise est très nette depuis 1992. Son budget a doublé entre 2000 et 2005 et devait encore doubler d’ici 2015. Estimé à $ 120 milliards (620 pour celui des USA) il est le second au monde, et la Chine se dote d’une flotte de haute mer, d’une flotte aérienne, de missiles et de toutes les dernières technologies se montrent capables de défendre leurs intérêts à l’étranger (elle en a, ce qui est aussi une nouveauté) en 2012, récupération de 20 000 Chinois en Libye, 1er porte avion nucléaire (aout 2012), même s'il est de conception Russe...

Conclusion :

La puissance chinoise effraye aujourd’hui : pour preuve les titres d’ouvrages récents parus sur ce sujet en France : La Chine sera-t-elle notre cauchemar ? (2005), Quand la Chine veut vaincre (2007), Le Vampire du Milieu (2010), L’arrogance chinoise (2011), La visée hégémonique de la Chine (2011)

Elle est accusée d’être un paradis pour la contrefaçon et de la corruption, d’être un concurrent déloyal et d’être à l’origine de la désindustrialisation des pays développés, qui pourtant à bien d’autres causes. On la soupçonne de vouloir bâtir un duopole avec les États-Unis, voire de préparer son hégémonie.

Si le monopole de l’Occident sur une forme de domination du monde est incontestablement terminé, il ne faut pas négliger certaines faiblesses de la nouvelle puissance asiatique :
• son vieillissement : la Chine risque d’être vieille avant d’être riche. Le problème des retraites est épineux (moins d’ 1/4 des ruraux et des mingongs sont couverts contre 90%des citadins)
• la contestation sociale qui se développe et risque de s’amplifier avec les difficultés économiques (ralentissement de la croissance à 7,5% en 2012) ; le pays n’est pas à l’abri de nouvelles phases d’instabilité. La Chine est devenue un des pays les plus inégalitaires du monde (son indice de Gini est de 47, presque autant qu’au Brésil, pays le plus inégalitaire du monde). Les chiffres officiels font état de 200 000 « incidents de masse » (émeutes) en 2010 ayant fait dizaines de morts ! Dont l'origine est parfois nébuleuse...

• La situation de certaines minorités, qui sont les plus pauvres du pays (Hui, Ouighours, Tibétains) recèle un fort potentiel de contestation (émeutes de Lhassa en 2008, d’Urumqi en 2009) Images terribles de moines tibétains s'imolants par le feu sur dse axes de circulation.

• son "soft power" est encore très modeste : son modèle politique et économique (le consensus de Pékin), soit un État-parti autoritaire et une économie libérale, n’est pas exportable et peut-être pas viable en période de crise du monde développé. Le laogaï existe toujours et les exécutions capitales sont très courantes (4 000 en 2011 ?)

• Sa croissance a un fort impact en terme de dégradation de l’environnement : consommation d’énergie trop élevée (son industrie consomme, pour les mêmes fabrications, 50% de plus qu’en Europe) elle est le 1er émetteur de Gaz à Effet de Serre, la pollution et la gestion de l’eau son calamiteux, la pollution de l’air très grave, la déforestation se poursuit et la gestion des déchets est anarchique.

Xi Jinping, nouveau secrétaire général du PCC en novembre 2012, et la nouvelle équipe qui va succéder à Hu Jintao et Wen Jiabao (Premier ministre jusqu’en 2013) auront donc fort à faire, la reprise en main semble en marche avec une campagne de lutte contre la corruption très intense qui est aussi critiquée car dénoncée comme un moyen pour le pouvoir d'éliminer des rivaux...

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